Chapitre 1 : Le sort des hommes...(partie 1)

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            Depuis ce décret divin dont plus personne ne se souvient à présent, nous les hommes étions contraints de vivre dans la soumission la plus absolue sous le règne de ces bêtes sans moyen de défense.

             Je me réveille comme chaque matin. En me regardant dans le miroir de la chambre d'eau que je partageai avec tous les autres esclaves, j'aperçus à quel point ce que nous faisons subir aux autres étaient autrefois ignoble. Néanmoins, pourquoi devrions-nous continuer à payer pour un crime qui n'a plus lieu d'être à présent, pensais-je alors. Je me nomme Killian et j'ai 13 ans. Mes parents des esclaves-domestiques servaient un homme-bête, une nouvelle espèce créée par dieu afin de récompenser les bêtes de leur « bienveillance » sur le monde. Quelle connerie ! Mon visage était couvert de bleus et mon corps maigres et mal-nourris était caché sous mes vêtements propres et neufs. Paradoxe, n'est-ce pas ? Oui car notre Maître nommé Gaëlle était un mégalomane, amoureux des belles choses. Il est de la race des renards. Violent dès que quelques choses ne lui plaisent pas, il n'hésite pas à casser ou frapper ce qui se trouve à sa porter. 

Et là qui avance fièrement avec son beau costume, c'est Erdwick, un homme-bête de la race des fennecs. Il est plutôt gentil et consciencieux mais extrêmement sévère dans le travail. C'est lui qui dirige tout ce qu'il se passe dans la maison.

"- Eh, vous ! Nettoyez-moi cette maison et plus vite que ça, me fit l'homme-bête.

- Bien monsieur, répondions-nous en baissant la tête devant lui afin de ne pas le contrarier."

Tous les jours à faire ce sale boulot ! Contrairement à mes parents qui s'occupaient de la préparation des plats, moi j'ai été affecté aux tâches ménagères et autre corvées de la maison. Mais ce travail était pénible, tant que mes mains se gerçaient, et tant qu'elles n'avaient plus de chair à certains endroits, pour cause le détergent ainsi que d'autres produits que j'utilisais sans protection me les rongeaient. Je serrais les dents et continuais mon travail. Puis, je me mis à avoir une pensée pour mon frère, qui depuis la révolte des esclaves il y a trois ans, était porté disparu.

Revenant sur ma tâche principale : nettoyer cette maison. Je l'observais d'un œil émerveillé. Elle était si grande et majestueuse qu'il m'aurait fallu, à moi seul ; et chaque semaine, une semaine entière pour la nettoyer complètement. Autant dire que je passerai le plus clair de mon temps à faire ceci, mais ne n'est pas le cas bien heureusement. Au fur et à mesure que j'avançais dans la demeure, le sol qui était en marbre blanc épousait parfaitement les escaliers qui eux étaient construits en marbre noir, avec pour la rampe en or et argent. Bien que je m'applique à nettoyer cette demeure avec d'autres esclaves-domestiques, ce qui me facilite bien la tâche il faut dire, cela prenait quand même un temps fou pour le faire. Or, je n'avais aucun mot pour décrire la beauté de cette maison. Mais soudain...

"- Eh, toi, l'esclave ! Suit moi dans mon bureau, fit le maître de maison en me pointant du doigt.

- Bien Maître Gaëlle, dis-je innocemment en me levant tout en gardant la tête baissée.

- Qui t'as donné la permission de prononcer mon nom !, hurla-t-il en me frappant.

- Par-don-nez-moi, essayais-je difficilement d'articuler en répondant la bouche en sang. "

Je suivis le maître comme je pouvais. J'avais, par ailleurs, bien pris garde à nettoyer le sang de ma bouche, en ayant à l'esprit que pour lui je ne suis qu'un misérable insecte et non son égal. En le suivant, je remarquais que nous nous dirigions vers une partie de la maison que nous esclaves de tout rang où n'avions pas le droit d'aller sans autorisation du Maître. 

Entre esclaves, nous nous imaginions souvent que c'est là qu'il enfermait ceux qui étaient punis pour avoir désobéi ou encore mal fait leur travail. Plus j'avançais, plus je tremblais de peur en ayant cette fausse idée à l'esprit. Tout d'un coup, le maître s'arrêta devant une porte et l'ouvrit. Il me demanda d'entrer, je m'exécutai. Mais ce que je vis devant moi me glaçait le sang.

Des têtes d'homme empaillé tel des trophées, mon estomac se retournait devant cette immondice et très fortement je me retenais de vomir devant ce spectacle.

"- Tu aimes ? c'est ma collection personnelle. Ma famille à auparavant été chassé de la même sorte que ceux que j'expose ici. Tu dois te demander pourquoi je t'ai emmené ici ? Ne t'en fais pas ce n'est pas pour te transformer en trophée de chasse comme eux. Je souhaiterais te demander à quoi aspires-tu dans la vie, me demanda-t-il en plongeant son regard dans le mien.

- Maître, dis-je fébrile. Je n'aspire à rien d'autre que vous servir, rétorquais-je la main sur le cœur.

- Ah-ah ! Tu es un brave petit. Je souhaiterais que tu viennes dans cette pièce une fois par semaine pour nettoyer. Comme tu as pu le voir il y a beaucoup de livre mais personne pour les nettoyer de la poussière.

- Très bien Maître.

- Ô joie que tu es charmant. A partir d'aujourd'hui, tu viendras et nettoieras cette pièce. Mais tâche de bien faire ton travail si tu ne veux pas les rejoindre."

J'étais tétanisé de peur par cette menace. Lorsque le Maître eut claqué la porte en chantonnant, j'attendis un instant et je m'écroulai sur moi-même tel un château de carte. J'évitais au mieux de lever la tête, car je savais ce qu'il s'y trouvait et cela me terrifiait. Reprenant mon calme, je retroussai mes manches et me mis en condition pour travailler. Dans le couloir une petite porte avec divers produits et matériaux s'y trouvaient. Je pris ceux dont j'avais besoin et retournai dans la pièce pour nettoyer le plus rapidement possible.

Les heures passaient, je terminais avec peine de nettoyer à ce qui semblerait être une bibliothèque. Peu à peu, je voyais le bout de mon travail prendre fin. A l'inverse de mon travail dans la demeure, celui-ci me paraissait plus agréable et moins pénible, dirions-nous ironiquement. Lorsque j'eus terminé, je me félicitais de ne pas avoir vomi une seule fois avec ses horreurs accrochées au plafond.

Après vérification minutieuse de chaque étagère, un livre tomba en s'ouvrant devant moi. Ne voulant pas m'attarder dans la pièce, je le repose et pars. Mais je me remémorais les images de ce livre magnifique. Peut-être aurais-je l'occasion de le lire un jour... C'est le cœur lourd que je referme cette porte et m'en retourne au mien.

An Other Day in the WorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant