J'aurais aimé dire que j'ai vécu.
Oui, j'aurais adoré.J'aurais bien aimé hurler à voix haute que chaque fois que je me réveillais le matin, je puais la sueur qu'étais le bonheur de vivre. Que lorsque je passais près des gens dans le bus, il relevait la tête, la tristesse lâchant leurs yeux, trop occupés à se demander quel mystère m'avait rendu aussi heureuse.
J'aurais voulu dire que mes pas volaient comme l'air et n'empestait pas l'odeur de la routine. J'aurais aimé dire que j'avais réussi à rendre ma routine quelque chose d'éphémère.
Non pas parce que j'étais tout le temps quelque part d'autre, que je ne répétais jamais mon chemin, non.
J'aurais aimé dire que, oui, je passais tout les jours avec les mêmes gens, que je prenais la voiture les mêmes jour et que j'attendais mon arrêt de bus à la même heure mais chaque minute, chaque seconde, chaque souffle, chaque journée était capable de se marquer.J'aurais voulu dire que, pour moi, le 3 avril 2011 n'était pas une journée banale. Que j'avais marqué la journée de quelqu'un ce jour là et que j'en avais inspiré un autre. Ou même pas avoir inspiré quelqu'un. J'aurais voulu dire que j'avais fait quelque chose pour me commémorer de cette journée. J'aurais aimé être allé écrire dans mon journal: "aujourd'hui du lait est sorti de mes narines devant tout le monde, je voulais mourir de honte."
J'aurais voulu dire que cette journée là où ma tristesse pesait, je ne m'étais pas laissé faire et j'avais encore combattu les impressions de déjà-vus.
J'aurais voulu dire que je prenais la peine de donner la valeur à chaque minute. J'aurais aimé pouvoir dire que, oui, pour moi, le 12 juillet 2014, à 7:53PM, j'avais fait quelque chose de cette longue minute. Que je n'étais pas resté contemplé mon plafond, vide, ne pensant à rien.
J'aurais voulu dire que j'avais fait un effort pour changer cette relation qui semblait tomber à l'eau juste devant moi. J'aurais voulu dire que j'avais pris une éponge pour ramasser l'eau, que je l'avais foutu dans un frigidaire et que j'avais attendu qu'elle se fige en glace pour m'assurer de la sécurité de la relation.
J'aurais voulu dire que je pouvais m'identifier à quelque chose sans me perdre moi-même. J'aurais voulu dire que j'étais capable de me situer dans le temps. De décider ce que j'étais.
Mais la vérité c'est que je n'ai jamais été capable de voir la valeur des chose que je possédais et que je voulais trop échapper le monde pour réaliser que je pouvais faire de ma routine une aventure.
Beaucoup trop aveugle, obsédé par la tristesse et le désir d'un autre monde, je n'ai jamais saisi l'opportunité.
Parce que j'aurais pu me réveiller suant le bonheur de vivre,
j'aurais pu donner valeur à mon temps
et j'aurais pu aimer ce manque d'identité qui me donnait le choix à tout.
Le fait est que j'étais trop absorbé par me lamenter sur la routine.
Mais la routine,
c'est juste moi qui me la suis imposée.
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N o s t a l g i e
PoetryAussi bête que des pensées, mes mots viennent se placer dans ta tête. -- Tome I - N o s t a l g i e Tome II - Mélancolie Tome III - Empathie Meilleur Rang: #21 Poésie [Le dessin de la page couverture a été réalisée par Leslie Molina]