Morte.

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La voix du directeur tremblait lorsqu'il passa l'annonce, il avait l'air affecté. C'est plutôt normal, tout le monde ici sait qu'il est un grand sensible.

Comme demandé nous nous sommes rendus dans la cour. Les professeurs avait pris le soin de déposer quelques fleurs près de l'arbre. De vulgaires planches de bois posées sur une télé servait d'estrade.

Nous attendions le discours d'un des profs ou du directeur. Quand M. Dod prit finalement la parole juché sur la petite estrade construite pour l'occasion.
"Merci d'être venu comme nous l'avions demandé, un long silence suivit cette courte phrase. Nous sommes tous affecté par la perte de ... Alice Wonder.
- ... non ... NON" Je venais de me mettre à hurler au milieu de la cour, des élèves. Mais personne ne m'entendait. NON ! Je ne peux pas être morte, ce n'est pas possible. Alors que je tentais de rassembler mes idées M. Dod continuait son discours.
"Votre camarade est décédé lors d'un accident de la route. Une voiture est entrée en colision avec le bus qui la transportait, provoquant ainsi la mort de tous les passagers et du conducteur."
NON ! NON ! NON ! Je ne suis pas morte, je suis là et toujours vivante ! Vendredi soir je suis rentré comme d'habitude ! Il faut que tout le monde le sache. Je commence donc à me frayer un chemin à travers les élèves pour atteindre l'arbre, où le discours se fait.

La chef des "demoiselles", Ashley, a commencé à parler à son tour :
" Mes amies et moi, on a beaucoup embêté Alice. Mais maintenant qu'elle est plus là, on est triste d'avoir... de lui avoir fait endurer tout ça .... Personne ne méritait ce qu'on a fait à Alice."
Je suis contente qu'elle pense ça, elle s'est enfin rendue compte de sa bêtise, mais c'est pas le moment d'exprimer ses remords puisque je suis VIVANTE.

J'arrive devant elle mais personne ne remarque ma présence, venant d'Ashley c'est logique mais les profs ? Je tente de pousser Ashley de l'estrade sur laquelle elle se trouve pour que tous les élèves m'entendent et me voient mais je passe au travers ... QUOI ?!? Comment ça je passe au travers ?!?! C'est pas normal ?!?
Les élèves sont libérés par M. Dod après un long, trop long silence en lâchant "Vous pouvez y aller". Je reste là, dépitée. Je viens de passer au travers d'Ashley.

Attends ... si je passe à travers Ashley, et que personne ne me voit ça veut dire que ... Je suis vraiment morte ?

Un flot de haine et de colère se déchaîne en moi et je me met à crier, à hurler. Je frappe les élèves, les profs, l'arbre mais mes mouvements partent dans le vide. Alors je me rabat sur les télés qui, elles, réagissent à mes attaques. Alors je les frappe le plus fort possible pour évacuer ma colère envers ce connard de chauffeur qui est rentré dans MON BUS ! Mon bus qui a été renversé alors que comme d'habitude, je rentrais chez moi. Je démolis les télés les unes après les autres mais je ne ressens aucune douleur physique, seule la colère motivent mes coups. Les "vivants" ont eu peur et on fuit la scène me laissant seule face à ma propre mort, mon destin, ma vie gâché en éclair.
Cela fait plusieurs heures que je tape, frappe et démolis ces télés pendant que je hurle. Les cours ont repris puis ce sont terminés, les élèves sont revenus dans la cour apeurés mais n'ont pas remarqué ma présence, étonnant ! La journée est finie le soleil se couche. Je monte en haut de l'arbre pour admirer le coucher de soleil. Ce spectacle a toujours eu le don de me calmer et aujourd'hui n'y fait pas exception.
La colère est passé.

Je dois trouver une solution maintenant que j'ai repris mon calme. Les souvenirs défilent dans ma tête comme un film pas forcément incroyable mais qui a le don d'émouvoir n'importe qui. Toutes ces images réveille en moi, un sentiment de nostalgie qui ne m'est pas naturel. J'ai la vague impression que mon décès n'était pas normal, ça n'aurait jamais pas dû arriver. Je ... je ... je dois revivre ! Je dois signaler ma présence d'une manière ou d'une autre ! Je me rend donc à la bibliothèque et cherche dans tous les livres un moyen de revivre.
Mais voilà plusieurs heures que je cherche mais aucune idée ne me convient. Dans quelques livres sataniques (va savoir ce que ça fait dans une bibliothèque scolaire), on parle de sacrifice pour ramener un mort mais il y a toujours d'autres vies à voler. Je ne suis pas égoïste au point de tuer des gens pour vivre alors ... je me suis fait une raison : Je suis morte. point.

