« - Un, deux, trois, quatre. »
Et la pluie tombait, tombait, tombait.Elle ne faisait que tomber depuis des jours. Le ciel s'écroulait en craquements sinistres, et s'écoulaient des nuages rancuniers des gouttes froides et pleines d'amertume.
« - Un, deux, trois, quatre. »
Mais était-ce vraiment le ciel qui s'écroulait, ou voyait-il seulement l'image de sa vie ?Pouvait-il encore avoir confiance en ses yeux ou se faisait-il fourvoyer ?
« - Un, deux, trois, quatre. »
Le râle des Détraqueurs se faisait plus intense ces jours-ci. Le temps orageux, s'il existait,semblait leur plaire dans la mesure où les prisonniers d'Azkaban le redoutaient. Aussi, tout naturellement, les détenus se réfugiaient dans l'espoir pour ne pas céder à la peur. Les créatures infâmes se chargeaient alors d'inspirer tout ce qui aurait pu ressembler de près ou de loin à un souvenir heureux ;comme elles le faisaient toujours.
Et ce qui sauvait Sirius Black de la folie et de la peur, c'est qu'il n'avait plus de souvenir heureux. Tous étaient flous, fades, faux. Teintés d'une tristesse obscure. Mais jamais, au grand jamais, de culpabilité. Mais pouvait-il se dire saint d'esprit s'il ne pouvait dire avec certitude si ce qu'il voyait était vrai ou faux ?
« - Un, deux, trois, quatre. »
Cela faisait déjà quatre ans. Quatre longues années qu'il était adossé au mur de cette cellule terne et sale, et que chaque soir, quatre fois à partir de 22h14, l'homme qui survivait dans la section d'à côté comptait jusque quatre.Sirius n'avait pas la moindre idée de la raison qui le poussait à agir ainsi, et il ne connaissait même pas le nom du condamné qui,manifestement, avait perdu la raison, mais c'était une manière des'accrocher à la réalité et de lui rappeler chaque jour qu'avant, ils étaient quatre. James. Remus. Peter. Sirius. Quatre noms, quatre chiffres, quatre fois, toujours quatre.
Du moins, c'est ce qu'il croyait,ce en quoi il avait toujours cru. Cela avait été son chiffre préféré, autrefois, quand ils étaient naïfs et heureux. Quand ils pensaient avoir toute la vie devant eux, et qu'ils avaient tort. Au temps où l'on ne pensait qu'à rire et aimer, où le mal semblait être loin alors qu'il était là.
Ses points se serrèrent. Dès qu'il pensait à lui, une colère sans nom l'envahissait et il sentait venir en lui quelque chose qui ressemblait à de la haine mêlée d'un sentiment de trahison qui dépassait tout ce qu'il avait pu imaginer. Comment avait-il pu... ? Ils avaient été tellement proches. Et en une nuit, en un sortilège, en quelques heures, le clan des Maraudeurs avait été brisé. James, Lily, tués par la faute de Peter. Ils n'étaient plus que deux, à présent.Sirius. Remus.
Son cœur se serra. Lunard croyait logiquement, depuis cette nuit-là, qu'il était coupable. Tout le monde le pensait. Mais que lui, le seul ami qui lui restait, le pense...
Sirius écouta le son du tonnerre se propager entre les cachots, résonner du plus profond de la mer jusque dans sa tête. Le bruit assourdissant de la colère et de la rancœur s'entrechoquait avec ses faibles pensées.
« - James, Sirius, par la barbe de Merlin ! », pestait Lily en tournant vers eux sa crinière d'un roux flamboyant.
Peter, ayant couru trop vite pour les rattraper après avoir fait tomber son sac, s'était pris les pieds dans le balai de Rusard, ce qui l'avait envoyé la tête la première dans un placard ouvert ; d'où il était coincé de par son physique enrobé. Et bien évidemment, Cornedrue et Patmol riaient aux éclats tandis que Lily et Remus essayaient de tirer les jambes de leur ami.
« - Aidez-le, bon sang ! »
Et ils riaient jusqu'à en avoir mal aux côtes.
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L'horreur d'Azkaban
FanfictionOS. On ignore quasiment tout de la vie de prisonnier de Sirius Black, ici, à Azkaban. Seule une chose lui permet de se protéger de la folie dont il est entouré. Un, deux, trois, quatre. Ici, un court extrait de ces douze ans de malheurs selon mon po...