Introduction

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    Un loup, noir, les yeux vert émeraude, avançait lentement, slalomant entre les hauts arbres centenaires de la forêt. Son ventre, touchant pratiquement le sol et sa queue battant l'air ne pouvaient indiquer qu'une seule chose : il se préparait à chasser.
Sa proie, quant à elle, ne s'était aperçue de rien : elle se contentait de marcher tranquillement, la musique dans les oreilles et le regard posé sur le sol devant elle. Alors quand le loup fut assez proche pour le plaquer contre le sol, le jeune homme fut tellement surpris et effrayé à la fois, qu'il hurla de toutes ses forces. Il essaya de se débattre, donnant des coups de pied dans les pattes de l'animal ainsi que quelques coups de poing dans le poitrail, sans résultat.
Le petit châtain aux yeux bleus âgé de dix-sept ans à peine, n'avait aucune chance. Le loup, bien plus grand et plus fort que ceux que Louis avait put voir dans les zoos, le maintenait au sol, et il ne pouvait rien faire contre ça. Il avait peur, il ne savait absolument pas quoi faire pour se libérer alors, sous le coup du stress, il ferma simplement les yeux et cessa de bouger. Pendant un petit instant, son cœur battant fort dans ses oreilles, il en vint même à se demander s'il continuait de respirer. Il était silencieux et immobile, attendant simplement la suite des événements. Il s'attendait au pire, mais continuait de se demander ce qu'il avait bien put faire pour en arriver là. Les loups n'étaient pas censés avoir peur de l'homme ? Louis ne l'avait pas attaqué, il ne l'avait pas regardé dans les yeux –bien qu'il pensait que ça restait une légende-, il n'avait pas menacé ses petits, ni la femelle alpha.
Alors bon sang, pourquoi cette bête s'en était prise à lui ?!
Et pourquoi était-il si fort et si grand ?! Il n'avait jamais entendu parler d'une possible meute de loup vivant dans cette bonne vieille forêt du Morvan ! Surtout si près de la ville !

  Au dessus de lui, le loup grogna, faisant trembler le jeune homme, avant de poser sa truffe dans ses cheveux. Louis sursauta mais un nouveau grognement le fit immédiatement se statufier. Qu'est-ce que le loup faisait ? Le reniflait-il avant de lui porter le coup fatal et le dévorer ? N'était-il pas trop gros pour être mangé par une bestiole pareille ? Son cerveau fonctionnait comme jamais et, s'il n'y avait pas eu l'adrénaline, il était certain qu'un mal de tête l'aurait déjà gagné.
Et pourquoi il était incapable de bouger ? Il aurait put simplement se débattre, se lever et partir en courant chercher de l'aide, mais il en était incapable. Finalement, il était de ceux qui, dans les films d'horreurs, s'arrêtaient pile face au danger au lieu de courir ?
Quel idiot.

  Quand la bête lécha sa nuque lentement, quand Louis senti cette chose rugueuse sur lui, il se dit que sa vie arrivait à sa fin. Alors il pensa à sa mère, qu'il n'avait jamais eu la chance de connaître. À son père qui, de chagrin, avait fini par mettre fin à ses jours. Mais surtout, il pensa à sa grand-mère, la femme qui l'avait éduqué et aimé pendant ces dix-sept années. C'était une femme incroyable, et ça lui brisait le cœur de ne pas avoir la force de se défendre afin d'aller la rejoindre. Pourquoi habitait-elle en pleine forêt ? Pourquoi aucun bus ne passait par là ? Il ne savait pas, et à ce moment précis, s'en fichait totalement.
Ce qu'il voyait, c'était le loup, les deux pattes avant sur ses épaules le clouant au sol, la langue passant et repassant sur sa nuque.

  Soudain, un bruit se fit entendre à leur droite. Le loup, grognant, se tourna immédiatement vers celui-ci.
C'était le moment ou jamais.
Louis prit sur lui, s'arma d'un courage dont il ne se serait jamais pensé capable. À l'aide de ses bras, il donna une impulsion au sol afin de se relever, ce qui déséquilibra le loup, qui dû reposer ses pattes sur la terre ferme. Louis profita de ces quelques secondes de répit pour se remettre debout. Malgré son asthme, il courut aussi vite qu'il pu, tout en évitant de se retourner afin de ne pas être rattrapé par la bête. Tout ce dont à quoi il pensait était sa grand-mère : il devait aller la rejoindre. Alors il oublia cette douleur sourde dans sa cage thoracique, il oublia son souffle qu'il reprenait difficilement, il oublia la sécheresse de sa gorge, il continua simplement de courir, encore et encore, afin d'avoir la vie sauve.

  Quand enfin il put apercevoir la porte de ce qui était sa maison depuis sa naissance, il ne ralenti pas, au contraire, il essaya d'accélérer. Ce ne fut que quand il poussa la porte et la referma derrière lui qu'il s'autorisa à tomber au sol et à reprendre son souffle.

  Tout ce dont il est conscient par la suite, c'est la venue de sa grand-mère près de lui, demandant ce qui lui arrivait.
Après, c'est le trou noir.

Meet me in the hallwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant