La nuit n'a été ni bonne ni mauvaise. Je me sens pas très bien ce matin. Un peu seule. Triste. Alors Aurore me réconforte. Elle est gentille Aurore. Elle me fait sourire.
Hier à midi on m'a donné mon emploi du temps. Vu que je ne sais pas lire les mots qui sont écrits dessus, Aurore me les a lu et m'a fait un code couleur pour que je puisse savoir ce que j'ai toute seule. Autonomie. Le monstre serait content de savoir ça. Quoi qu'il ne l'ai jamais, content...
J'ai kiné de neuf à dix heures (en jaune), orthophoniste de dix à onze (bleu) et psychologue de quinze à seize heures (rose). C'est pareil tous les jours.
Ici on nous lève super tôt : sept heures. Moi je déjeune en haut et Aurore en bas. «En bas c'est pour ceux qui n'ont pas besoin d'aide» me dit Jade, une aide-soignante. Mais moi je voulais manger avec mon amie !
Après le petit-déjeuner, j'ai dû attendre longtemps assise sur une chaise à côté du bureau des infirmières, parce qu'on faisait le ménage dans ma chambre alors je n'avais pas le droit d'y entrer. Je voulais descendre aux jeux mais tout le monde était occupé et personne ne pouvait m'accompagner. Aurore s'est proposée mais les infirmières ont dit qu'elle était trop petite pour que je sois sous sa responsabilité. Par contre elle elle a eu le droit de prendre l'assenceur toute seule alors qu'on a presque le même âge. Pas juste ! Le monstre y piquerait une colère s'il savait que je pouvais pas être autonome ici.
Je m'ennuie ! Pleins d'adultes passent et je demande de m'emmener mais y répondent tous pareil : «Occupé», «Pas le temps». Je m'ennuie ! C'est long et pénible. Je m'ennuie ! Et puis Mathieu passe, me dit bonjour et quand je lui dis que je veux descendre, il frappe au bureau et prévient les infirmières qu'ils m'emmènent. Oui ! Enfin !
La kiné, même si c'était fatiguant, c'était bien. Jessica est très gentille. Après j'ai eu orthophoniste. Ça c'était dure et fatiguant. Mais on a fait des jeux et j'étais avec un autre enfant. Il s'appelle Théo et il a quinze ans. Aurore et lui sont très amis parce qu'ils ont la même chose. Mais lui n'est pas dans un fauteuil, il marche. Un peu bizarre d'ailleurs. Et il reste pas longtemps. Théo dit que tous les handicapés sont ses amis et que les «normaux» (il a mimé les guillemets avec ses doigts) sont des cons. Il a dit que j'étais son amie. Mais je suis pas handicapée moi, je suis pas comme Aurore. Je suis «normale» moi.
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Le monde de Myra
Ficțiune generalăMyra, jeune fille qui a perdue ses parents. Gustave, grand-père qui l'accueille chez lui. Mais comment accepter la différence de sa petite-fille quand lui n'accepte déjà pas la sienne ? Histoire arrivée deuxième en aléatoire au concours Fruit Cont...