L'espoir est la plus grande des folies.

8. "On est tous dans la même merde..."

          Elana avait toujours été forte. Elle s'était toujours montrée sûre d'elle et sans faiblesse. Elle n'avait jamais flanché, et avait même toujours encouragé les quatre autres adolescents. Elle n'avait jamais montré aux autres qu'elle était terrifiée ou quand elle paniquait. Elle représentait un pilier pour eux, étant toujours présente pour les soutenir. Toutes ses actions étaient pour eux. Elle ne pensait pas à elle en premier lieu. Elle faisait tout pour les rendre soudés, pour les apaiser, pour alléger la peur et la panique... C'était pourquoi elle taisait toutes les questions qui inondaient sa tête. Elle ne voulait pas les inquiéter davantage.

          Cependant, même la personne la plus forte du monde ne pouvait pas tout supporter. Et Elana avait beau avoir un mental d'acier, elle n'était pas invincible, et il y avait bien un jour où elle allait craquer. Elle faisait son possible pour que ce jour n'arrive pas, mais c'était impossible. Et ce qu'ils avaient entendu avait été la goutte d'eau qui fit déborder le vase. La discussion entre le maire et la femme du villageois l'avait perdue. C'était comme si elle refusait à son esprit de comprendre ce que ça voulait dire. Elle avait le sentiment qu'il y avait un début de réponse à toutes leurs questions dans cette conservation, mais elle refusait de la chercher.

          Elle avait peur. Elle était même terrifiée. Elle savait que la réponse aux interrogations qu'ils avaient depuis le début n'allait pas leur plaire. Et elle préférait prendre la fuite plutôt que d'affronter quelque chose qu'elle ne pourrai pas vaincre. Ce n'était pas son genre de fuir les problèmes, mais pour la première fois de sa vie, elle ressentait de la panique en elle. Et la situation dans laquelle ils étaient n'allait pas l'aider.

-Qu'est-ce que- Commença Arthur en voyant les cinq adolescents dans le salon.

-Mon mari !! S'écria la veuve en voyant le corps par terre. Ne le touchez pas !

          Ils étaient fait comme des rats. Marc avait ouvert la fenêtre du salon en grand, prêt à partir, mais c'était trop tard. Seulement quelques enjambées les séparaient. Et les deux adultes n'avaient pas l'air de vouloir les laisser partir. Ils ne savaient pas ce qui pourrait se passer si jamais ils se faisaient attraper. La femme avait bien l'air de vouloir les tuer tous les cinq. Et si jamais elle tentait quelque chose, ça n'allait certainement pas être Arthur qui les défendrait.

          Le bras de la blonde fut soudainement sauvagement agrippé par la veuve, étant la plus proche d'elle. La femme avait une mine enragée sur le visage et avait l'air de vraiment vouloir la tuer, lui faire regretter d'être ici, d'être venue au jour. Et à ce moment-là, prise dans la panique, Elana ne réfléchit pas. Sa peur prit le dessus sur sa raison une bonne fois pour toute. Elle essaya vivement de se retirer de la poigne de fer de l'adulte, mais sans succès. Et en voyant la veuve sortir un couteau de poche, elle ne put s'empêcher de crier de terreur. Elle voulait la repoussait loin d'elle, et en faisant le geste avec ses bras, ce n'est pas le corps de la femme qu'elle sentit mais plutôt de l'air. Comme si le vent venait d'accompagner ses mouvements pour propulser les deux adultes loin d'eux.

          Peut-être un peu trop loin d'eux par contre... La plus touchée avait été la veuve, étant la plus proche de la source du vent. Elle avait été projetée à l'autre bout de la maison, et le maire était étendu sur le sol, une dizaine de mètre plus loin. Avec la force de l'air, ils étaient tous les deux inconscients.

-Elana...? L'appela Liam craintivement. C'est toi qui...

          Il ne finit pas sa phrase en voyant l'état de la blonde. Elle était essoufflée et respirait très rapidement, comme si elle faisait de l'hyperventilation. C'était la première fois que son pouvoir se déclenchait. Jamais elle ne l'avait utilisé, et elle se sentait très mal à présent. Comme si un poids venait de s'installer sur elle. Elle craignait le pire.