Koatan

Chapitre I

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Lorsque le jour deviendra nuit...
Qu'au soir venu la lune blanche sera de sang...
Hommes craignez pour vos vies car les morts se relèveront et vous emporteront dans les tréfonds...
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Bien qu'incomplet, ce texte avait traversé les âges depuis des temps oubliés et chaque habitant de Koatan, petits ou grands connaissait cette prophétie, les parents de toutes races l'utilisaient pour assagir leurs enfants.

La poussière épaisse montait du chemin jusqu'aux visages des deux cavalières, impassibles, elles ne s'en rendaient même plus compte, elles étaient en route depuis tellement longtemps que même le paysage, pourtant magnifique, n'attirait plus leurs regards.

De sombres montagnes encadraient le paysage désertique, le soleil couchant dardait ses derniers rayons dorés au-dessus des crêtes pour retomber en rougeoyant sur les milliers de grains de sable en une multitude de couleurs scintillantes.

À quelques miles devant elles, les hauts rempartsblancs de Minassë se dressaient.
Elles touchaient enfin au but.
La fatigue de cette longue chevauchée se faisait sentir mais, sans un mot,elles éperonnèrent leurs montures épuisées dans un dernier galop afind'atteindre la grande cité avant la nuit tombée.

Comme toute les cités du monde de Koatan, celle-ci fermerait portes et pont-levis au coucher du soleil pour protéger la populace des monstres nocturnes rôdants aux alentours.

Enfin elles arrivèrent aux grandes portes d'ébène, le chemin poussiéreux se transformait petit à petit en allée sablée, un planton les stoppa.

- Noms? Qualité? demanda le soldat d'un ton rogue.

- Ninã. Magicante. lui répondit sur le même ton la plus petite des deux.

- Oilossoë, je suis une Elfe. lui dit avec un sourire la belle jeune femme aux yeux dorés.

- C'est bon. Passez.

Une fois entrées dans l'enceinte de la cité, les deux jeunes filles ne purent s'empêcher de scrupter les alentours...

C'était toujours la même ville qu'elles avaient quitté quelques mois auparavant :

La grande place pavée de forme circulaire sur laquelle commerçants ambulants, nobles et paysans se bousculaient dans un mélange impressionnant de langues et de races différentes, le tout dans la plus parfaite harmonie.

Une véritable mixité sociale.

Quelques enfants portaient des seaux qu'ils allaient remplir au puits se trouvant au centre de la place...

Et le beffroi, surplombant la ville de son clocher, qui exaltait toute sa beauté aux rayons du soleil couchant.

Sans oublier les animaux de basse-cour qui vagabondaient librement.

Décidemment, rien n'avait changé!

Ninã et Oilossoë se dirigèrent vers une petite bâtisse de pierres grises ornées d'une pancarte en bois sculptée sur laquelle était gravée "Auberge de Minassë".

Elles y pénètrent, Oilossoë lança un "Bonsoir !" de sa voix chantante en souriant aux hôtes attablés tandis que Ninã se dirigeait en silence vers le comptoir, se contentant de demander une chambre à l'hôtesse.

Les hommes avinés levèrent leurs yeux de leurs chopines et posèrent leurs regards bovins sur les deux jeunes femmes, elles étaient splendides malgré la poussière qui les recouvrait presque intégralement.

Ninã, la plus petite, était tout en formes et rondeurs.

Ses cheveux, d'un bleu pastel, faisaient penser à une cascade d'eau pure dans laquelle on aimerait glisser les mains.

Ses yeux étaient aussi verts que deux émeraudes même si, dans l'immédiat, ils lançaient des éclairs aux hommes qui commentaient leurs tenues et leurs aspects de leurs voix égrillardes.

Sa main baguée se serra autour de "Foudroyant", son bâton de magicante.

Oilossoë mit sa main sur l'épaule de sa compagne pour la calmer. Ses cheveux, d'un blanc pur, retenus par un lacet en chignon, donnaient à son regard d'ambre la couleur de la lave en fusion. Sa peau de lait sembla s'éclairer de l'intérieur quand Ninã lui rendit son sourire.

Rajustant "Beleg", son arc elfique, sur sonépaule, elle suivit l'aubergiste jusqu'à la chambre, ne voyant pas la magicantesuivre le mouvement, elle se retourna et l'interpella pour qu'elle les rejoigne.