Tome 5 - Chapitre 6

717 113 65
                                    

Je suis partie
Je suis partie loin de toi mon coeur brisé au fond
D'une poche percée de mon pantalon
Je suis partie à cause de toi mon coeur cassé
A glissé sur la route pour s'écraser
Je suis partie sans toi laissant les morceaux coupant
Blesser ceux qui te succèdent temporairement
Je suis partie pour toi pour moi pour l'instant
De ton dernier baiser sur mes lèvres au goût de sang
Je suis partie.

Je ne me souviens que de la voix de Gauthier qui résonne dans ma tête puis de sa main qui claque violemment sur ma joue et qui me fait perdre l'équilibre. Je m'effondre par terre et c'est le trou noir. Je perds connaissance. Il m'a frappé, ça je l'ai bien senti passé celle-ci. Je l'ai mérité. C'est bien fait pour moi. Comment ai-je pu en arriver à sortir avec Raph ? Je perds le contrôle de tout ce qui m'entoure, et j'ai fait la pire des choses que je pouvais faire. Embrasser Raph. Raph que je sais si fragile... Comment vais je arriver à rattraper cette situation ? Dans quelle merde me suis-je foutue. Comment peut-on tomber si bas. Pourquoi ai-je quitté Gauthier si je n'arrive pas à m'en remettre ?
Ma tête me fait mal. La douleur n'est pas à l'endroit où Gauthier m'a frappé, non, j'ai mal au nez. Je n'arrive pas à respirer. Je m'étouffe des que je ferme la bouche. J'ouvre un œil et la lumière me brûle.
- Gauthier ? appelé-je.
- Camille, bouge pas !
- Edouard ? fais-je en reconnaissant sa voix.
- Oui, ça va, tu me vois ?
- Oui ! Mais j'ai un truc sur le visage, répliqué-je en me touchant une joue.
- C'est un plâtre ! Tu as le nez cassé ! Ne t'inquiète pas ! Tu as été opérée, me rassure-t-il.
- Qu'est ce qu'il s'est passé ?
- Tu ne te souviens de rien ? m'interroge Ed en s'avançant près de moi.
- Si de Gauthier qui me gifle.
- Tu es tombée sur le visage.
- Où est Gauthier ? m'inquiété-je.
- Je ne sais pas...
- Faut que je me lève !
- Tu ne peux pas, m'interdit-il.
- Faut que j'aille aux toilettes !
- J'appelle une infirmière ! dit-il en sonnant et en se levant pour ouvrir la porte.
- Fais pas chier, Edouard ! dis-je en essayant de me lever. J'ai la tête qui tourne, je fais doucement et j'arrive à me hisser vers la salle de bain, en faisant suivre mon goutte à goutte.
Je me regarde dans la glace, bordel, je suis difforme, méconnaissable... Et dans une putain de tenue d'hôpital et par dessus le marché à poil dessous...
En ressortant, Edouard m'attend.
- Ça va ?
- T'as vu ma gueule ? lui balancé-je. Tu crois sérieusement que je vais te répondre que tout va pour le mieux ? Pourquoi t'es là ?
- C'est moi qui ai appelé les secours ! m'avoue-t-il. Mon père n'arrive pas à joindre tes parents !
- Laisse tomber ! Je veux pas les voir ! Je suis majeure et réveillée !
- Faut prévenir quelqu'un !
- Je me débrouille ! dis-je en attrapant mon tel posé à côté de moi.
J'envoie un message à... je déroule mes contacts et je ne sais pas qui prévenir. Pas mes parents, pas Antoine, ni Grégoire et ni Vincent qui est en tournée... Pas Gauthier évidemment, pas Raph non plus... Jack ? Oui, Jack, c'est un bon compromis !
Moi : slt Jack. Je ne sais pas qui contacter. Je suis dans la merde. Peux tu m'appeler ?
Mon téléphone sonne aussitôt.
- Camille ?
- Oui !
Et je lui raconte tout.
- J'arrive ! fait-il sans hésiter.

- C'est bon, Edouard ! déclaré-je pour qu'il dégage de ma chambre.
- Il faut que je te dise quelque chose ! s'avance-t-il vers moi.
- Quoi ?
- Raph est dans la chambre à côté ! m'informe-t-il.
- Quoi ?
- Il s'est battu avec Gauthier !
- Oh putain ! dis-je en me levant pour aller le voir.
Il faut que j'enfile un truc, je ne peux pas sortir comme ça.
- Camille ! L'infirmière arrive, ok ?
-Edouard ! Fous-moi la paix !! l'arrêté-je.
- Je t'accompagne, ok ?
- Où sont mes affaires ? paniqué-je en pensant à Raph.
- Dans la salle de bain !
- Il a quoi, Raph ? demandé-je en enfilant ma culotte et mon pantalon. Je ne peux rien mettre en haut à cause de ma perfusion.
- Un peu comme toi, la gueule amoché et quelques côtes cassées en plus.

En entrant dans la chambre de Raph, sa mère qui est auprès de lui, décide de nous laisser seul.
- Raph ?
- Camille ? fait-il surpris de me voir avec mon nouveau masque. Oh merde !
- Ouais ! Je me suis pas loupé !
- Ça va toi ? s'inquiète-t-il.
- Comme toi !
Je m'assois sur son lit, et je repense à cette putain de soirée.
- Camille ? chuchote-t-il.
- Quoi ?
Il attrape ma main et je n'arrive pas à le regarder dans les yeux.
- Tu vas porter plainte contre Gauthier ?
- Quoi ? fais-je surprise par sa question. Non ! Pourquoi ?
- Les gendarmes le cherchent !
- Mais Pourquoi ?
- Regarde-toi, regarde-moi ! me fait-il prendre conscience que les limites du raisonnable ont été largement franchies.
- Tu vas porter plainte toi ?
- Non !
- Oh, putain Raph, on a sérieusement déconné tous les trois ! avoué-je.
- Ouais ! reconnait Raph amèrement.
- Vous vous êtes battus tous les deux ?
- Non !
- Arrête !
- Il m'a fracassé, c'est tout ! reconnaît-il. Et j'ai pas riposté parce qu'il a eu raison !
- Raph !
- Camille, bordel ! J'aurai jamais du t'embrasser...
- On était bourrés !
- Camille, j'arrive pas à penser à autre chose qu'à toi ! Tu comprends pas ?
- Raph, arrête !
- Je pars à Paris ! me lache-t-il ému.
- Quoi ?
- Mes parents divorcent et mon père est à Paris, je pars vivre chez lui ! m'explique-t-il.
- Et tes amis, ta vie ici ?
- Mes amis ?
- Tu sais que c'est Paul et Valentin qui ont envoyé un message à Gauthier pour nous balancer ?
- Mais pourquoi ?
- Je sais pas ?
- Tu vas laisser Gauthier ?
- Camille, regarde-nous ! m'interpelle-a-t-il. On a tout pété ! Il n'y a plus rien ! Gauthier nous haie ! Toi, tu ne veux plus de lui mais tu l'aimes et moi...
- Alors, tu t'en vas ?
- On pourrait se voir à Paris ? propose-y-il plein d'espoir.
- Raph, tu sais bien que ce n'est pas possible entre nous !
- Camille, il n'y a pas Gauthier à Paris !
- Je vais y aller Raph ! préféré-je répondre afin de mettre un terme à cette discussion.
- Camille, tu as mon numéro ?
- Oui... approuvé-je.
- Prends soin de toi !
- Oh, putain Raph, j'ai tellement mal et je ne peux même pas pleurer !
Il me tire contre lui et nous nous étreignons une dernière fois, jusqu'au retour de sa mère dans la chambre.
- Au revoir Raph...
Il ne me répond pas et se tourne vers la fenêtre pour ne pas me regarder partir.

Dans la soirée, Jack arrive dans ma chambre. À sa façon de cogner à ma porte, je sais que c'est lui.
Je tourne le dos et c'est Edouard qui lui ouvre.
- Camille ?
- Jack, ça va, ok ? essayé-je de le prévenir. J'ai le nez cassé alors je vais me tourner mais ne t'effondre pas !
- Oh bordel Camille ? C'est Gauthier qui t'a fait ça ? Putain, je vais le défoncer !
- Jack ! Ça va, ok ! Ça c'est pas passé comme ça ! dis-je à Jack avant de m'adresser à Edouard. C'est bon ! Je ne suis plus toute seule ! Tu peux me laisser ?
- Ok, je repasserai... me répond Ed.
- Je ne crois pas que ce soit nécessaire !
- Ok ! Je comprends ! finit-il par dire en refermant la porte. Je suis vraiment désolé Camille !