Je dois avouer être déçue et triste, j'aurais pu accomplir de grandes choses comme devenir prof de maths, révolutionner le système scolaire! (chacun ses ambitions, perso aller sur la lune ça ne me tentait pas). Mais rien de tout cela ne sera fait. Je marche dans les couloirs du collège, la nuit est tombé, le bâtiment est calme, aucun bruit ne vient troubler le silence de la nuit. Mes pas ne font aucun bruit, je passe dans toutes les classes me remémorant l'époque révolue pendant laquelle Antoine embêtait la prof d'anglais, Liv' se la jouait rebelle de la classe, Mimi faisait tomber tous les garçons avec un sourire. Bref le bon vieux temps. Plus jamais je ne partagerai de moment avec mes camarades de classe aussi insupportable soit-il. Plus jamais Mme La Fontaine ne me felicitera pour mon travail. Plus jamais Maman ne m'encouragera à poursuivre mes rêves quoi qu'il advienne. Plus jamais ...

Finalement si c'est arrivé c'est que ça pouvait pas en être autrement. J'ai pris le temps de regagner ma maison à pied je ne sais pas exactement combien de temps c'est écoulé peut-être un jour ou deux. Mais le soleil qui commence à peine à se lever m'indique que nous sommes en début de journée et le calendrier affiche un mercredi. Ma mère ne travaille pas le mercredi pour pouvoir m'emmener à l'école car tous les mardis soir il y a une soirée pyjama chez Émilie, ducoup les "demoiselles" prenaient toutes le même bus que moi ! Par conséquent le flot d'humiliation arrivait avec. Alors ma mère avait eu la gentillesse de s'arranger avec ses collègues pour pouvoir m'emmener. Je monte dans sa chambre, elle ne dort pas. Elle regarde le vide. Je pense que je lui manque, ça me rend triste de la voir comme ça. Instinctivement je la prends dans mes bras. "Je t'aime" lui murmurait-je à l'oreille. Comme si elle avait entendu, elle sourit et ferme les yeux.

Voilà plusieurs semaines voir mois que je suis morte (c'est quand même bizarre de dire ça). Le temps n'a plus aucun effet sur moi et c'est agréable je peux veiller sur les gens que j'aime et tout observer ! (Ne pas mal interprété ces paroles) J'ai encore du mal à pigé quel objet je peux bouger ou toucher mais je mis fait petit à petit. Ma mère a eu du mal à passer le deuil mais elle va mieux, elle s'est lié d'amitié avec le directeur, Alfredo, un mexicain, qui a remarqué son organisation et sa façon de gérer tout ce qu'elle entreprend alors il l'a engagé comme assistante ... secrétaire ... personne ne sait vraiment ! Mais je le soupçonne d'être amoureux de ma petite maman. Les femmes de ménages sont mieux traitées et leur condition de travail sont moins désagréable grâce à l'appui de ma mère. Les "demoiselles" ne sont plus les "demoiselles", c'est un groupe d'amies soudées qui se soutient peu importe ce qui arrive. Elles sont en dernière année de lycée, elles savent qu'elles vont prendre des chemins différents mais elles espèrent garder contact. Ça me fait plaisir de les avoir vues grandir de cette manière (je parle un peu comme une maman là, non ?). J'ai revu Mimi, elle était très triste en apprenant la nouvelle de mon accident mais un jour "par le plus grand des hasards", elle a retrouvé sur son lit un vieux dessin de nous deux que je lui avait offert. Elle l'a serré dans ces bras et depuis il est accroché au dessus de son lit. Son petit ami l'a beaucoup soutenu durant son deuil et maintenant il forment un très joli couple. Hannah et Charles sont sortis ensemble pendant deux mois mais ça n'a pas duré, tanpis. Antoine rêve de devenir traducteur de l'anglais au français pour des films, comme quoi ! Tout arrive. Amélie a  réussi à mettre Liv' et Fatou ensemble. Le nouveau couple la taquine fréquemment au sujet d'Antoine, il lui plaît. Peut-être qu'un jour, ils seront ensemble.

J'ai rencontré de nombreuses âmes, il y a des gens sympa d'autre moins en fait c'est pas si différent de chez les vivants, la seule exception étant qu'on est extrêmement limité (on peut toucher et bouger très peu d'objet etc...). Mais je ne peux pas en dire plus, faudrait pas vous gâcher la surprise !

Voilà !
La mort, la vie, le deuil, tout ça c'est des choses qui me font très peur et auquel je réfléchis souvent. J'avais envie d'exprimer mes doutes dans une fiction.
J'espère que ça vous aura plu. N'hésitez pas à donner votre avis en votant ou commentant. Merci d'avoir lu, je vous fais des bisous !

PS: Toutes les images viennent du jeu-vidéo Everybody's gone to the rapture.

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