Insaisissable

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Sous les acanthes, sous les troënes,
Il se faufile et me met en peine.
Plus il court, plus je m'acharne,
Je l'amuse, il rigole, il se moque.
Il revient, m'effleure, je me sens darne,
Il me fait presque passer pour une cinoque.

Pourtant je ne renonce guère à cette quête.
Au contraire, je m'obstine d'avantage.
Il veut me convaincre que c'est une perte,
Mais moi je veux atteindre l'arrivage.

Que cherches tu? Me demandent les gens.
Ce que je cherche ? N'est ce pas évident?
A chaque pas, il est un peu plus loin,
Il me regarde avec ce sourire en coin.

Je le suis puis le perd de vue,
Il se montre quand je suis abattue.
Il me nargue tant, le fieffé coquin,
Et la course se poursuit du soir au matin.

Et quand, enfin, je crois le saisir,
Entre mes doigts, il me glisse et disparaît.
S'en est trop, je veux en finir.
Je n'en peux plus, je suis à bout de nerfs.

Puis il me regarde, tristement,
Jamais je n'ai pu, et ne pourrai le rattraper.
Regarde à l'avenir, me crie t'il, s'en allant,
Quand il passe, on ne peux plus l'emprisonner.

Il court vite, il court si vite, le Temps,
Quand il est perdu, il l'est bien.
Je l'ai compris assez tardivement,
Mais bienheureuse, je repars...enfin.

La Valse Des MotsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant