Le Jugement

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<<   Je marchais continuellement depuis 5 bonnes minutes. Le bruits de mes pas me faisaient un drôle d'effet. Le silence ambiant devenait pesant au bout de 2 jours. Je gardais une vague notion du temps grâce au magnifique et très rassurant compte à rebours rouge sur la paroi de la sphère. J'étais incapable de me mettre au travail, l'idée qu'il s'agissait sans doute de la dernière chose que j'accomplirai dans ma vie, me terrifiais, et je voyais le fait de ne pas commencer le travail comme une manière de retarder l'inéluctable. J'étais dans ma prison de verre, suspendu dans l'espace et le temps, et la mort me serait refusée sans mon enveloppe corporel vieillissante.

Petit à petit, l'idée de l'éternité m'effrayais et j'hésitais. Après tout, ne l'avaient-t-il pas mérité ? Tous ses égocentriques ? Tout les riches exploitants les pauvres ? Rien ne s'améliorerait pour eux, même une fois Le Programme reconstruit. Les puissants continueraient de convoiter toujours plus de pouvoir, et ainsi convoiterait Le Programme, causant toujours plus de souffrance. Ne méritaient-t-ils pas, tout ses gens, de voir leur monde, leur empire, détruit ? Plus d'esclaves chinois payés une misère. Plus aucun de leurs enfants pourris gâtés. Ne méritaient-t-il pas de souffrir eux aussi ?

Au fond je savait que ses idées étaient aussi une façon d'excuser ma volonté d'en terminer. Vivre une éternité ? Seul. Pour toujours et à jamais. Moi et le Programme jusqu'à ce que l'éternité nous sépare. Je verrais ce monde souffrir, après l'avoir sauvé. Je verrais tel un dieu, les guerres, les meurtres, les viols et les autres abus, la maltraitance des humains envers leur propre espèce et toute les autres, tout cela ni changerait rien, ce Programme n'aura servit à rien. Mais il pourrait servir à détruire tout ça, et y mettre un terme à jamais.

« -Éva, tu pourrais me mettre de la musique ? »

L'idée venait de me traverser l'esprit. Le silence du vide se brisa sur « Happy » de Pharrell Williams, musique un peu daté mais c'était toujours ça...
Cette chanson, ne correspondait tellement pas à mon humeur. Je me senti vide, comme oublié, la solitude me saisissait en même temps qu'une froideur émotionnelle, accompagné d'une résolution sans espoir d'avenir pour qui que ce soit. L'automate en moi me conduisis cependant au clavier et mes doigts tapèrent au rythme de la playlists marqué les « clac » du compte a rebours.

« Éva, tu pense pouvoir simuler un endroit sur Terre ? Je voudrais rêver cette nuit. J'ai l'intention de dormir. Tu peux me faire dormir ? J'aimerais beaucoup revoir ce parc, j'y allait dans mon enfance.

- Session de sommeil paradoxal programmé dans... 5h 48 minutes.

-Merci Éva. »

Peut-être fallait-il laisser une chance à l'humanité. Peut-être les humains s'amélioreraient-il. Je voulais croire en cela.

L'idée de modifier quelques constantes me traversa l'esprit. Mais la triche était finie, l'humain devait devenir meilleur, et non pas utiliser le fruit de sa raison et de son intelligence pour excuser sa cruauté. Ils devraient s'améliorer. Et sans Le Programme.

Je tapais donc sur le clavier tel un dieu au jugement dernier. Mais sur du Daft Punk.  >>

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