Les demeurés

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La matinée a été des plus affreuses. Déjà que je n'aime pas mon boulot... Mais en plus, là, je n'ai pas arrêté de bâiller. Edward m'attend sur le parking dans son 4 × 4 noir. Je me jette à l'intérieur et lui saute au cou pour l'embrasser.

— Tu as l'air fatiguée, ma puce.

— Ouais, Dévin a encore fait des siennes cette nuit.

— Il n'arrête jamais ?

— Non. Jamais.

La voiture démarre et je détaille mon petit ami. J'ai tout de suite été attirée par ce blond. J'ai immédiatement craqué pour ses jolis yeux verts et j'avoue apprécier de plus en plus passer du temps en sa compagnie. Pour ne rien gâcher, il est très cultivé, ce qui me plaît particulièrement.

— On sort ce soir ?

— Tu penses à quoi ?

— Je ne sais pas. Le Drek, ça ne te tenterait pas ?

— Ah, non ! Très peu pour moi. J'ai eu ma dose de Dévin hier soir !

Il se met à rire doucement.

— J'ai promis à Demsey qu'on irait l'écouter chanter.

— Bon, OK. Mais pas trop longtemps. Il se gare dans mon allée.

— Super ! Je retourne au boulot. Je passe te prendre à 20 heures.

Je lui souris et l'embrasse tendrement. Je n'ai pas vraiment envie de m'y rendre, mais j'aime beaucoup Demsey et je ne l'ai jamais vu sur scène. Il fait partie du même groupe de musique que Dévin et c'est un ami d'enfance d'Edward. Ils ne sont pas très proches, mais ils se connaissent depuis toujours et s'apprécient.

Lorsque j'ouvre la porte, je découvre, dépitée, que Dévin est allongé de tout son long sur le canapé. Super, il est encore là !

— Salut. Où est Tracy ?

— Salut, la coincée. Elle est au boulot.

— T'as pas un appart, toi ?

— Si, mais j'avais envie de t'emmerder !

Il se redresse en m'offrant son sourire de séducteur invétéré, mais ça ne me fait ni chaud ni froid – même si je dois avouer qu'il est extrêmement beau. C'est injuste. Il a été malade toute la nuit et ça ne se remarque même pas... Alors que moi, j'ai une tête de déterrée.

— Si ça t'amuse.

Je tourne le dos et file me préparer un sandwich. Je n'ai pas le courage de cuisiner.

— Tu m'en apportes un ?

Je sursaute. Il est encore branché en mode sangsue. Ça lui prend environ une fois par semaine. Quand arrive la journée en question, il ne me lâche pas d'une semelle et passe ses nerfs sur moi. Apparemment, c'est devenu un rituel.

— Débrouille-toi tout seul, je ne suis pas ta bonniche !

Je le dépasse en le bousculant, mon assiette à la main et m'assieds sur le canapé avant qu'il ne le réquisitionne. J'allume la télé. Il m'y rejoint, s'installe à côté de moi et nous regardons le petit écran en silence pendant au moins une heure. Je l'ignore totalement.

Quand compte-t-il partir ? Son téléphone sonne. Il décroche.

— Ouais... Je ne suis pas chez moi... Ben, rejoignez-moi chez Tracy. Ouais... OK, à toute.

Il raccroche et le balance négligemment sur la table basse.

— Ne te gêne surtout pas !

— Comme si ça te dérangeait de voir Demsey et Sando.

Ne ferme pas ta porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant