Chapitre 4

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Il pointa soin index et son majeur vers ses yeux puis les dirigea vers la jeune fille, l'air sérieux. Ce signe était apparemment universel, et Tara l'avait bien compris. Il la guettait.


La jeune fille déglutit péniblement. Elle se retourna, faisant semblant de n'avoir rien vu et accéléra le pas. Ses amis la suivirent sans poser de questions. A vrai dire, ils n'avaient même pas remarqué l'angoisse de leur amie, trop préoccupés par leur petit monde. Ils continuèrent ainsi leur route jusqu'au manoir où vivait Tara. Là, ils traversèrent le jardin infestés d'êtres semblables à Robin. La jeune fille ne daigna même pas lever les yeux vers eux. Tête baissée, elle continua son chemin rapidement, ne voulant pas se faire repérer.Elle gravit les marches du perron une à une, poussa la lourde porte en chêne qui tourna sur ses gonds dans un léger grincement, donnant vue sur le hall d'entrée et l'immense escalier en marbre, juste devant elle. Tara ne prêta pas attention à cette vision qui lui était à présent si familière. Elle monta les marches, traversa un long couloir aux nombreuses portes. Arrivée au bout, elle pénétra dans la bibliothèque. C'était là qu'elle passait le plus clair de son temps. La jeune fille adorait lire. C'était un moyen pour elle d'échapper à son quotidien ennuyeux, de voyager vers des contrées lointaines et merveilleuses. C'était sa propre caverne d'Alibaba.Elle traversa la pièce, circulant aisément dans ce labyrinthe qu'avaient formées les étagères remplies à craquer de livres en tous genres et s'arrêta devant une cheminée colossale. Un grand écran plat avait été fixé juste au-dessus, relié à des consoles de jeux. Elle donna les télécommandes à Fabrice, Jérémy et Betty, leur ouvrit l'armoire où elle stockait tous ses jeux puis leur dit:

- Faîtes comme chez vous. J'arrive tout de suite.
- Mais... on était pas censé regarder un film ? lui demanda Betty.
- ...Si ! Bien sûr ! Mais en attendant que j'arrive, je vous laisse patienter avec ça. Je n'ai pas envie de rater le début du film que tu auras choisi...
- OK. Mais vite quand même ! lui lança Fabrice tandis que la jeune fille rebroussait chemin.

Elle dépassa les bibliothèques disposées entre d'immenses portes fenêtres qui laissaient la lumière pénétrer en abondance puis la fresque qu'elle avait peinte elle-même sur le mur situé juste derrière les tables de travail, jonchées de manuscrits, parchemins, et outils comme un compas, des équerres, des stylos, une plume et un encrier, une mat-monde et bien d'autres choses encore. Mais Tara ne put s'empêcher d'être surprise face à ce décors qui lui était si familier. Là, assis non nonchalamment sur une chaise, les pieds chaussés de bottes, croisés et posés sur une des tables, se trouvait Robin. Mais que diable faisait-il ici ?

L'adolescente ouvrit la bouche pour contester sa présence mais aucun son ne sortit tellement sa stupeur était grande.

- Mais que faites-vous là ?! parvint-elle tout de même à chuchoter.
- Tu peux me tutoyer tu sais. Je ne suis pas beaucoup plus vieux que toi... Tu crois que tes amis accepteraient que je vous rejoigne ? répondit-il, un sourire narquois aux lèvres.
- Vas-t'en d'ici ! Il ne faut surtout pas qu'ils te voient !
- Et pourquoi pas ?
- Non mais tu t'es vu ? continua-t-elle. Vas-t'en d'ici ! Tu n'as rien à faire là !
- Et comment comptes-tu t'y prendre ? demanda-t-il sans même prendre compte de la pique de Tara.
- En faisant appel à ma grand-mère. Et crois moi, elle se fera un plaisir de te botter les fesses ! Allez ! Vas-t'en !
- Isabella est au courant de ma présence...