Jack passe la nuit avec moi, il prend le relai sur le fauteuil qu'occupait Edouard. Le lendemain matin, je prépare mes affaires en vue de ma sortie.
- J'ai prévenu tes frères ! lâche soudain Jack.
- Quoi ?
- Écoute Camille, je n'ai pas pu faire autrement ! fait-il un peu gêné. Tu as vu dans quel état tu es ?
- Jack ! Je t'ai appelé toi !
- Je suis très touché ! avoue-t-il. Mais c'est trop grave Camille ! Je pouvais pas te ramener chez toi comme si de rien n'était !
- Mais Jack, ça va !
- Non, tu sais très bien que non ! s'énerve-y-il. Ils arrivent tous les trois !
- Et ça va changer quoi ?
- Ils viennent te chercher, Camille ! Ton père les envoie ! C'est fini !
- Qu'est ce qui est fini, Jack ? demandé-je sans comprendre où il voulait en venir.
- Bordeaux ! C'est terminé ! Tu rentres à Paris ! Définitivement !
- Jack, je peux pas ! Je passe mon bac dans 3 semaines !
Il s'avance pour me serrer dans ses bras.
- Camille, tu sais bien que c'est mieux pour toi ! Tu sais bien qu'il n'il y a pas d'autre solution !

Antoine, Grégoire et Vincent m'ont embarqué dans leur voiture. J'ai baissé les bras et je n'ai pas lutté. J'ai simplement exigé un dernier passage Rue Jean Grondel pour récupérer quelques affaires.

Grégoire se gare devant chez moi.
- La porte d'entrée est ouverte, Camille, me dit Antoine.
- Ah ? jeté-je un regard sur l'entrée de mon appartement.

Antoine et Grégoire descendent. Je suis bloquée à l'arrière de la voiture entre Jack et Vincent qui ne bougent pas.
- Laissez-moi passer !
Jack ouvre sa porte quand Antoine ressort de chez moi, le téléphone à l'oreille.
- J'appelle la gendarmerie ! nous lance-t-il. C'est le bordel total dans ton appart.
Je me précipite à l'intérieur en évitant Antoine qui essaie de me bloquer le passage.
Mon appartement est dévasté. Les chaises du salon ont été jetées sur les murs, la lampe est en travers du passage.
- Camille, descends ! m'ordonne Grégoire. Mais je me rends à ma chambre. Mon ordi portable est explosé contre le mur. Je le récupère en me disant que mon disque dur sera peut-être récupérable. Mon matelas est lacéré par des coups de couteau, et...
- Oh, non !!! Mon piano ! Pas mon piano !!! Gauthier ! crié-je. Pourquoi ???
Grégoire vient me prendre dans ses bras.
- Camille, on s'en va ! C'est terminé ! Allez, viens !
Je ne suis plus rien, il a détruit toute ma vie, mon adolescence, mes rêves, ma passion, tout mon amour et toute notre histoire. Camille Hayer, rue Jean Grondel est morte à cet instant.

Je me laisse guider par Grégoire qui me ramène dehors. Lorsque nous passons la porte d'entrée, je croise le regard sombre de Gauthier assis sur la marche de sa porte d'entrée.

Mes frères et Jack sont à l'intérieur de mon appart. Je me dégage de l'emprise de Grégoire pour sauter sur Gauthier et son sourire sournois.
- Je te hais Gauthier, pourquoi ? Pourquoi tu as tout gaché ? Grégoire comprend à mes cris que le coupable de toute cette merde est devant lui. Il me propulse contre le mur pour bondir le poing en l'air contre Goth.

Mes autres frères qui m'ont entendu crier s'approchent de moi. Jack et Vincent me saisissent pour m'installer à l'arrière de la voiture d'où je vois Antoine et Grégoire coller une raclée à Goth pour sceller définitivement cette histoire.
- Gauthier ! Gauthier ! pleuré-je en le regardant se débattre sous les coups de mes deux frères au travers du pare-brise arrière.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
C'était le dernier chapitre de la rue Jean Grondel...
Et pourtant il reste encore 4 chapitres dans le Tome 5 😱
Désolée de publier un peu en retard aujourd'hui.
Bisou bisou

GrondelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant