Coming Out

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Peut-être qu'un jour nous serons autant attirés par l'avenir que nous le sommes par le passé. Pour moi l'avenir n'est pas envisageable car je suis en train de mourir. Je suis dans la salle de bain, ma mère prépare à manger et mon père ne va pas tarder à rentrer du travail. C'est un jour comme les autres pour eux, ils n'imaginent pas un seul instant qu'ils vont découvrir mon corps sans vie. Cela doit être horrible pour des parents de perdre un enfant... je ne peux même pas imaginer la douleur qu'ils risquent de ressentir mais je n'en peux plus. Je laisse tomber la lame qui m'a servit à me tailler les veines et laisse glisser mes mains dans l'eau chaude. Vous vous demandez pourquoi? Parce que je ne supporte plus cette vie. J'ai essayé de me battre, de lutter contre ce sentiment de faiblesse et d'impuissance, de continuer à sourire devant les autres et jouer la comédie mais je n'y arrive plus. Je suis fatiguée de faire semblant alors qu'au fond de moi je voudrais hurler, frapper, pleurer et m'enfuir loin de cet enfer qui me ronge. 

Tout est parti d'un détail, un rendez-vous avec la personne qui fait mon bonheur: ma petite amie, car oui je suis lesbienne. Quelqu'un nous a vu et a posté une photo de nous sur facebook et twitter, toute l'école l'a vue et le lendemain en arrivant des menaces et insultes étaient inscrites sur mon casier. Ce fut le début de la fin, les élèves me regardaient de travers ou évitaient mon regard et les messes basses allaient bon train quand je traversais les couloirs. J'étais une bête de foire, celle dont on parle sans cesse mais que l'on fuit tous. En cours j'étais la cible de leurs moqueries, ils me lançaient des bouts de gomme, des stylos, etc... Je les entendais rires sur mon passage et chaque jour de nouvelles lettres d'insultes étaient scotchées à mon casier. Un jour il à même été forcé; mes cahiers avaient été déchirées et l'intérieur du casier tagué: "t'es dégueulasse", "crève sale lesbi", "vas mourir sale monstre". C'en était trop, j'attrapais mon sac et sortais en pleurant, pensant que ça ne pourrait pas être pire. Je me trompais... Pendant le cours de sport quelques jours plus tard je fus poussée hors des vestiaires et une dizaines d'élèves se sont rués sur moi, me frappant de toute leur force. Je suis rentée en boitant ce jour là, la douleur était atroce, tellement forte. J'avais mal physiquement et moralement. Mes parents n'ont faits aucune remarque en voyant ma lèvre ouverte et les hématomes sur mon visage et mes bras. A force de souffrance je me suis mise à sécher les cours pour éviter toute cette violence gratuite, mes résultats ont chuté totalement  et ma copine a rompue de peur de subir le même traitement dans son école. Je n'ai plus d'amis non plus, je n'ai plus confiance ni en eux ni en moi, je me sens sale, anormale alors que je sais que c'est faux! Mais ils ne l'accepterons jamais... Mes absences répétées ne plurent pas à mes parents et nous étions en perpétuel conflit mais je ne pouvais pas leur dire ce que je subissais et encore moins pourquoi... J'étais seule dans cet enfer, les nerfs à vif, le cœur en lambeaux et physiquement à bout. 

Aujourd'hui j'ai donc décidé d'en finir avec cette vie qui autrefois parfaite à virée au cauchemar. Je me suis fait couler un bon bain chaud après avoir déposée une lettre à l'attention de mes parents sur mon lit. Ils méritent une explication, je n'arrête pas de penser à eux, à ce qu'ils vont ressentir, je ne veux pas qu'ils se sentent coupable. Ça me fend le cœur de leur faire du mal mais je ne vois plus l'intérêt de continuer. Je déteste ces personnes, celles qui ont fait de mon existence un véritable enfer et je n'aurais qu'une chose à leur dire aujourd'hui: voyez ce que vous avez fait et regrettez. Culpabilisez et souffrez comme j'ai souffert car par votre faute je suis morte.

L'eau est totalement rouge à présent, je sens mon pouls qui ralentis, je suis faible. Je ne ressens plus la douleur sur mes poignets endoloris et sanglants, juste une vague de froid en moi... La lumière disparaît et tous me semble lointains et étouffé, c'est sûrement pour cela que je n'aperçois ma mère que brièvement et que son cri m'apparaît comme un murmure éloigné. Elle pleure je l'ai entendu, ainsi que mon père qui arrive en courant alerté par son hurlement de détresse. Papa, maman je suis désolé mais ne pleurez pas... je suis enfin en paix.



/!\ Bonsoir à tous, je tiens juste à précisé que je soutiens totalement la cause LGBT et que cette histoire dénonce le harcèlement alors pas de commentaires haineux s'il vous plaît.

Petites Histoires de MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant