Chapitre 28 De la colère et des larmes

92 5 0
                                    

- Ondine ? Réponds-moi… Ajouta timidement Sacha en faisant un pas de plus dans la direction de la jeune femme.

Ondine, tout en gardant ses grands yeux embués rivés vers le jeune homme, se releva doucement, le dos toujours collé au grand arbre. Psykokwak se mit comme à son habitude derrière ses mollets, marmonnant son nom en se tenant la tête.

- Qu’est-ce… Qu’est-ce que tu fais là ? Demanda-t-elle, d’une voix qu’elle aurait voulue plus assurée.
- Tu me demandes vraiment ce que je fais là ? Répondit Sacha, irrité. Je te signale que tu es partie de chez Cassandre comme une furie il y a plusieurs heures et que je t’ai cherchée partout ! 
- Ne prononce pas son nom ! Fit Ondine, crispée, portant ses mains tremblantes à ses tempes douloureuses.
- Mais ce n’est pas possible… Soupira Sacha, las. Qu’est-ce qui ne va pas chez toi… Bon, allez viens rentrons… Il va commencer à faire nuit. On va soigner tes genoux…

Ondine quitta Sacha des yeux et son regard le dépassa. Effectivement, derrière son ami, le ciel commençait à se teinter d’orange, comme un tableau d’aquarelle dont la peinture aurait dégorgé. 
Sacha avait raison, le soleil se couchait déjà. 
Était-elle donc restée si longtemps dehors ? 
Elle ne s’en était pas rendu compte. Sa tête la faisait toujours souffrir. Elle en avait perdue la notion du temps.

- Vas-y… Murmura-t-elle à Sacha. Je te rejoins dans pas longtemps. Je vais encore rester là un petit peu. J’ai… Besoin de réfléchir encore.
- Non, mais ça ne va pas ? Hors de question ! Tu viens avec moi ! On ne sait pas ce qu’il y a dans ces forêts ! 
- Bah… Rien contre quoi je ne puisse pas me défendre.
- Te défendre ? Dans… Ton état ?

Sacha sentit le regard dur et blessé d’Ondine le traverser de part en part, brûlant tout sur son passage. 
Il aurait simplement aimé pouvoir agiter un drapeau blanc, s’approcher de son amie, la prendre dans ses bras… Mais il connaissait Ondine et celle-ci ne semblait pas avoir changé d’un iota. Ce serait du suicide que de vouloir l’approcher en cet instant présent. Malgré tout, c’est inconsciemment ce qu’il était en train de faire, venant déjà d’effectuer un pas de plus vers elle. 

- Reste-là ! Ne t’approche pas ! Fit la jeune femme d’une voix stressée.
- Mais Ondine… Arg tu me fatigues. Tu es vraiment égoïste !
- Quoi !? Pardon !? Égoïste !? Moi !? Répondit, outrée, Ondine, les poings sur les hanches. 
- Oui tu n’es qu’une égoïste ! S’énerva Sacha, sentant le rouge lui monter aux joues. Tu disparais comme ça sans prévenir ! Sans te soucier de ceux qui s’inquiètent pour toi ! Tu agis comme une gamine ! Sérieusement, quel âge as-tu ? Si tu veux vraiment le savoir, tu m’as fait honte de partir comme ça de chez Cassandre, elle qui nous a gentiment accueilli chez elle !

Voyant le visage d’Ondine se briser comme une poupée de porcelaine à l’évocation du prénom de la jolie brune, Sacha ajouta : 

- Et non ! Je m’en fiche de prononcer son nom ! Au moins elle, elle n’était pas aussi pénible que toi ! Je comprends que Jude ne te réponde même plus, tu es insupportable !

Au fur et à mesure qu’il crachait son venin, Sacha se rendait compte qu’il était allé trop loin et qu’il avait dépassé le point de non-retour. Les paroles sortaient de sa bouche comme des armes d’une guerre qu’il ne souhaitait même pas mener. Ils les voyait partir au combat et toucher à chaque fois un peu plus son adversaire, sans pour autant parvenir à les retenir. Il restait donc ainsi à s’entendre débiter son flot de colère. En fait, à cet instant précis, il était tout aussi immature qu’Ondine et s’en rendait malheureusement bien compte, mais il ne se contrôlait plus, rongé par l’énervement et l’impuissance. 

- Je… Je te déteste… Dit Ondine, la voix chevrotante et la mine maladive.
- Ondine…
- Non, tais-toi, ne dis plus rien. Retourne avec elle, ta Ca-ssan-dre, ajouta-t-elle, en insistant fortement sur chaque syllabe. Tu vois, moi aussi je peux le dire ! Je m’en fiche ! Et laisses-moi ici ! Je t’ai dit que j’avais besoin de réfléchir ! 
- Ah oui tu t’en fiches bien sûr… Effectivement, on ne voit que ça…
- Bien sûr que je m’en fiche ! Si tu savais à quel point les histoires sentimentales de Mr. Sacha Ketchum me passent loin au dessus de la tête ! Cria Ondine, qui commençait à en avoir marre de cette joute verbale sans queue ni tête. 
- Alors pourquoi tu t’es enfuie comme ça ? Prononça Sacha, la tête basse, les yeux rivés sur ses chaussures et le ventre noué.
- Pardon ? Fit Ondine, surprise, de la tournure de la dispute.
- Tu sais, il ne s’est presque rien passé entre elle et moi… Je… Je n’éprouve rien pour elle à part de la sympathie.
- Je t’ai dit que je m’en fichais ! Elle et toutes les autres ! Maintenant laisse-moi tranquille ! 

Fanfic AAMLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant