Premier Chapitre

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Je suis seule. Dehors. Et j'ai froid. Je n'ai pris qu'un sac à dos dans lequel j'ai fourré un livre, une bouteille d'eau, mon téléphone, un chargeur, un porte-feuille et les objets auxquels je tiens le plus : une peluche, de vieilles photos et un vieux gilet tout abîmé mais qui appartenait à ma mère...

Il doit être 22h et je suis presque arrivée à la gare. Je commence à courir pour me réchauffer et ne plus penser à ma vie qui vient de s'écrouler. Je cours jusqu'à être devant la gare. Je m'arrête devant la façade. "Sois forte Pomme, tu dois partir, tu n'as plus rien à faire ici".
Même tard, la gare de Lyon est pleine de vie. J'observe l'écran sur lequel sont affichés les prochains trains : Perpignan, Genève, Marseille, Nice... Nice. Je regarde l'heure de départ : dans 12 minutes. Je peux l'avoir si je me dépêche alors je sors ma carte de train avec un des fichiers que j'ai pensé à prendre avant de partir. Mon père travaille comme contrôleur, j'ai une douzaine de trajets gratuits par ans. Comme je n'en utilise que très peu, il m'en reste une trentaine. J'inscris la date sur le billet et le composte.

Encore un dernier coup d'oeil en direction du panneau : Quai n°5. Je regarde mon téléphone : 7 minutes avant le départ, il faut que je file ! Je ramasse mon sac et me dirige vers les escaliers, les yeux rivés sur mon téléphone : 28 appels manqués de mon père et tout autant de messages. Je pile net. Mais comment a-t-il pu remarquer mon absence aussi vite ?! Soudain, quelque chose me percute et je tombe par terre, ce qui me sort de mes pensées. Quelqu'un se trouve debout à côté de moi et me regarde.
C'est un garçon, la vingtaine, plutôt grand et dont les cheveux châtains clair et bouclés entourent le visage.
je grommelle :
- T'aurais pas pu faire attention ?
Il me regarde, interloqué puis me répond avec un accent anglais très subtil :
- Navré, mais ce n'est pas moi qui fonçait tête baissée, les yeux accrochés à mon téléphone !
- Peut-être mais n'empêche que si toi tu regardais devant toi, tu aurais dû me voir et éviter de me rentrer dedans !
Il me regarda et répondit d'un ton narquois :
- Et rater l'occasion de faire la connaissance d'une jeune fille aussi agréable ?
La colère me gagne : "mais pour qui il se prend celui là ? " Je ramasse alors mon téléphone et me dépêche avant de rater ma seule porte de sortie : ce train. Je ne me retourne même pas pour voir celui qui va bouleverser ma vie.

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