Il noua sa cravate autour de son cou puis jeta un coup d'œil au miroir qui tenait nonchalamment, personne ne savait comment, contre le mur. Ce dernier refléta alors l'image d'un homme d'une trentaine d'années, habillé sur son trente et un, bien que son costume attendait tout de même à être ajusté par ses soins. Il replaça adroitement sa veste, comme l'envisageait la coutume, plongea les pans de sa chemise dans son pentalon de soi, coiffa ses cheveux d'un côté et s'arrêta. Il était fin près. Il attrapa alors le chapeau suspendu à l'un des crochets du mur, le lança négligement sur sa chevelure brune et pris les deux coupes de champagne, ainsi que la bouteille les accompagnant, qui attendaient sagement sur l'une des tables. Enfin, il quitta sa demeure en sifflotant sous les éclats du soleil déclinant dans le vaste ciel et qui commençait déjà à teinter ce dernier de maigres d'une lueur pourpre propre au crépuscule. L'homme, en voyant ce magnifique spectacle de soirée, se demanda si derrière ces murs, ceux qui les entravaient dans cet espace si restreint, qui les empêchaient de voyager et parcourir le monde, qui leur volaient leur liberté en leur assurant une certaine sécurité bien que rompue par des évènements récents, le ciel avait cette couleur. Si le ciel était le même ailleurs, est-ce que de l'autre côté de ces gigantesques murs, il pourrait voir le même spectacle qu'ici ? Si ce n'était pas le cas, à quoi cela servirait-il de se soustraire à ces protections ? Il balaya ses pensées et les remplaça par la perspective de la soirée qu'il s'apprêtait à vivre. Comme une fois par mois, l'homme partait passer une soirée en compagnie de sa bien aimée. Ces moments là étaient juste ce qu'il attendait tout les autres jours. Si il continuait de profiter de sa vie, c'était pour elle et ces moments-ci.
Il arriva enfin au lieu de rendez-vous convenu. Il y dû se frayer un chemin entre les différentes rangées ainsi que les personnes qui étaient déjà présentes. Le ciel, toujours aussi coloré, reflétait sa maigre silhouette au loin et dès qu'il l'apperçut son cœur se serra. Cela faisait un mois maintenant, comme à chaque fois, qu'il ne l'avait pas vu. Il se fit violence pour ne pas sauter comme elle comme les enfants devant des étalages de confiseries. Il était hors de question qu'il se ridiculise devant elle alors il se contenta simplement de s'assoir en face d'elle.
- Bonsoir, mon amour. Lui dit-il.
La réponse de sa bien aimée se fit si timide que la première rafale de vent l'emporta au loin tant est si bien qu'il ne put l'entendre. Mais ça, il s'en fichait. Il déposa devant chacun d'entre eux l'une des coupes qu'il avait apporté et y versa l'alcool contenu dans la bouteille de champagne. Les minutes passèrent et les heures s'enchainèrent, laissant place maintenant aux rayons pales de la lune. Ce moment, il voulait qu'il s'éternise encore et encore, qu'il ne s'arrête pour rien au monde. Jamais il ne se sentait aussi bien qu'à ses côtés même s'il savait que ce sentiment était bien plus qu'éphemère. Il ne pouvait pas s'empêcher de la désirer. Et puis, il n'y avait personne d'autres qui pouvait le faire se sentir si vivant.
Mais les aiguilles tournaient et l'heure de rentrer arriva sans crier gare. Il récupéra en soupirant la coupe pleine de la femme qu'il aimait et y but le contenu. Comme à son habitude, elle n'y avait pas touché. Dans un sourire triste, il dirigea vers elle sa main peu assurée et l'effleura délicatement. Comme à son habitude, elle était froide. Il récupéra ses affaires, se leva et avec tout l'amour qu'il lui portait, lui adressa ces quelques mots :
- Au revoir, mon amour.
Il parti de cet endroit, se retournant, les larmes aux yeux, pour la regarder une fois de plus. Puis il laissa parmi les différentes rangées de tombes celle qui appartenait à la femme qu'il chérissait tant et sur laquelle ont pouvait, à la lueur de la lune, lire en lettres gravées son nom ainsi que les inscriptions "soldat émérite du bataillon d'exploration, mort au combat pour la liberté".
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Soldat Du Bataillon
FanfictionLa peur, la peur, la peur, toujours et encore cette peur. Celle qui vous empêche de bouger, celle qui vous empêche de fuire et de tout faire pour survire. C'est de celle la dont est sujet l'aventure du jeune soldat du bataillon, proche de la mort...