Munchausen

Chapitre 1

Je me mêlais rapidement à la foule, mes pieds se laissant guider par les pulsations de la musique effrénée qui retentissait dans toute la pièce. Mes amis me saluèrent d'un sourire et d'une tape amicale sur l'épaule, avant d'entamer la discussion. Léonie me servit un verre de jus d'orange et resta un petit moment avec moi. On parla de tout et de rien, ne prêtant pas attention aux blagues stupides des garçons à côtés. Des éclats de rire nous parvenaient de temps à autres, ce qui laissait à penser que ceux-ci avaient trouvés un auditoire, bon public, et que la soirée se passait pour le mieux. La sonnette retentit alors une nouvelle fois et, à peine quelques secondes plus tard, on vit un groupe rentrer, escorté par Léonie qui semblait ravie. Les nouveaux venus étaient vêtus sobrement d'un pull trop large et d'un jean troué, qui laissait entrevoir leurs genoux et leurs cuisses. Ils allèrent chercher un pack de bière à l'endroit où Léonie leur indiquait, l'ouvrirent et commencèrent à boire. Ma meilleure amie semblait en grande conversation avec l'un deux, elle riait niaisement et baissait la tête en rougissant d'un air gêné. Tiens, elle ne m'a rien dit pour celui là... pensais je en la regardant, un sourire étrange flottant sur mes lèvres. Elle surprit mon regard et vira au rouge écrevisse. Elle serrait tellement son verre que je ne craignais qu'il n'explose sous la pression de ses doigts fins. Je l'observais faire, ma foi, elle ne s'en sortait pas trop mal ! Elle rabattit d'un geste sec les mèches courtes et brunes qui lui tombaient devant les yeux. Ses iris, couleur émeraude d'un vert des plus profonds et des plus saisissants, brillaient d'un certain éclat de malice et dévorait du regard le jeune homme qui se trouvait en face d'elle. Ses pommettes saillantes s'empourprèrent et ses lèvres, maquillées d'un rouge à lèvre très prononcé, s'arrondirent en un parfait cul de poule.

- Excuse-moi.

Je sursautais et me retournais vivement. Salomé était là et ses yeux d'un bleu glacial me fixaient avec intensité. Elle m'adressa un sourire timide et poursuivit :

-Désolée, je ne voulais pas te faire peur, seulement discuter... Ajouta-t-elle en riant

-Ah...Soufflais-je un peu gênée par la belle entrée en la matière que je venais de faire.

Un silence pesant s'installa pendant qu'elle entortillonait une mèche de ses cheveux noirs et courts d'un geste absent.

-Sympa te nouvelle coupe de cheveux. Déclarais-je en souriant pour relancer la conversation.

Elle leva les yeux vers moi et rosit légèrement avant de me répondre.

-Merci...A vrai dire je les ai coupés sur un coup de tête. Peut être que j'en avais marre des cheveux longs, lissés sagement et rabattus derrière les oreilles. Depuis la maternelle que je les avais comme ça...Alors j'ai pris les ciseaux et les ai raccourcit.

Ca pour les avoir raccourcit...Pensais-je

Ses cheveux étaient coupés irrégulièrement ce qui leur donnait un petit côté plus indomptable et plus sauvage. Une petite frange s'arrêtait juste au dessus de ses sourcils et Salomé la balayait souvent d'un revers de la main pour la chasser de son front, certainement parce qu'elle la chatouillait.

-En tout cas, ça te va très bien ! La complimentais-je tout en observant le reste de sa tenue.

Elle avait accompagné sa coupe à la garçonne d'une chemise noire quadrillée aux boutons brillants, d'un jean très moulant qui soulignait sa minceur et mettait ses formes en avant, d'une paire de baskets basses neutres à lacets ainsi que d'un chapeau feutré gris, agrémenté d'un ruban rouge bordeaux. Son style vestimentaire sombre faisait ressortir la pâleur de sa peau. Elle ne portait pas d'accessoires, où du moins, si elle en portait, ils étaient invisibles. Je l'aurais vu pour la première fois, j'aurais pensé qu'elle était mystérieuse, voire inaccessible.

Elle me répondit par un hochement de tête, ravie.

-Tu veux quelque chose à boire ? Me demanda-t-elle soudain

Prise au dépourvu, j'optais pour un autre verre de jus. Elle se détourna de moi en faisant pivoter ses talons et ses hanches en un mouvement gracieux, presque dansé. Je la regardais avec attention slalomer entre les invités. Salomé avait une façon de se mouvoir intrigante que je n'avais jamais remarquée jusqu'à présent. Elle attrapa deux gobelets en plastique qu'elle remplit quasiment totalement. Elle revint avec un verre remplit d'un liquide orange, opaque et épais qui semblait d'une onctuosité incroyable et avec un autre emplit de jus très liquide de couleur clair, d'un jaune qu'on pourrait qualifier de pisseux. Elle ramenait aussi une poignée de bonbons plein de liqueur. J'en pris un en la remerciant et pris le temps de le mâcher tranquillement. Délicieux, le jus de fruits également.

On recommençait à discuter de tout et de rien quand, le téléphone de Salomé vibra dans sa poche. La sonnerie retentit alors, se mêlant au vacarme festif et elle grommela en s'excusant précipitamment. Elle dégarpit alors pour trouver un endroit un peu plus calme, me laissant seule avec mon verre en plein milieu de la salle.