The Author

3.

~Hermès~

Le jeune homme se leva difficilement. Il avait dormi deux heures et n'avait aucune envie d'aller travailler. Après tout, il ne faisait que parler à des adolescents qui rêvaient tous d'être ailleurs. Il regrettait d'avoir demandé à être professeur lors du choix des métiers. Il traîna des pieds jusqu'à sa cuisine. Il versa des céréales dans un bol et mangea. Il réfléchit et se dit qu'il pouvait toujours appeler le lycée pour leur dire qu'il était malade. Malheureusement, il avait déjà menti à ce sujet deux semaines auparavant. Il soupira une nouvelle fois, qu'il le veuille ou non, il devait aller travailler. Il s'habilla rapidement, étant déjà en retard et sortit en trombe de chez lui. Il monta dans le premier bus qu'il vit et arriva au lycée seulement dix minutes plus tard. Il marcha rapidement jusqu'à sa classe et entra. Tout le monde l'attendait. Comme tous les jours, toutes les filles de la classe -sauf une- le reluquèrent et sourirent bêtement. Seule Crystalline ne s'intéressait pas à son physique. C'était son élève préférée, elle était brillante et ne se laissait pas distraire par les choses futiles qu'adoraient les adolescents "normaux". Il posa ses affaires, s'excusa pour son retard, s'assit sur le rebord de son bureau et commença son cours.

-ellipse du cours dont les détails sont inutiles-

À la fin de son cours, les adolescents se dépêchèrent de sortir. Seule Crystalline prenait le temps de bien ranger ses affaires. Elle mit son sac sur son épaule et s'arrêta devant le bureau du professeur.

«Monsieur Pierce ? l'interpela-t-elle.»

Hermès releva la tête et sourit.

«Oui ?

-Comment pouvez-vous croire que l'Auteur n'existe pas ? demanda-t-elle avec une profonde interrogation.

-J'ai bien peur que mon récit soit un peu trop long, je ne voudrais pas vous mettre en retard, mentit-il.»

En réalité, il ne voulait pas en parler. Il avait des idées bien encrées et il était très têtu mais il savait que partager ses idées n'était pas une bonne idée. Lorsqu'il avait des doutes et qu'il voulait partager sa vision des choses avec ses élèves, il se rappelait son ancienne élève, Juliette. Tout le monde disait qu'elle avait eu des conflits avec ses parents, qu'elle avait été profondément malheureuse et qu'elle avait donc choisi de mourir. Mais Hermès avait bien compris que le gouvernement s'était débarrassé d'elle car elle avait des idées trop différentes des leurs, parce qu'elle éveillait des soupçons chez certaines personnes sur certaines choses et qu'elle était trop curieuse. Il était persuadé que Crystalline aussi savait mais il n'avait jamais voulu lui en parler.

«Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, nous savons tous les deux que, même s'il y a une part de vrai, ce n'est pas la réelle raison de votre silence.»

Hermès ne put s'empêcher de sourire. Il croisa les bras sur sa poitrine et se rassit sur son bureau.

«Vous voyez mademoiselle Jensen, c'est pour cela que vous êtes mon élève préférée : vous utilisez votre cerveau.

-Oui, c'est sûr que ce n'est pas dans l'habitude des adolescents écervelés avec qui je partage mes journées, dit-elle, un peu désespérée. Mais ce n'est pas le sujet, est-ce que vous accepteriez de me voir après les cours pour parler de vos croyances ?»

Hermès hésita.

«Retrouvez-moi à 18h30 au café.»

Crystalline hocha la tête avec un grand sourire et sortit de la salle tandis qu'Hermès soupira, se demandant s'il avait fait le bon choix.

-ellipse de la journée de travail d'Hermès-

Il était 18h25. Il avait décidé d'arriver en avance pour ne pas faire attendre son élève mais elle était déjà là quand il entra dans le café. Elle l'attendait depuis un petit moment s'il en croyait le café vide et le deuxième café à moitié entamé devant elle. Il commanda un expresso avec un donut et prit place en face d'elle. Elle sourit.

«Je me suis demandée si vous alliez vraiment venir, avoua-t-elle. Mais vous voilà, en avance en plus, ajouta-t-elle après un rapide coup d'oeil à l'horloge.»

Hermès sourit. Un serveur lui apporta sa commande.

«Alors, que vouliez-vous savoir miss Jensen ? demanda le jeune homme.»