Les Songes du Passé - TOME 1 - Conscience [réécriture]

Prologue "La lettre à Anna"

« Chère Anna,

Je t'écris pour prendre de tes nouvelles, le concierge de ton dernier appartement m'a fournis ton adresse après un temps à clamer notre lien de parenté. Grâce à cela, je me permets donc de t'écrire en espérant une réponse. Je désirerais réellement m'excuser pour les souffrances que notre éloignement aurait pu soulever à ton égard. Cependant des réponses à certaines de mes questions étaient nécessaires. 

Mais tu comprendras tout cela dans quelques instants. Avant tout comment ta vie évolue-t-elle au cours des années ? As-tu fondé une famille ?

 Personnellement je suis professeur à présent, et les élèves me posent souvent des questions étranges. L'une d'entre elle qui est en effet très singulière me hante, si je puis le dire ainsi. Cette élève en apparence très timide me semble bien tourmentée pour s'interroger sur l'aspect de l'enfer. Cela pourrait très bien être une sorte de gouffre sans fin, un tunnel obscur où nous chutons pour toujours sans jamais réellement nous en rendre compte. Ou bien un monde souterrain remplis de flamme, un endroit où les hommes hurlent jusqu'à en vomir leurs tripes et où ils sont punis pour toutes les cruautés qu'ils auraient commises tout au long de leurs vies insipides. Pour moi l'enfer n'est qu'une invention stupide de l'homme, elle permettrait juste d'effrayer les simples d'esprit et les peureux, entre autre, une population qui a peur, ne pose pas de question et donc ne remet pas en cause ses croyances. 

Mais revenons à notre sujet principal car je remarque que je divague beaucoup. Pour être franc avec toi, les conclusions des agents de police sur le suicide de père ne me convenaient pas. Beaucoup de vide dans le dossier me laissaient croire à un meurtre déguisé en suicide. Tu peux croire que c'est idiot de dire ça mais laisse-moi t'expliquer. Le choix de l'arme du suicide est incompatible, père était un passionné des armes à feux. La logique voudrait que, si père voulait vraiment se suicider il choisirait sûrement une arme à feu, en particulier son 44-Magnum bien-aimé, immanquablement plus que moi en tous cas... Mais l'autopsie nous a clairement indiqué qu'il était mort par la section de la carotide. Au fil du temps la compréhension du fonctionnement de père était un jeu d'enfant pour ma personne, et je sais qu'il n'aurait jamais eu assez de courage pour se découper la gorge avec un tel calme, je rajouterais même qu'un homme faible à tout égard comme lui ne peut avoir une mort aussi digne. L'heure de la sentence aussi reste plutôt étonnante, aux alentours de deux heures trente... Cela ne te remémore rien ? 

En tout cas de mon côté elle m'a éclaté aux yeux dès le premier instant. Je veux bien sûr parler des bruissements en provenance de la cave. Ne soit pas si surprise que je m'en souvienne encore. Même après tous mes séjours en maison pour enfants tourmentés ! Mais je ne veux pas gâcher, la première lettre que je t'envoie depuis de nombreuses années. 

Si tu ne veux plus me parler, brûle cette lettre. Je ne sais pas qui ou quoi mais je sens un ou plusieurs regards sur moi en permanence, une ombre si proche de moi et pourtant si lointaine en même temps.

Il s'est débarrassé d'elle mais son retour était inévitable pour le punir, espérons qu'elle nous a oubliés. » 

                                                                                                             Aiden