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  Malgré le fait que je ne tienne plus sur mes jambes, j'essaie de me lever. L'air et l'atmosphère autour de moi sont oppressantes. Je respire tant bien que mal et laisse échapper un sanglot.

  Je me laisse tombée de fatigue contre un arbre à l'orée de la forêt. Je respire maladroitement et une avalanche de larmes sortent de mes yeux ouverts et à l'affut de quelconques mouvements. Je savais ce qui m'attendait en m'inscrivant dans le bataillon. J'avais imaginé nombre de scénarios tous aussi horribles et tragiques les un que les autres. Mais aucun était si proche de la réalité. Jamais je n'aurais pu imaginer la scène dont j'avais était témoin. Cette horrible scène...

  J'essaie de chasser ces images de ma mémoire et enfouie mon visage dans mes mains en étouffant mes sanglots et les hoquets incontrôlables qui secouent mon corps. Cependant, les images de corps ensanglantés, de membres déchiquetés et éparpillés dans l'herbe fraiche, remontent en moi et me donne envie de vomir. Je m'appuie contre l'arbre en essayant de me contenir. En vain. Je vomis au pied de l'arbre, toujours secouée de hoquets.

  Mon état me répugne et je me sens faible. Comment cela ce fait-il que je sois toujours en vie après le carnage dont mes camarades ont été victimes ? Pourquoi moi et pas eux ? C'est alors que je revis l'horreur de la Scène, que je tentais, en vain, d'oublier.

  Nous étions en formation. Une formation élaborée pour prévenir le reste du bataillon du danger. En soit c'était une très bonne stratégie qu'avait imaginé le major Erwin Smith. Moi et mes camarades étaient situés sur l'aile droite, au sud de la formation. Étant situés vers les lignes extérieures, soit sur la première ligne, nous étions ceux qui prenions le plus de risques. Nous avions quitté le mur depuis quelques minutes et pour le moment aucun titans n'avait été aperçue de notre côté. Tout allait, pour ainsi dire... Pour le mieux. Cependant, cela ne dura pas.

  En effet un titan de presque quatorze mètres de haut avait fait son apparition. Un déviant que nous nous devions de stoppé. Arrivée à notre hauteur, nous nous sommes élancés sur lui avec nos chevaux, prêts à l'arrêter dans sa course. Cependant, celui-ci nous ignora totalement et continua sa course folle. Nous voulions nous élancer à sa poursuite mais malheureusement, un problème plus préoccupant nous en  empêcha. Une horde de titans fonçait vers nous. Plus que des titans, ils agissaient en véritables déviants.

  Des cris d'angoisse et de peur retentirent dans nos rangs. Cependant, nous fument notre devoir en tant que soldats du bataillon d'exploration et nous nous lançâmes corps et âmes dans la bataille contre ces immondices. Malheureusement, nous fument vite massacrés et je vit mes camarades, des gens pleins de vie, ayant des familles, des amis, se faire manger et entendait leurs supplices ainsi que leurs hurlements et cris de désespoirs. La terreur d'être la prochaine me terrifiait, alors,  comme la lâche que je suis, je me suis enfuie les abandonnant à leur triste sort.

  Je m'en veux terriblement d'être partie et de n'avoir rien fait face à cela. Mes hoquets cessent, bientôt suivient par mes sanglots et les battements de mon cœur ralentissent. Je fixe mon équipement tridimentionnel. Celui-ci n'as pas servi mais est pourtant parcourues de bosses ainsi que de raillures. Je n'ai pas la force de m'en servir et de monter à l'arbre afin d'être en sécurité.

  Des bruits. Des bruits de pas, semblables à celles que j'ai entendus avant le chaos et le désastre dont j'ai été témoin, se font entendre. La fin est proche... Je le sais... Je le sens.

  Je me remémore le doux visages triste et apeuré de ma mère,  auréolé de la lumière du jour, lorsque je lui avait annoncé que j'intégrais le bataillon d'exploration. Je lui avait dit avant cette expédition, la cinquante-septième expédition hors des murs, pour être précise, de ne pas s'en faire et que je lui faisais la promesse de rentrée saine et sauve à la maison. Mon coeur se contracte à cette pensée. Je vais sûrement lui briser le coeur si je ne rentre pas. Malheureusement je suis faible, bien trop faible. Même lors des trois années d'entrainement auxquelles j'avais participé, j'étais arrivée quarante-deuxième. Quand je regardais les dix premiers, je me sentais ridicule. Surtout celle qui était arrivée première. C'était un véritable monstre. Elle gardait toujours son sang-froid lors des entrainements. De plus elle était toujours avec deux gars, dont je ne me rappelle plus leurs noms. Je me souviens, lors des diners, l'un des deux garçons se bagarrait toujours avec un autre. Je sourit à ces vieux souvenirs. J'aurais aimé être à leur place, dans les dix premiers, comme ça, j'aurais fait ma vie dans le centre et ne serai pas ici. à attendre la mort.

  En parlant d'elle, je la sens approchée. Le titan est à quelques mètres de moi. Je peut apercevoir alors son physique. Sa tête était deux fois plus grosse que son corps et ses yeux gros et globuleux me regardaient. son sourire s'étire et laisse dévoilé une rangée de dents bien droites, tachées de sang. Alors c'est cette chose qui aura raison de moi ?

  Sentant mon heure arrivée, mes sanglots ressurgissent. Je me lève, détache mon équipement cabossé et le pose par terre au pied de l'arbre. Je dépose à côté la cape du bataillon qui me couvrait les épaules et ma veste de couleur marron, au symbole du  bataillon dans le dos. Voilà en espérant que quelqu'un les trouve. Près de moi je sens le souffle du titan. Une poigne de fer vient serrer ma taille et me porté jusqu'à la bouche du titan. A travers les larmes qui brouillent ma vue, j'arrive à distinguer le symbole, cousue sur ma veste, de ce pourquoi je me suis "battue", de ce pourquoi je vais mourir aujourd'hui, les ailes de la libertés.

Soldat Du BataillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant