Roman's Lily

                L'adrénaline a beau parcourir mes veines, je ne réagis plus. C'est drôle, j'ai l'impression d'être dans une bulle. Autour de moi, c'est la panique totale. Je vois des gens courir dans tous les sens, essayer de se défendre comme ils peuvent. Tout n'est que flou bourdonnant. Comment on en est arrivés là déjà ? Ah oui. J'allais lui avouer mes sentiments, puis il y a eu des coups de feu. Et tout est devenu rouge.

               Une heure de perm, c'est censé être une heure de tranquillité, une sorte d'accalmie bien méritée entre deux heures d'Anglais. Logiquement, j'avais bien fait de choisir cette heure commune à toutes les filières pour lui parler. C'est donc tout naturellement que je l'ai alpaguée alors qu'elle se ruait vers le baby-foot.

              " Lily ! Tu peux venir m'expliquer l'Histoire steuplait ?"

Elle me dévisage de ses grands yeux froids. C'est bon, je t'ai mis un râteau mais t'es pas obligée de me haïr pour autant. En plus je regrette.Connasse. Pardon.

               " Tu te fous de moi j'espère ? Bon, qu'est ce que tu veux savoir ?"

Tu fais la méchante mais tu ne me refuses jamais rien. Je vois les regards que lui lancent ses potes. Désapprobation totale. Ses prunelles vertes dévoilent toujours sa pensée. Elle se dit " T'es vraiment con Romain.". Tu m'as aimé quand même, pour info. C'est que je ne suis pas si stupide que ça.

              Elle souffle, sourit et me suit au troisième étage. Quitte à me faire jeter, autant ne pas le faire en public. Je ne suis pas totalement con non plus, je sais bien ce qui va se passer. Je veux juste pouvoir passer à autre chose. J'ai pas choisi de l'aimer moi. JE SUIS PAS VENU ICI POUR SOUFFRIR OKAY ?

On s'assoit dans le couloir, puis je fais semblant de ne pas comprendre. Elle le sent je crois. J'aimerais juste la garder près de moi un peu plus longtemps avant de me faire tej. Elle soupire de lassitude. Elle menace de m'étouffer, feint de s'en aller.

            "Allez, sérieux, Lily ! M'abandonne pas !"

 Roulement des yeux, regard de tueuse et finalement...

             "Putain je sais même pas pourquoi je t'aide à la base.

             "Parce que je suis formidable et que tu ne résiste pas à mon charme ?"

             Merde, j'aurais dû la fermer ! Elle me regarde vraiment mal là, ça craint. Je sais pourquoi tu es gentille avec moi quand même, tu sais. Tu peux pas t'en empêcher, d'essayer d'aider. T'as peur qu'on te lâche c'est ça ? T'as quoi à combler pour enchaîner les bails sans avenir ? Pourquoi tu m'attires ? T'es bousillée, t'es une boule d'angoisse et en plus t'as une voix cheloue. T'es même pas jolie, tout le monde se pâme devant tes grands yeux verts, moi je trouve que tu ressembles à Morti dans Madagascar. Niveau caractère aussi. Saloperie de pignouse, à bouder dès que je t'envoies chier. Tu vois, j'ai de bien meilleurs goûts d'habitude. C'est comme si je passais d'une bouteille de vin à plus d'un millier d'euros à une briquette de jus de raisin éco+, d'un avion de chasse à une pauvre twingo oeuf là. Pour le coup je comprends vraiment pas ce qui s'est passé. Je me hais de t'aimer. Mais putain je t'aime, salope. J'aime ces tâches de rousseur sur une seule de tes joues, tes cheveux noirs corbeau (même si je préférais blond moi.) toujours attachés en mini ducktail sur le devant. J'aime quand tu commences à bouder ou que tu réclames quelque chose avec cette petite moue que tu penses attendrissante. Meeeerde elle vient de me poser une question. Oh le con j'ai rien écouté. C'est sa faute là, elle a mit un décolleté alors qu'elle a même pas de seins, normal que je les cherche du regard, j'essaie de savoir où ils se cachent.

              " T'as rien écouté en fait. Putain j'vais te faire bouffer ton cahier !!"

Elle fait semblant de me taper avec, pauvre petite jamais elle oserait. Si t'es si énervée, pourquoi tu restes ? L'heure tourne, cette conne elle gaspille son temps avec moi alors qu'elle pourrait glander avec ses potes... Allez j'y vais je lui dit.