Ici je publie des poèmes divers que j'écris sur un coup de tête, je l'avoue.
Je ne poste pas régulièrement, seulement quand j'ai quelque chose à partager.
Bonne lecture en tout cas et bonne chance pour comprendre ma personnalité si tordue.
Elle était petite. Ou plutôt tassée par le temps. Sa silhouette rabougrie témoignait de sa vieillesse. Elle avait la peau ridée et criblée de diverses tâches brunes. Ses veines ressortaient au niveau de ses poignets osseux et sa démarche hésitante, tremblotante la rendait vulnérable. Ses cheveux de neige coupés courts bouclaient au dessus de sa tête, créant un halo de sagesse. Ses petits yeux clairs semblaient enfoncés dans leurs orbites et n'étaient toujours pas ornés de lunettes, malgré son âge. Son nez paraissait busqué et sa fine bouche était toujours souriante. Ce sourire avait creusé de profondes rides au niveau des joues de la vieille femme et faisait apparaître des pattes d'oies faisant ressortir ses yeux rieurs. Elle portait des habits confortables et colorés, souvent décorés de précieuses broches et d'élégantes boucles d'oreilles. Cette grand-mère ne se déplaçait jamais sans être accompagnée de deux objets : sa fidèle canne en bois et son petit sac à main de cuir gris, fortement abimé par le temps.
Son nom était Fernande. Fernande Larroque. Mais tout le monde l'appelait Mamie Dolly. Pourquoi Dolly ? Car malgré le nombre incalculable de chiens dont elle s'est occupée, elle n'a jamais trouvé qu'un seul nom : Dolly. Ceci devint son propre nom, naturellement. Du haut de ses 102 ans, Mamie Dolly avait tout vécu. La guerre, la joie, la tristesse, la dictature, la paix, l'amour. Cependant, elle profitait encore de sa longue vie, un sourire toujours plaqué sur les lèvres. Cette grand-mère était celle de tout le monde. Quand elle se promenait joyeusement dans la maison de retraite, accompagnée d'un de ses enfants ou de ses petits-enfants, on entendait toujours une aide-soignante lui lancer : " Alors, Madame Larroque, comment ça va aujourd'hui ? " Et elle répondait toujours d'un geste de la main, balançant de gauche à droite, accompagné d'une moue résignée. De temps à autre, la vieille femme parlait patois. Quelques mots, par-ci par-là, témoignant de son origine campagnarde. C'était une femme gentille, si gentille. Elle proposait toujours des chocolats ou des biscuits à ses visiteurs, le peu qu'elle possédait dans sa petite chambre. Et si elle oubliait, ou doutait, qu'elle avait déjà proposé de la nourriture, la centenaire redemandait encore à ses invités s'ils désiraient profiter de sa modeste richesse. Malgré tout, c'était une mamie informée qui lisait tous les jours la Dépêche et regardait le rugby. Oui, Mamie Dolly adorait le rugby. Mamie Dolly n'était pas seulement une mère, ou une grand-mère, mais bien une arrière grand-mère. La mienne.
À l'origine, ce texte était un devoir de français où je devais faire le portrait d'un membre de ma famille. Seulement, quelques jours plus tard, Mamie Dolly est décédée de sa belle mort. J'ai donc décidé de lui rendre hommage ici, sur Wattpad, mais je vais également lire ce texte à ses funérailles. Avec tout mon amour, pour toi Mamie Dolly.
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
