Chapitre 1

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Georges

L'insupportable sonnerie de mon réveil me fait sortir des bras de Morphée en sursautant. Celle-ci m'annonce qu'une nouvelle journée interminable m'attend. Je soupire. Les larmes me montent aux yeux. Je donnerais tout pour rester dans mon lit à bouquiner tranquillement et ne pas croiser toutes les personnes du lycée. Je pense que je commence à être agoraphobe, je fuis les lieux publics en permanence.

Je me lève tout de même, encore engourdie par le sommeil qui me fait bâiller sans aucune classe. Je me dirige d'un pas lourd dans la salle de bain, histoire d'arranger ma tête pitoyable du matin. Je soupire en voyant mon incroyable touffe de cheveux bruns, et je ressens toujours le même pincement au cœur en voyant mes deux yeux.Et je repense à mon prénom. Georges... Putain... Georges, quoi !Mes parents ne pouvaient-ils pas tout simplement m'appeler Katy, ou même Mary ? Il fallait absolument qu'il me donne un nom masculin ? Que leur était-il passé par la tête à ce moment-là ? Étaient-ils complètement saouls ? Ou alors ils se disaient tout bonnement : « Tiens, nous allons ridiculiser notre fille en lui donnant un prénom qui date de 1900 et qui est pour homme ! Génial ! » J'adore mes parents. Comment les présenter...

D'un côté, nous avons Lauren, 40 ans, ma très chère mère. J'ai hérité d'elle mes ondulations indomptables, merci maman. Elle est infirmière dans le petit hôpital de notre ville. C'est une femme très dynamique (trop), à fond sur le mode « je suis une mère poule », elle me prend toujours pour sa petite fille qu'il faut choyer, alors que j'ai 16 ans. C'est insupportable. Mais je l'aime, elle est toujours à l'écoute, elle sait que j'adore le gâteau au chocolat et que mon roman préféré est Orgueil e tPréjugés de Jane Austen, et.. Que je n'ai pas d'amis.

Bref,passons. C'est un peu gênant.

D'un autre côté, il y a mon père, Christopher, 43 ans. Pour les petits curieux, il est facteur. Ouais, je sais, pas très chic, je l'avoue.Mais, il aime ça. Il adore lire les cartes postales que reçoivent les gens. En un mot : Pathétique. Je ne suis pas très proche de lui, pas qu'on se dispute, non non ! Ce n'est pas ça...Juste que déjà que je ne suis pas bavarde, alors là, c'est le silence complet. Il ne doit pas l'apprécier, mais au moins, il ne me le montre pas, ça, je l'en remercie.

Et enfin, la tornade, l'ouragan, le tsunami, mon frère... Joshua, aliasJosh. Pourquoi il n'aurait pas hérité d'un prénom de filles, lui,bon sang ?! Il a 14 ans. Et en toute sincérité, je n'ai jamais vu un adolescent aussi pénible que lui. Il est constamment en train de me titiller, pour me faire exploser. Il aime me voler mes livres pour se les mettre sur la tête, les éparpiller dans la maison... Il sait pertinemment, ce jeune homme, que cela me met particulièrement en rogne, c'est le cas de le dire.

Enfin,tout ça pour dire qu'être chez moi n'est pas de tout repos.

J'enfile un jean simple et un chemisier blanc avec de la dentelle. J'attache comme je peux mes cheveux en un chignon désordonné et me maquille légèrement, n'assumant pas mon visage. Je descends aurez-de-chaussée illuminé par le lever du soleil pour me rendre dans la cuisine, où une douce odeur de café embaume l'air. Mes parents sont déjà partis, c'était Josh qui en boit. Étrange pour un adolescent plutôt rebelle comme lui de boire la même boisson chaude que mes parents. Je prends des fraises que je lave rapidement et m'empresse de manger, avant de chiper quelques biscuits. Je sors de la pièce en donnant une petite claque affectueuse derrière la tête de mon frère. Il grogne. Il est de bonne humeur dès le matin, ça se voit à sa tête déprimée. Hum... C'est moi qui dit ça, alors que c'est MOI la déprimée, ici. Je me mords la lèvre nerveusement et enfile ma paire de Converses noires et m'arme de mon sac de cours,puis je sors. L'air frais me caresse avec douceur le visage. Pour un mois d'Avril, il fait relativement chaud ! Je croque dans mon cookie et m'aventure dans le quartier pour aller à mon arrêt de bus. Je déteste à un point inimaginable prendre le bus. On est toujours serrés, parfois assis à côté de quelqu'un qu'on ne connaît même pas. C'est horrible, je trouve. Des garçons peu fréquentables fument toujours à l'arrière je ne sais quoi (je ne préfère même pas savoir). Ce matin, tout le monde est regroupé sous l'abri-bus. Je soupire. J'aurais bien aimé m'asseoir sur le banc pour lire quelques minutes. Des personnes s'écartent un peu, et je peux donc apercevoir un visage qui ne m'est pas familier. C'est un type à la peau bronzée, cheveux noirs en bataille qui lui retombent sur le front. Il est plutôt grand, je dirai bien un bon mètre quatre-vingts. De loin, je ne distingue pas la couleur de ses yeux.Oui, je suis très attachée à savoir à quoi ressemblent les pupilles des autres. Tout le monde a l'air de l'apprécier. Il a la côte tout de suite, celui-là :toutes les filles sont déjà en train de roucouler autour de lui, et en toute première : Gianna, la « populaire » du lycée, avec sa bande de copines horribles : Camilia, Martina,Della et Lucy. Je ne peux pas les voir, et elles non plus, nem'aiment pas. Et enfin, la bande de mecs « irrésistibles »,les joueurs de basket, les « Crossfits Players ». Beurk,beurk, beurk et re-beurk ! Je ne supporte pas toute cette bande de crâneurs prétentieux. Autant mourir que de devoir traîner avec ces ... gens.

Je t'offrirai les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant