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PDV de Nathan

10h, la cloche vient de sonner. C'est l'heure de la pause, le moment préféré pour certain. Moi, c'est celui que je redoute le plus.

Je range mes affaires au fond de mon sac et le referme, en prenant bien soin de cacher mon carnet de correspondance, et tout ce qui pourrait contenir mon adresse. 

Tout le monde se presse pour sortir, tous, sauf moi. J'avance, et je déambule dans les couloirs, sous les regards des autres élèves. On pourrait se croire sur un défilé de Jean Paul Gautier avec tout ce monde. "Monstre", "T'es trop bizarre". Les commentaires que j'entend me ramènent à la réalité. Cette dure réalité

Au final, ce sont tous les mêmes. A mesure que je grandis, mes amitiés changent, et maintenant, ceux qui étaient mes amis se retournent contre moi. Ils restent ensembles pour leur petit jeu. Cela semble les amuser. Et moi, je les laisse continuer. Par haine ? Par paresse ? Surtout par peur. La peur des représailles, de l'amplification.

J'accélère le pas, ce couloir me semble interminable. Je traverse tout aussi vite la cour de mon collège, pour aller m'asseoir au pied de l'arbre, et j'ouvre mon livre. Deux minutes plus tard, ils sont déjà là, à m'encercler. La même bataille chaque jour.

Les gens veulent me blesser et m'insulter
Je suis fatigué d'essayer. Je suis fatigué de combattre les préjugés.

Ceux qui avant étaient mes amis se sont retournés contre moi. 

A l'intérieur, je suis brisé. Mais ils ne s'arrêtent pas de parler.

Un coup, une insulte, encore des coups. Mon esprit divague, je ne répond plus de rien. Autour, les autres regardent, assistent à la scène comme à un spectacle. C'est leur divertissement quotidien. 

Tout ces enfants sont des pantins, manipulés par la haine et la cruauté. Tous les mêmes. Ces atteintes les rendent plus fort, leur donne du pouvoir. Oui, ils semblent être les rois du monde. Les rois de leur monde. Et ils ont réussi à détruire le mien. Les mots, les plaintes, les avertissements, rien ne les effraient. Même pas mes appels au secours. Personne le les entend. Je suis enfermé dans ce cauchemar, et il n'est pas près de se terminer.

Pourquoi ne pouvons nous pas vivre en paix ? Ils sont tous à vos pieds, et vous continuez de me haïr, car je suis différent de vous. Je ne veux pas me faire d'ennemis, et pourtant vous en avez décidé autrement. Parce que j'ai décidé d'être moi. Et vous commencez à haïr ceux qui étaient vos amis, pour satisfaire votre propre égo, me regardant, comme si vous choisissiez qui sera le prochain à souffrir. J'aimerais seulement que vous acceptiez qui je suis. Car c'est comme ça que le monde doit me voir.

Sans cesse les même blâmes, les mêmes remarques. Je suis fatigué de toute cette mascarade. Les blessures sont là, elles sont réelles, et maintenant, je me rends compte que je suis pris dans un engrenage duquel je ne pourrais sortir.

Je regarde une dernière fois mon être dans le miroir.

Je ferme les yeux. Cette fois, ils ont gagné.

copyright to Loïc Nottet - Dirty

OS - We all look DirtyWhere stories live. Discover now