2. Sens

18 0 2
                                    

" On ne sors pas du dôme !"

La voix de ma mère résonne encore dans ma tête et refuse d'en sortir. Je décide de me lever après avoir attrapé une migraine.
Dehors il fait nuit noir, impossible de laisser mon regard divaguer sur le ravage.....
Je prends donc un verre d'eau et quelque chose à manger et je m'installe sur la banquette devant la fenêtre. Il est probablement 3h du matin mais j'ai déjà l'esprit clair comme de l'eau de roche.

Je dois trouver une solution pour aider ma ville, ça ne peut plus continuer !
Un faisceau lumineux attire mon attention, une navette de transport était en cours d'atterrissage : il y en a une tout les 2 mois et une fois arrivée et les vivres déchargés, elle repart aussitôt. Les pilotes détestent cet endroit presque tout autant que moi, mais eux au moins n'en sont pas prisonniers.

Je fixe le spacio-port au loin, si j'essaie de l'atteindre à pied, je mourrais sans doutes dans les prochaines semaines, comme mon père...
Repenser à lui me fait monter les larmes aux yeux, il me manque tellement. Pour lui je dois faire ce que j'ai à faire, je dois aider ma mère car comme moi, elle souffre beaucoup mais elle refuse de le montrer.

Mais même si j'arrivai à sortir d'ici, je ferais quoi une fois là-bas ? Je serais obligée de mendier ? De dormir dans la rue ? Je ne peux pas partir avec de la nourriture et de l'argent, il nous en reste très peu.....
Je pousse un long soupir de frustration, me revoilà au point de départ, super !

Ne pouvant rien faire de plus, je décide de me prendre une couverture et de dormir ici. Quelques minutes plus tard, je sombre dans un profond sommeil.

***

- Leeloo, pourquoi n'as tu pas empêchée ça ?

- Maman ?

Sa voix..... je l'entends, mais est ma mère ? Des gens courent dans toutes les directions je vois des personnes s'enfermer, des enfants pleurer, un jeune homme serre son amie, des femmes tentent de protéger leurs progénitures....

- Leeloo, qu'as tu fais ? Tu viens de condamner ta ville ! Pourquoi ? Pourquoi ?

- Maman ! Où est tu ? Maman ?

J'entends une explosion, la porte blindée du dôme vient de voler en éclats, des 4x4 et des chars arrivent à toute allure sur la route principale.

Je cours dans la direction opposée, les voiture du gouvernement ne viennent jamais ici, jamais.

Une petite fille se trouve sur la route terrorisée, pétrifiée. Quand un des véhicule de guerre menace de la percuter, je me jette sur elle et tente de l'attraper à la volée. Je m'écroule sur la bordure de la voie mais je découvre avec horreur que l'enfant n'est pas dans mes bras, je me retourne et la vois, gisant sur la chaussée...

Est-ce que je viens juste.... de lui passer au travers ? Comme un fantôme ?

Je tente de m'appuyer contre un mur mais je tombe et me retrouve dans une maison. Les gens ne me voient pas, je ne peux toucher, ni aider personne.

- Leeloo......

Ma mère ! Je sors comme une fusée, ne prenant pas la peine de sortir par la porte. Si je suis pareille à un spectre, autant en profiter et passer directement par le mur.

Je cours à en perdre haleine quand un spectacle effroyable s'offre à moi et me coupe dans ma course folle. Des corps criblés de balles jonchent la place  centrale dans une marre de sang. Des soldats satisfaits rechargent leurs armes maintenant prêtes à tirer à nouveau. Dans les rues voisines, je peux entendre d'autres coups de feu.

- Leeloo ! Aides moi !!

Maman ! Je passe de maison en maison, à travers les canapés, les cadavres et les hommes de l'armée. En apercevant mon foyer je redouble ma vitesse. Je passe la porte et entends un tir depuis l'étage.

- Non !!!

En voulant monter trop vite, je rate la dernière marche et tombe sur le plancher face à face avec le visage sans vie de ma mère.

***

Je hurle en me relevant brutalement. Mes yeux s'habituent à la clarté du jour, aucun cadavre n'est présent dehors. Un cauchemar, c'était seulement un affreux cauchemar. J'attends que mon rythme cardiaque se calme et prends la décision de me lever. La pendule du salon indique 9h du matin.

On est dimanche, c'est le jour où le travail n'est pas obligatoire pour moi mais le reste pour ma mère.

Une demi-heure plus tard, une douche m'avait bien replacé mes idées. Je repense à ce cauchemar. Il paraissait si réel, et pourtant tellement impossible. Pourquoi le souverain enverrai t-il son armée  nous tuer ? Il nous aide depuis des années à survivre. Ça n'a pas de sens.

La Bataille des 12 Armées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant