Pleinement lunaire

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Une branche craque. Les feuilles s'envolent. Le vent souffle. Mes pieds foulent le sol à une vitesse phénoménale. Le paysage nocturne défile à toute vitesse, si bien qu'esquiver la végétation qui m'entoure relève de l'exploit. Je peine à m'arrêter lorsque j'aperçois l'obstacle qui se dresse devant moi et le heurte de plein fouet.

Des arbres immenses me barrent la route, se dressant de toute leur hauteur, leur tronc sombre ridé par le temps transpercé de branches perdant quelques éléments de l'épais feuillage de temps à autre, leurs racines créant un mur infranchissable. Je reste immobile un instant, admirant cette prouesse de la nature.

Un bruit me sort de mes pensées. Des pas. Plusieurs hommes. Sûrement armés.

Sans perdre une seconde, je m'élance sur l'arbre le plus haut et atteins les premières branches, à environ dix mètres du sol. Caché au milieu des feuilles, ils ne peuvent pas me voir. Voir sans être vu, quelle situation confortable...

Je les observe alors qu'ils s'approchent. Cinq hommes. Deux avec d'énormes fusils prévus pour abattre des ours, les trois autres avec ce qui semble être des pistolets de capture d'animaux. Un frisson me parcourt. L'homme marchant en tête doit mesurer au moins un mètre quatre-vingt dix. Un véritable colosse. Ils sont tous vêtus d'habits militaires les protégeant des pieds à la tête. L'obscurité m'empêche cependant de détailler leur visage, mais le vent est assez faible pour me permettre d'entendre leurs voix. Ils fouillent le moindre buisson et inspectent le sol, dans l'espoir de trouver des traces de mon passage.

Soudain, l'un d'eux prend la parole :

- « Eh, vous pensez qu'il est monté dans un arbre ?

- C'est impossible, on le verrait, idiot !

- Bordel, bougez-vous ! On a pas que ça à foutre, faut le trouver avant le lever du jour ! »

Cette déclaration me fait sursauter. J'ai tendance à oublier qu'ils savent qui je suis.

- « Oui, chef ! », s'écrient les 4 militaires.

Alors que le son de leurs pas s'éloigne enfin, je ne peux retenir un long soupir. Je suis libre. Jusqu'au mois prochain, du moins.

Appuyé sur les branches, j'admire la lune pleinement éclairée, formant un contraste avec le ciel sombre parsemé d'étoiles. Chaque mois, j'ai droit à ce spectacle magnifique. Si seulement cela pouvait durer plus longtemps... Malheureusement, il se terminera dès que j'aurai retrouvé ma forme humaine, laissant derrière moi cette nuit passée dans la peau d'un loup-garou.


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Nouvellement NuancéWhere stories live. Discover now