Le lendemain, à la table des Serpentards, Pansy jeta un regard pétillant à Draco et lui fit un clin d'oeil, ce qui eu pour effet donner envie de vomir à Draco, alors au beau milieu de son petit déjeuner. Qu'est-ce qu'elle croyait cette conne ? Que ces rumeurs débiles autour des deux entraîneraient un tournant dans sa vie misérable ? Jamais il ne s'abaisserait à sortir avec elle, à lui faire ce plaisir. Ce n'est pas parce qu'ils avaient un certain pedigree que leurs camarades devaient se sentir obligés d'arranger leur accouplement comme de vulgaires étalons.
D'humeur détestable dès le matin, la journée ne s'avérait pas agréable pour Draco ni pour ceux qui seraient malencontreusement sur son chemin. C'était en effet le début officiel des premières vacances que l'héritier Malfoy passerait à l'internat, et ce sans la compagnie de sa garde rapprochée vert et argent. De quoi le mettre dans un état d'esprit exécrable.Au moment de faire ses adieux obligatoires à tous ses acolytes partis pour les vacances, il remarqua que Harry aussi se retrouvait seul sur le quai, après avoir serré Granger dans ses bras. Manifestement, l'embrouille avec Weasley perdurait, Draco n'aperçu ni sa valise, ni sa touffe rousse ou son air bovin. Un léger sourire de satisfaction éleva un coin de ses lèvres.
Mais, aussi étrange que cela puisse paraître, en les regardant se dire au revoir, le blond les enviais de s'entendre aussi bien. Il jalousait Hermione de cette proximité qu'elle avait avec son ami, ce sourire sincère que les deux s'échangeaient, bien qu'il ne pu manquer de remarquer que Harry paraissait encore tendu de la veille et que la fatigue se lisait sur son visage.Alors que le quai s'était vidé, Harry tourna machinalement son regard vers celui qui le fixait du regard et ne réagit même pas en se rendant compte qu'il s'agissait de Draco. Trop crevé, fatigué, rien à cirer. C'est ce qu'il avait l'air de dire en tout cas. Il détacha son regard impassible et se mit à marcher en direction du château, glissant les mains dans ses poches. Draco restait là encore un moment, gêné par ce regard vide, mais avant tout vide de haine ou de mépris. C'était inattendu. Il se sentait tout d'un coup de meilleure humeur, presque tranquille, mais seul malgré tout.
En rentrant au château, il se dirigea vers la Salle sur Demande, pour voir si sa mère n'avait rien envoyé par le biais de l'armoire à disparaître — celle qui se trouvait également chez Barjow et Beurk. Ce n'était pas comme s'il était pressé : les vacances avaient commencé et risquaient de passer très lentement, sans compagnie. Autant prendre son temps.
Depuis le début de l'année, Draco et sa mère entretenaient une correspondance au moyen de ces armoires : elle lui envoyait un objet par semaine, par ordre alphabétique, comme un code secret qui les rassuraient et leur permettait un lien mère-fils privilégié, même dans les temps les plus sombres. Il y avait eu l'arc en ébène, puis la boule de billard sorcier, la colombe... Tous ces objets, Draco les gardait précieusement dans la Cabane Hurlante, là où personne ne le dérangeait jamais. Ces deux lieux lui étaient quasiment sacrés, et lui servaient de sanctuaires de solitude comme il aimait à le penser. Il était terriblement seul.En arrivant devant la Salle, il vérifia qu'il était bien seul dans le couloir et poussa la lourde porte en fer forgé qui se matérialisa devant lui. Le bazar habituel demeurait silencieux et presque un peu hostile, mais Draco se sentait chez lui à présent. Quelques pas tout droit, jusqu'au vieux télescope, puis à gauche, à droite, et enfin l'armoire. La grande armoire noire, usée par le temps et sûrement par le poids de la magie noire qui empreignait le bois grinçant. Il eu une petite déception en constatant qu'elle était vide, mais il pensa Demain..., et se retourna, mais s'empressa de se cacher derrière une pile de chaises, quand il entendit que quelqu'un d'autre était entré. Qui est-ce que cela pouvait être ? Qui d'autre connaissait la Salle ? Sûrement un ancien membre de l'Armée de Dumbledore, mais Draco ne le voyait pas depuis sa cachette. Mais la pile de chaises derrière laquelle il était accroupi s'affaissa un peu sous son poids, et trahit sa présence. L'arrivant demanda d'une voix méfiante :
– Qui est là ?
C'était la voix de Harry. Beaucoup plus soulagé qu'il n'aurait dû l'être, Draco répondit en sortant de sa cachette :
– Ça va, c'est moi.
– Euh...je peux te demander ce que tu fais là ? — Le brun paraissait étonné à son tour, et un peu choqué de la nonchalance de son ennemi habituel.
– Non, tu ne peux pas, mais rien de méchant, si ça peut te rassurer, et surtout rien qui te concerne.Le ton de Harry lui avait rappelé la distance qui les séparait et le blond s'était senti blessé dans son amour propre. Il ne baisserai plus la garde aussi facilement dorénavant, trop penser à Potter lui faisait oublier leur inimitié légendaire. C'était là quelque chose à quoi Draco comptait remédier, mais il fallait que Potter l'y aide, les Malfoy obtenaient ce qu'il voulaient. Et ce, sans ramper en suppliant devant quiconque. Il n'en était pas question.
C'était ça, le plus grand obstacle à un possible rapprochement entre les deux ennemis : leur fierté à chacun. Celle de Harry était moins réputée, il est vrai, mais tout aussi intacte et bornée.Celui-ci jeta à Draco un regard mauvais, et continua :
– Tu sais bien qu'on ne peut pas te faire confiance, vous les Serpentard mentez comme vous respirez. Tout ce que je sais, c'est qu'aucun de nous deux n'est censé être là. Je suppose que tu as finis ce que tu trafiquais ? J'aimerai avoir un peu la paix, là, tu vois ?
Draco s'approcha dangereusement, chauffé à vif par le ton d'Harry, qui s'était fait plus brutal. On le sentait sur la défensive, et le blond n'aimait pas être malmené gratuitement.
- Attention à ce que tu dis, Potter. Pas de mots inutiles. À ce propos...je n'ai plus rien à te dire. Sauf, peut-être, "profite de ta tour d'ivoire", tant que tu me la laisses de temps en temps.
Il n'avait aucune idée du sens exact des mots qui venaient de sortir de sa bouche. Le ton menaçant ne collait pas, le contenu faisait moitié mièvre, moitié énigmatique. Était-il tombé aussi bas ? Le fait est qu'il perdait un peu contenance à chaque fois qu'il croisait le regard de Potter, et son air énervé qu'il ne lui connaissait que trop bien excitait quelque chose chez Draco. Perturbé, il quitta la pièce avec précipitation et passa nerveusement sa main devant sa bouche.
Une fois seul dans les courants d'air du couloir, son pouls ralenti un peu et il put se permettre de marcher moins vite. Dans son esprit, la colère se mêlait à son attirance pour le brun, et cette colère était plus contre lui-même qu'autre chose. Il était furieux d'être aussi faible, d'être incapable de garder son sang froid et de ne pas avoir le contrôle de ses émotions ou de son désir. Les rênes de sa vie lui échappaient et ça lui foutait la chair de poule.
Il reprit conscience de son corps alors que celui-ci terminait tout juste de faire un troisième aller-retour devant l'entrée de la Salle sur Demande. Exaspéré, il décida de rejoindre les escaliers pour se laisser porter par leur danse imprévisible, afin de tuer le temps en se perdant un peu dans Poudlard. Ce n'était pas comme s'il avait des horaires à respecter, excepté ceux des repas sans doute. Et encore, pensa-t-il, depuis quand est-ce que je mange avec Bulstrode ou encore Nott ? Pas de sitôt, croyez-moi, pas de sitôt...
Ce n'est qu'une fois assis à son fauteuil de la salle commune des Serpentard qu'il souffla à fond et que ses traits se détendirent. Le temps de compter jusqu'à 76, il dormait d'un sommeil léger, bien qu'on soit en plein après-midi et que les rayons de lumière verte du Lac Noir que laissaient passer les hublots des cachots zèbraient les murs d'éclats fluorescents. Dans son sommeil, Draco perdait son agressivité et ses lèvres abandonnaient leur pli dédaigneux qui caractérisait son visage. Quiconque aurait vu la vision qu'il offrait en cet instant aurait cru rêver ou bien contempler un tableau dont le modèle aurait été quelque éphèbe anonyme. Heureusement pour lui, personne n'était amené à le voir aussi insouciant dans les quelques jours à suivre.
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Le Rouge et le Vert
Fiksi PenggemarDraco en a marre de ses faux amis, marre de sa famille esclave du Seigneur des Ténèbres, et marre de trouver aussi séduisant son ennemi juré, Harry Potter. Marre de ne rien pouvoir faire contre la guerre qui arrive, marre d'être dans le mauvais camp...