Grondel

Tome 1 - Chapitre 8

Aujourd'hui.

Paris. Une chambre d'hôtel.
Allongée sur un lit, je résous mes exos de maths. Seule solution pour éviter une catastrophe, j'ai fuit : ma prof, Edouard et Gauthier.
Je suis lasse. Je ne retournerai pas à Bordeaux avant la rentrée des vacances de Pâques.
Je suis malhonnête, menteuse, insolente, triste à pleurer.
Mon téléphone sonne : Gauthier. Je réponds ? Je ne réponds pas ? Je réponds ? Vite, il faut que je me décide. Panique.
- Allo.
- Camille ? Me demande Gauthier.
- Oui.
- Qu'est ce qu'il se passe ?
- De quoi tu parles ? Dis-je.
- Ton appart est fermé depuis 15 jours. Tu ne vas plus au collège ?
- Si. Enfin, pas pour l'instant !
- Camille, j'ai eu peur, que tu ne reviennes jamais !
- J'ai besoin de faire le vide.
- Tu es où ? Veut-il savoir.
- Paris.
- Tu rentres quand ? demande la voix tremblante de Gauthier.
- Je ne sais pas. Il faut que je te laisse.
- Juste un dernier mot.
- Non, je ne préfère pas, insistai-je.
- OK, reviens-vite.
- Je ne sais pas.
Je raccroche.
Je ne sais plus où j'en suis.
Edouard.
Peut-être que j'aurai préféré que ce soit lui qui appelle.
Il est amoureux d'une fille qui en aime un autre : il m'aime et moi, j'aime Gauthier. Qui l'eut cru ? Edouard, le garçon qui séduit toutes les filles. Il n'a qu'à piocher dans la masse, choisir la pétasse qui lui plait, la jeter et en prendre une autre...
Je me sens si dissemblable des filles avec qu'il a l'habitude de sortir. Elles sont toutes plus belles les unes que les autres, sophistiquées, maquillées, fashions, superficielles au possible et surtout plus âgées et expérimentées que moi.
Comment cela a-t-il pu se passer ? Edouard, tout est si compliqué depuis qu'il m'a embrassé. Mes sentiments sont troubles.
Pourquoi, il n'appelle pas lui ?

...Je suis toujours dans cette fichue chambre d'hôtel...Je tourne en rond, mon portable à la main. Il est 23h53. J'ai des idées noires plein la tête...

J'allume mon ordinateur...Je tombe sur la page d'accueil Messenger... Je jette un dernier coup d'œil à mon téléphone qui ne sonne pas... Je n'en peux plus de patienter. Je n'ai jamais céder à qui que ce soit, même pas à Gauthier, mais ce soir, Edouard triomphe : je lui envoie un SMS : « RDV sur Messenger »
A peine quelque secondes plus tard, le voici qui se connecte. Soulagement !
Edouard dit : Slt Camille
Camille dit : Slt
Edouard dit : Je n'ai qu'1 truc à te dire
Je pense que notre conversation commence mal...
Camille dit : Oui ?
Edouard dit : Jte promets que je ne t'embrasserai + jamais.
Je suis complètement bouleversée par sa résolution, totalement contrariée par ces mots. J'étais prête à toutes les concessions mais...
Camille dit : Pk ?
Edouard dit : Parce que j'attendrai que tu le fasses
Edouard veut que je l'embrasse ! Je suis trop craintive pour assouvir son désir. Mais que croit-il ? A quoi s'attend-il ? Et, maintenant voilà qu'il se déconnecte. Je suis désespérée...
Il faut que je rentre à Bordeaux !

Hier

Avec Raphaël, Clement et Gauthier, nous nous retrouvons chaque soir après les cours. Nous avons pris nos quartiers dans le petit bar en face de notre école.
Nous faisons des parties de baby-foot avec nos copains de classe. Parfois le patron consent à nous vendre des bières, surtout quand il est sur que nous n'avons pas cours après, il nous laisse même fumer à l'intérieur...
Il y a des 3ème qui fument des pétards et Gauthier a réussi à s'intégrer dans leur groupe.
- Qu'est-ce que tu fous avec eux ? Lui demande Clement.
- Rien, c'est des potes ! Vous voulez fumer ? Nous demande-t-il en nous montrant un joint qu'il cache entre ses doigts.
- Gauthier ! Tu déconnes sérieux, là ! Dis-je en quittant le bar sans l'attendre.
- Camille, ça va ! C'est pour déstresser ! Dit-il en me poursuivant avec sa mobylette. Monte !
- Va te faire voir ! Dis-je.
- Allez ! Insiste-t-il en prenant un petit air d'enfant battu.
Je monte derrière lui. Il démarre comme un fou. Arrivée devant chez nous :
- Je te préviens, je te fais toujours la gueule ! Dis-je en lui tournant le dos.
- Je te préviens, je passe le fumer avec toi apres manger !
- Connard !
Il éclate de rire.