Harry tapotait compulsivement la table de la pointe de sa plume, s'attirant quelques regards réprobateurs parmi les élèves qui avaient décidé de passer leur après-midi à la bibliothèque. Quelle idée, se dit-il, s'avancer sur le programme pendant les vacances. À Hermione il l'aurait pardonné, s'était dans ses veines, mais à eux non. Sans vraie raison valable, soit dit en passant, la raison principale étant sans doute l'humeur irritée de Harry en cet instant précis. Profondément ennuyé par tout ce qu'il essayait d'entreprendre, il avait fini par échouer, pour ainsi dire, à la bibliothèque, où il dressait à présent une liste non exhaustive des passages secrets du château, un vieil exemplaire de l'Histoire de Poudlard ouvert à sa gauche. Vraiment, il devrait avouer un jour ou l'autre la dangereuse influence d'Hermione sur son comportement : il avait faillit sourire en constatant que la quasi-totalité des passages n'y était pas mentionnés, et sentit un instant la supériorité de penser qu'il savait des choses que ce foutu bouquin de savait pas. Et toc, dans ta face barbue, Garius Tomkink. Merde, j'ai réellement pensé ça. Il faut que je me trouve des amis dans la semaine, où on va me croire plus fou qu'on ne le dit déjà.
C'est à ce moment qu'un bruit étouffé se fit juste à sa droite, le tirant de ses rêveries : Neville Londubat, avec sa chance habituelle, avait renversé la moitié de son sac sur la table en voulant simplement le poser. Au milieu de ses excuses marmonnées, Harry l'aida distraitement à ranger ses affaires, quand il se rendit compte que Neville s'était mis à trembler de manière assez mal contrôlée, et que ses gestes se faisaient plus brusques.
— ...Tout va bien Neville ? s'enquit-il, arrêtant son geste pour le regarder dans les yeux.
— Oui, oui, t'en fais pas Harry, je m'occupe du reste, je passais juste chercher un livre de botanique, et euh, non c'est tout en fait...
— Neville ! Harry l'interrompit et, ayant ramassé le dernier objet non identifiable qui s'était échappé de la sacoche en cuir, il décida de prendre les devants (il n'avait pas de meilleure perspective en vue). — Neville, attends, calme-toi. Viens, on va prendre l'air tu n'a vraiment pas l'air tranquille.
Joignant le geste à la parole, il referma l'Histoire de Poudlard (non sans produire un nuage de poussière qui les fit toussoter tous les deux) et entraîna Neville hors de la bibliothèque. Ce dernier affichait une expression fermée mais coupable, comme s'il s'en voulait d'être aussi transparent. Cependant la souffrance se lisait sur son visage, et il ne cessa pas de jeter des regards nerveux autour d'eux tant qu'ils traversèrent les couloirs de Poudlard.
— Tu sais Harry, tu n'est pas obligé de m'aider, en fait, tu ne peux pas vraiment, j'ai juste besoin de temps, tu sais ?
— De temps pour quoi ? Et ne t'occupes pas de ça, je n'ai rien à faire de toute façon, je me fais chier dans ce château ! Je me disais même à l'instant qu'il fallait que je socialise un peu plus, alors tu ne pouvais pas mieux tomber.
Harry ponctua sa dernière phrase par un franc sourire qui parut soulager son ami plus qu'il ne l'espérait. Neville le lui rendit, à l'instant où ils franchissaient les arcades pour sortir au soleil. Le printemps encore nouveau était frais et pas un nuage ne tachait le bleu du ciel, aussi limpide que l'eau lointaine du lac qui reflétait les rayons de lumière, selon la force du vent qui plissait sa surface. Malgré cela, Neville portait son écharpe, aux couleurs de Gryffondor, et ses lèvres étaient gercées. Harry, moins sensible au froid, ne portait qu'un T-shirt sous son gilet bleu délavé. Après un temps d'arrêt, Neville lui répondit :
— De temps pour digérer des nouvelles. Les coups de pute de la vie si on veut, ajouta-t-il avec un sourire triste. Et c'est gentil de ta part, même si tu n'as rien de mieux à faire. Rien ne t'oblige à sauver tout le monde, tu sais ?
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Le Rouge et le Vert
FanfictionDraco en a marre de ses faux amis, marre de sa famille esclave du Seigneur des Ténèbres, et marre de trouver aussi séduisant son ennemi juré, Harry Potter. Marre de ne rien pouvoir faire contre la guerre qui arrive, marre d'être dans le mauvais camp...