Clouds ~ CaptainSwan [AU] (once upon a time)

Chapitre quarante

Ils se tenaient la main pendant qu'on attendait que le nom d'Emma soit appelé. L'attente était interminable, chaque seconde qui passait transperçait le coeur de la jeune femme, qui s'efforçait de ne pas fondre en larmes en s'appuyant sur la présence de Killian. Elle ne pensait pas que ça serait si dur à vrai dire. Elle savait qu'elle aurait mal de devoir abandonner cet enfant avant même d'avoir pu le sentir grandir, mais pas à ce point.

Enfin, on annonça Emma Swan, et ce son bourdonna dans ses oreilles, lui faisant tourner la tête lorsqu'elle se leva. Il allait la suivre, mais elle lâcha sa main et se tourna vers lui.

"Je peux y aller seule?" quémanda-t-elle.

"Emma... Je ne veux pas que tu traverses ça sans moi." répliqua-t-il, posant sa main sur son épaule.

"S'il te plaît? Attends moi ici. Je veux le faire seule."

Il soupira, l'attira à elle pour déposer un baiser sur son front, et elle s'éloigna vers le couloir, rejoignant les salles de consultations. Il la vit baisser la tête, et alors il comprit pourquoi elle tenait à ce qu'il ne vienne pas. Elle ne voulait pas qu'il la voie encore pleurer.

Elle avait beaucoup pleuré, les deux jours ayant suivis sa révélation. Quand ils l'avaient dit à Liam, par exemple, elle n'avait pu contenir ses larmes lorsque son aîné leur avait hurlé qu'ils étaient inconscients et stupides. D'ailleurs, Killian avait été étonné de la réaction de son frère lorsqu'il avait vu Emma se mettre à pleurer. Il s'était immédiatement calmé, et s'était assis à côté d'elle, posant sa main dans son dos avant de les rassurer. Il leur avait dit qu'ils les emmèneraient, qu'il n'était pas trop tard et les avait même remerciés de lui en avoir parler. Killian lui avait ensuite fait juré de ne jamais le révéler à leur mère, et Liam avait acquiescé et avait quitté la pièce, les laissant seuls avec leurs peurs et leurs questions.

L'aiguille de l'horloge avançait avec un cliquetis résonnant dans la poitrine du jeune homme, qui assis la tête entre les mains dans la salle d'attente, se sentait impuissant.

Il avait été trop occupé ses deux derniers jours à s'occuper d'Emma pour réellement penser à tout ça. Mais plus l'idée grandissait dans son âme, plus cela lui paraissait absurde. Absurde, parce qu'il était presque heureux de cette nouvelle.

Imaginer son Emma enceinte de lui, imaginer que la femme dont il était amoureux porte son enfant, comment cela pouvait ne pas le rendre heureux?

Alors pourquoi étaient-ils ici? Pourquoi Emma était dans cette salle, avec ce médecin, si au fond, il voulait ce bébé? Il pensait que c'était mieux pour elle, mais au final, il ne lui avait même pas demandée ce qu'elle voulait. Il le savait, mais il ne l'avait pas entendu dire. Elle avait prétendu être d'accord avec lui, mais il avait vu son regard, il avait compris. Ce bébé, elle le voulait. Il avait choisi de l'ignorer, peut-être par peur, il n'en savait rien.

Il se leva, et sans plus attendre, marcha jusqu'aux salles. Il ouvrit brusquement la porte où il avait vu disparaître Emma, et s'approcha d'elle, assise sur sa chaise, les épaules basses.

"Monsieur vous ne pouvez pas entrer comme ça, ce n'est pas..." lança la médecin, se redressant sur son siège en cuir.

"Je suis le père." la coupa-t-il.

Emma seulement releva la tête vers lui, et il lui sourit, s'avançant encore vers elle avant de venir s'accroupir à côté d'elle lorsqu'elle rebaissa les yeux, venant capter son regard perdu sur le sol.

"Hey, regarde moi." sourit-il faiblement.

"Killian... Qu'est-ce que tu veux? On en a parlé l'autre nuit, ne rends pas ça plus difficile que ça ne l'est." dit-elle, la voix tremblante lorsqu'elle plongea ses yeux dans les siens.

Il prit sa main comme il le faisait si souvent, caressant le dos de sa paume de son pouce. Il chercha ses mots un instant, se demanda comment il voulait lui dire qu'il voulait garder leur bébé, mais rien ne forma une phrase cohérente.

Ne réfléchis pas, bordel.

"Il y a plein de choses que je ne connaîtrai pas Emma." lâcha-t-il.

Elle l'interrogea silencieusement, ne comprenant visiblement pas ce qu'il comptait lui dire.

"Je ne ferai jamais de longues études, je ne deviendrai jamais docteur ou peu importe ce que je voulais faire quand j'étais gosse, je ne ferai jamais de prêt à la banque pour acheter une belle maison, je ne me marierai jamais, je ne voyagerai jamais à l'autre bout du monde, ou même... Je ne sais pas, sauterai en parachute?" énuméra-t-il, et il lui sembla qu'elle était encore plus troublée à présent.

La médecin les observait, ces deux adolescents, en silence, laissant le jeune poursuivre son discours.

"Il y a tellement de choses que je connaîtrai jamais."

Il serra sa main plus fort dans la sienne, et il vit son regard s'animer d'une faible étincelle. Elle ne dit rien cependant, elle se contenta d'un sourire et attendit patiemment qu'il continue.

"Mais je veux que toi tu les vives. Je veux que tu sois heureuse." fit-il, prenant soin d'appuyer sur chaque mot.

Elle entrelaça ses doigts à ceux de son brun, qui releva le sceau que formaient leurs mains liées jusqu'à ses lèvres afin d'y déposer un tendre baiser.

"Si avoir cet enfant est quelque chose que tu veux vivre, alors vis-le."

Elle lâcha un rire parmi les larmes qui perlaient encore de ses yeux, et il ramassa ces trésors humides déposés sur ses joues par la tristesse à l'aide de ses doigts, observant ces belles émeraudes qui semblaient avoir repris leur couleur qu'il aimait tant.

"Vis-le. Pour toi, pour moi, pour cette petite partie de nous." souffla-t-il en désignant son ventre.

Elle rit encore, relâchant visiblement toute la pression qui s'était accumulée ces derniers jours, et elle le prit dans ses bras, le rejoignant à genoux sur le sol. Elle le serra contre lui, le remerciant silencieusement en déposant un baiser sur sa joue. Finalement, il prit juste assez de distance pour pouvoir la regarder et lentement, fit glisser sa main jusqu'à son ventre.

"On va avoir ce bébé. Et quand je ne serai plus là, tu continueras d'avancer avec lui, je vous regarderai de là où je serai, et je serai heureux moi aussi."

Elle lui sourit et hocha la tête doucement, baissant les yeux vers l'endroit où il rencontrait leur enfant.

"J'espère juste que je vivrai assez longtemps pour le tenir dans mes bras." murmura-t-il, ses pensées franchissant ses lèvres inconsciemment.

Elle retourna dans ses bras, et il se rendit compte alors qu'il avait parlé à voix haute. Il lâcha un faible soupir, et presque comme une prière, il dit:

"C'est tout ce que je veux."