Les roses se sont fanées

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Cher...

Morceau de papier vieilli bientôt rendu noir de mots, par ma plume,

Qui a-t-il de plus dévastateur que des sentiments qui s'effacent ? Des sentiments forts et poignants ? Ces sentiments qui vous retournent le cerveau et l'estomac ? Qui vous prennent aux tripes et qui vous enchaînent à la personne tant aimée ? Qui vous lient à jamais à un être vil et cruel qui n'a pourtant aucunement choisi de l'être ? Eh bien, la réponse à cette question est : rien. Le monde se peint en nuances de gris. Les oiseaux ne chantent plus. Les voix se sont éteintes. Et vous brûlez. Oui, vous brûlez de l'intérieur. Vos sentiments vous consument. Vos entrailles fondent petit à petit. Votre tête n'est plus que bourdonnements assourdissants. Vos membres inférieurs ne répondent plus. La vie est partie livrer bataille vers d'autres contrées. Il ne reste que feu et désespoir.

Vous fixez un point imaginaire face à vous. Votre esprit est dans le vague. Votre âme a battu en retraite. Vos pensées s'entrechoquent, s'entremêlent et se confondent. De petits sillons salés font leur chemin jusqu'à votre menton, qui, lui, se retrouve, bientôt, trempé de larmes. Mille questions apparaissent sous vos yeux noirs et fatigués, d'avoir trop pleuré. Pourquoi ? Comment ? Où ?... Tant d'interrogations qui ne resteront que cela : des interrogations.

Rage et amertume fusionnent pour ne faire qu'un. La trahison s'insinue dans tout votre corps, coulant à flot dans vos veines bleuies, et envahit votre âme et votre coeur. Une haine sourde et criarde dépose un voile rouge sang sur vos paupières.

Une détresse désarmante, qu'il vous faut évacuer au plus vite. Un hurlement qui grossit au plus profond de vous et qui s'élève dans un plainte déchirante et insupportable. Tel un loup aux abois, votre amour se comprime et se laisse mourir lentement. Terrifiante et maladive, une pensée vengeresse réclame son dû avec violence. Sa main griffue et empoisonnée se referme sur votre coeur, sans pitié. Froide, elle s'empare de vos cendres, pathétique tas de poussière. Toxique, elle piétine ceux qui se dressent sur son passage. Supérieure, elle vous réduit à l'état de créature, animée par la rancoeur.

Les grands poètes louent et chantent l'amour, remède à tous nos maux, mais ils oublient que cet amour est également​ créateur de douleur. Vicieux et malsain, il opère en toute discrétion. Il fait tomber, une à une, toutes vos défenses. Il vous laisse faible et vulnérable. Vous rendant fier et fort, pour mieux vous détruire par la suite. Un jeu de stratégie, déjà joué à l'avance. Echec et mat. Partie perdue. L'amour a ses raisons , que la Raison ignore... La belle affaire. Vous voilà, vous, clamant une indépendance superficielle... C'est une drogue... Un besoin inéluctable, une soif intarissable. Comme l'homme chauve-souris qui, vampire de la nuit, s'abreuve avec précipitation du puissant nectar. Vous vous nourrissiez de Son amour. L'illusion de quelques instants. Précieux élixir corrompu, vous vous délectez avec naïveté du jus de votre propre déchéance.

Miracle d'un jour. Bonheur d'une nuit. Un souffle chaud, des battements de cœur effrénés, un doux murmure glissant au creux de votre oreille. Un frisson, une caresse, rien de bien compliqué. Juste lui et votre amour qui, comme un cocon, vous isole du reste du monde. Autant de sensations et d'émotions qui pâlissent avec le temps.

J'étais amoureuse et puis... Les roses se sont fanées.

- A

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