Il n'est pas toujours trop tard

PARTIE 2: Désillusion

Il m'observe, visiblement inquiet.

- Oh...ouai. Ouai ouai.Enfin, je...j'ai fait un...un malaise. Voilà, je mens alors.

- Ah.

Alexi n'a pas l'air de vraiment me croire.

- Bon, je rentre...

J'attends qu'il fasse un truc de mec, genre proposer de me raccompagner. Mais non. Je le hais. Il doit me trouver nulle.

J'inspire un grand coup, je crois que je vais mourir de honte. Mais autant mourir fière. Sans plus lui accorder un seul coup d'oeil, je me précipite dans les escaliers. Mes yeux se brouillent légèrement, je me concentre pour stopper les larmes, j'heurte une marche. Me rétame de tout mon long. Il éclate de rire.

- Hey! Décidément! tu t'es pas fait ma...

- Ta gueule! je lui hurle à la figure.

Il est comme les autres. Il se fout de ma poire. Alexi n'est pas comme je le pensais.

- M'enfin, je veux juste t'aider...

- Pourquoi? Personne n'en a rien à battre de moi, d'habitude!

- Quoi? Mais parce que...

- Et pourquoi tu m'as suivie d'abord? Hein?

Il reste sans voix.

- Ben...ch'ais pas...tu sais...

- Tu n'aurais jamais du, je le coupe.

- Mais laisse moi un peu finir mes phrases!

- Tu n'as qu'a parler tout seul alors.

- Te parler à toi, j'ai l'impression, reviens un peu à parler tout seul, de toute manière.

Des larmes de rage et de déception me montent aux yeux.

- P'tain, mais c'est pas ma faute! Je suis une coquille vide, je suis une merde, je suis rien...je sais! Mais ça ne sert à rien de...

Ma vue est désormais totalement brouillée par mes larmes, je chancèle mais me ratrappe de justesse à la rampe. Pars, m'ordonne une voix dans ma tête.

- Laura? Mais n'importe quoi! C'est juste que t'écoutes rien de ce que je raconte enfin! Ça donne l'impression de parler seul, c'est tout!

Allez, tire-toi. C'est qu'un humain débile...poursuit la voix.

- Ah...ça change tout, dans ce cas...je répond, déconcertée.

Alexi demande doucement:

- Tu vas pas bien toi, si?

- Si, si. Je suis un peu fatiguée, en fait. Beaucoup même mais...c'est rien.

Mais CASSE-TOI! hurla la voix.

- Je dois y aller, je reprend. A plus, peut etre..?

- Attends! me hèle-t-il. T'as pas un portable?

- Si...pourquoi?

- Ben, je peux avoir ton num'?

- Oh! bien sûr.

NON! NE FAIS PAS ÇA! LAURA! ce gars n'est pas pour toi...

Ignorant la voix, je le lui donne. Je rentre chez moi, sur un petit nuage.

Toujours pas de message. Nada. Cela fait déjà 22heures qu'Alexi a pri mon numéro.

J'aurais du écouter la voix. Si Alexi ne me parle plus, se comporte en humain normal, j'en mourrai.

Je m'assied sur un des fauteuils de la réception de l' hôtel, déprimée comme jamais. Vide. Un instant, j'envisage de monter et de...voilà. Ça commence par "en" et finit par "finir", tout le monde voit ce que je veux dire, malheureusement. Mais la voix me rappelle à l'ordre: Pas ici! Imagine ton père...NON! Tu PEUX pas Laura! Je te l'interdis!

Raah, d'acc, d'acc, je répond dans ma tête.

À ce moment, je perçois

vaguement une vibration dans ma main. Machinalement je jette un coup d'oeil à mon phone. J'ai un message. Sûrement mon père qui veut que je remonte pour dîner. Je m'en tape. Les yeux dans le vague, je reste ainsi de longues, très longues minutes. De nouveau, mon portable vibre. P'tain il fait chier là papa. M'en fou je reste là. De nouveau un message.

-Rah mais j'arrive merde! je murmurre, terriblement agacée.

Je me lève comme une furie et sprinte jusqu'à l'appart'. Une fois là je hurle:

- Nan mais c'est bon, hein! Pas la peine de t'acharner pour que je vienne, de toute façon, J'AI PAS FAIM!

- Hein! Mais qu'est ce que t'as? demande mon père du salon.

- Tu déconnes ou quoi? Tu m'envoie 3 textos pour que je monte puis tu fais genre que...

- Houlà mais de quoi tu parle là? Je t'ai pas envoyé de message!

- Ah...merde! désolée.

Intriguée, je regarde mon portable dans ma poche de derrière. Ce n'est pas lui. Pas la peine que je me fasse du mal à lire les sms, c'est sûrement des amis du collège. Et je n'en ai rien à faire d'eux.

Je n'ai pas touché mon portable de la soirée, c'est devenu un jeu. La Voix me défiai de ne pas y toucher jusqu'à demain soir. Je voulai la battre, pour une fois.

Jusqu'à la fin de la soirée, le coco avait vibré 8 fois. Je devais avoir environ 7 messages et un appel en absence. Ha ha.

Il est dix sept heures cinquante sept. Le pari prendrait fin à pile. Il me reste trois minutes à tenir. Pour m'occuper, je vais dans la salle de bain puis reviens. Cinquante sept toujours. Je me rend dans ma chambre, prend un livre au hasard puis me réassois sur le canapé du salon. Cinquante huit. Grr. Je lis le titre. L'heure n'a pas changé. Je m'attaque à la première page, ensuite à la seconde. Cinquante neuf. Raaaah! Tu peux touuuuujours abandonner souffle la Voix.

Jamais je réplique.

- Oooooh yeah!! je crie.

Il est piiiile. Je saute littéralement sur mon téléphone. 12 textos, 1 appel en absence. Décompte final: 1 de ma mère ce matin, 2 de ma cousine, 2 d'une amie, 1 d'une looseuse qui me harcèle pour se sentir populaire, 1 de mon opérateur, 1 de mon oncle. 4 de...lui. Et un appel de lui. Il ne m'a donc pas oubliée? Il me parle à moi?