Ils avaient chuchoté durant toute leur conversation. La jeune fille n'en croyait pas ses oreilles. Pourquoi sa grand-mère aurait-elle accepté cette personne dans sa maison alors que, il y a à peine quelques heures, elle lui avait formellement interdit de parler à des gens de son...espèce ? Pourquoi ce soudain revirement de situation ? Il fallait qu'elle obtienne des réponses.

- Suis-moi, lui fit-elle dans un signe de tête.
- Tu m'emmènes où ? Dans ta chambre j'espère..., questionna-t-il.

Tara se retourna brusquement et leva la main pour lui asséner une gifle. Mais il attrapa son poignet au dernier moment, la tirant vers lui, forçant leur deux corps à se rapprocher. Leur visage étaient extrêmement proches l'un de l'autre. Cependant, il avança encore et chuchota, un sourire victorieux sur les lèvres mais les sourcils néanmoins froncés, trahissant le duel de sentiment qui se tenait en lui:

- Ne recommence plus jamais...

L'adolescente reprit brusquement son poignet et se retourna, la tête haute. Elle descendit les escaliers d'un pas décidé, Robin sur ses talons. Une fois en bas, elle traversa le couloir, passant devant les portraits de personnes (qui devaient être ses aïeuls) et qui ornaient les murs. Arrivée devant le bureau de sa grand-mère, elle entendit des voix provenant de l'intérieur.


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- Ne t'en fais pas. Il trouvera un moyen pour lui parler seul à seul, rétorqua Tand'ilus, victorieux.
- Et comment se fait-il que votre fils soit déjà sur Terre ? Il ne devait arriver que dans quelques jours ! se plaignit Isabella.
- Ce serait tout de même dommage qu'elle ne passe pas son anniversaire avec son Naouldiar... Non ?
- Ils ne sont pas Naouldiars ! rectifia la vieille femme en insistant bien sur l'avant dernier mot.
- Mais ils le seront bientôt ! Et que vous le vouliez ou non ! commença à s'impatienter Tand'ilus.
- C'est ce que nous verrons ! Et...

Isabella n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'une jeune femme entra dans la pièce en trombe. Elle avait à peu près une trentaine d'années, de longs cheveux bruns bouclés qui encadraient son visage aux traits fins, illuminé par des yeux couleur noisette en forme d'amandes.

- Maman, enfin ! Arrête un peu de contrarier Tand'ilus et signe ce maudit papier !
- Sé...Séléna ?! balbutia l'intéressée, abasourdie.


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Arrivée devant le bureau de sa grand-mère, elle entendit des voix provenant de l'intérieur. Celle de sa grand-mère montait très haut dans les décibels, montrant son agacement...ou plutôt sa colère. La jeune fille voulut frapper mais Robin la retint par le bras:

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Avoir mon père et ta grand-mère dans la même pièce, c'est déjà dangereux. Mais si en plus ils se disputent, il faut instaurer un périmètre de sécurité d'au moins trois kilomètres.
- C'est ton père qu'on entend ? questionna-t-elle, doutant encore de Robin.
- Oui.
- Alors raison de plus pour y aller !
- Non mais ça va pas ?! Serais-tu suicidaire ?!
- Non. Mais si je vais me plaindre de toi auprès de ma grand-mère devant ton père, on a de plus grandes chances pour que vous partiez ! répondit-elle, fière d'elle.
- Pfff... Ces femmes ! soupira Robin.
- Je ne pense pas que ce soit vraiment une façon de s'adresser à son Naouldiar, dirent en chœur deux femmes brunes d'une trentaine d'années.
- Pardon ? Est-ce qu'on se connait ? demanda l'adolescente, sur la défensive.
- Pas encore mais ça ne saurait tarder, répondirent-elles en chœur une nouvelle fois.

Sur ce, la femme aux yeux noisette et vêtue d'une espèce de robe bleu et argent échancrée de chaque côté entra dans le bureau de la grand-mère de Tara.


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 Encore un nouveau chapitre de terminé ! Quel est votre avis ?

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