La soirée battait son plein et j'étais toujours seule, au milieu de tous les gens qui buvaient et dansaient au rythme de la musique endiablée. Les pulsations marquées faisaient vibrer les murs et les verres remplis de boisson, posés innocemment sur les tables. Je ne voyais plus Léonie depuis un bon moment déjà et Salomé n'avais pas l'air de vouloir revenir. Inutile de préciser que je donnais l'impression d'être un peu perdue...
La musique jusqu'alors virevoltante et puissante, se mua en un slow lent et tranquille. Beaucoup de couple gagnèrent le milieu de la salle, posèrent leur tête sur l'épaule de leur partenaire respectif et engagèrent la danse amoureuse. Ils déambulaient dans la pièce sans se soucier des regards braqués sur eux et ne pensèrent plus qu'à leur moitié (et aussi à l'endroit où ils mettaient leurs pieds...)
-Tu danses ? Me demanda-t-on alors que je sirotais tranquillement mon énième verre de jus d'orange.
Je manquais de renverser la contenu de mon verre...Décidemment ce n'était pas ma soirée.
-Oh, euh non...balbutiais-je en essuyant le plus discrètement possible la boisson qui dégoulinait le long de mon menton.
Il ria, prit une serviette blanche immaculée en papier et fit le contour de mes lèvres avec :
-C'est mieux non ?
Bon, question discrétion apparemment je pouvais repasser...
-Hum oui merci...Répondis-je en me sentant rougir jusqu'à la pointe des orteils.
Le garçon qui se tenait à côté de moi reposa sa question, un brin impatient :
-Alors, tu danses ?
Mal à l'aise je me dandinais en passant d'un pied à l'autre en fuyant son regard perçant qui me sondait.
- Je ne sais pas danser !
Il afficha un sourire mystérieux et m'attrapant la main me lança :
-Et bah on va arranger ça ! Je ne vais quand même pas laisser une beauté comme toi, toute seule, à boire...il fixa mon verre d'un air étrange, du jus d'orange !
- Je ne suis pas sûre que ce soit une merveilleuse idée vois tu...
J'avais beau eu protester, j'avais atterri sur le dancefloor...
-Dis pas n'importe quoi ! Au fait c'est quoi ton nom ?
Je soupirais...il n'y avait plus rien à faire.
- Emeline et toi ? Demandais-je, curieuse de connaître le nom de mon ravisseur.
-Moi c'est Justin, mais tu peux m'appeler Tin aussi si tu veux ! Me dit il en m'adressant un clin d'œil complice.
Je levais les yeux au ciel et il m'agrippa à la hanche.
-Halte, tu fais quoi là ? M'exclamais-je en me dégageant et en le repoussant loin de moi et de ma hanche.
Il me regarda avec incompréhension et me dit, pas gêné pour un sous :
-Bah, c'est le principe du slow, miss...
Il ajouta :
-Je crois qu'on à plus de boulot que prévu en fait...
Il reposa sa main et je le laissais faire, bien que méfiante.
-Tu fais un geste déplacé et tu te prends mon poing de la figure...Le menaçais-je, plus amusée que sérieuse.
-C'est le slow le plus romantique que je n'ai jamais vu...Me lança t'il en riant.
Je me laissais guider par ses mouvements fluides et les notes vibrantes de la mélodie qui, tellement était douce, donnait à celles-ci la furieuse impression de voler. Je ne vis pas le temps passer et je me surpris même à penser qu'il avait quelque chose de spécial...bien que je désapprouvais totalement sa façon d'emmener les pauvres jeunes filles sans défense dans le bagne musical. Plus d'une fois pendant qu'on tournait sur nous même, je mettais perdue dans ses grands yeux verts et bleus, couleur de l'océan et j'avais admiré ses mèches blondes, claires et fines qui me rappelait tant le sable trouvé à la plage...Sa peau légèrement bronzée, comme si elle avait profité du soleil estival, était parsemée de petites tâches de rousseur délicates. Alors que je ne m'y attendais pas, il déposa sur ma joue puis sur mes lèvres roses un baiser timide qui sonna à mes yeux comme la cadence parfaite de ce moment...
Je m'apprêtais à lui rendre quand je vis Salomé faire irruption comme une furie dans la salle. Elle s'avachie sur la table à côté des gâteaux. Elle avait les joues inondées de larmes et les yeux rougis, gonflés par l'eau salé qui s'échappait d'entre ses paupières clauses. Une jeune fille ,compatissante, vint lui tenir compagnie et la questionna à propos de ses pleurs. Salomé se redressa, lui adressa un maigre sourire, se servit une part de gâteau au chocolat, mordit dedans à pleines dents et se débarrassa du couteau qui lui avait servi à couper sa part dans le torse de la jeune fille qui écarquilla les yeux sous l'effet de la surprise avant de hurler de douleur en essayant tant bien que mal d'arracher l'arme de sa peau. Le sang gicla de sa blessure, une véritable hémorragie qui teinta son chemisier classieux d'une auréole écarlate. Le liquide se répandait à toute allure entre les fibres du vêtement soyeux tandis que le visage de la malheureuse victime devenait blanc comme un linge. Ses joues devinrent d'une pâleur fantomatique et seulement quelques secondes après que sa peau se soit décolorée, elle tomba raide morte en avant, enfonçant un peu plus le couteau dans sa chair. Elle avait les yeux grands ouverts, exorbités qui laissait voir une pupille vide, dénudée de toute expression humaine ou de vie. Il fallut plusieurs instants à la foule pour se rendre compte de l'ampleur du drame. Tout d'abord des cris stridents et apeurés retentirent, puis il y eu un mouvement précipité vers la sortie et enfin, la panique générale car il se trouvait que la porte était fermée à clef...
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Munchausen
HorrorSyndrome de Munchausen, psychologique maternel et schizophrénie adolescente. Il y a des constats étonnants dans la vie du psy. Bien sur, le psychologue connaît ses classifications et les troubles de la personnalité. Il connaît aussi les maladies men...