Trois jours en enfer

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Cela faisait environ quatre ou cinq jours que Nina était de retour en France et elle en avait encore pour deux longs mois entiers. Lorsqu'elle était arrivée chez ses grands-parents, elle avait passé un rapide appel skype à sa famille restée à l'île Maurice, les rassurant sur le fait que tout c'était bien passé. Elle faisait exprès de parler en créole mauricien pour ne pas que les autres autour, et spécialement William, ne comprennent pas un traite mot. D'ailleurs, elle n'oublia pas de se plaindre de celui-ci en disant à quel point il l'insupportait à être aussi aimable avec tout le monde ici et leur raconta qu'elle ne lui adressait jamais la parole et préfèrait l'ignorer. Cependant, sa mère la rappela à l'ordre en lui faisant comprendre qu'il ne fallait pas agir ainsi en vers lui puisqu'il n'avait rien fait de mal et surtout, qu'elle ne le connaissait pas encore. Elle insista bien sur le fait que Nina devait se resaisir et se comporter comme une adulte de vingt - cinq ans.
Celle-ci fut agacée de la tournure que prenait la conversation et se résigna à écourter tout ceci et raccrocher. Deux idées se livraient bataille dans la petite tête de la jeune métisse ; d'un côté, elle se disait qu'il fallait qu'elle donne peut -être une chance à William et qu'il n'avait pas l'air si mauvais que ça mais d'un autre côté, et ça, elle ne pouvait l'expliquer, elle était jalouse de lui et de l'intérêt qu'on pouvait lui porter et puis, Nina n'était généralement pas du genre à apprécier les gens qu'elle ne connaissait pas. C'était toujours comme ça avec elle et ceci l'empêchait souvent de prendre de bonne décision.
Nina était remplie de défauts et ne laissait paraître que ceux - ci, ne laissant pas la chance aux autres de voir qui elle était vraiment. Personne n'avait encore eu le privilège d'être touché par les qualités dont elle savait faire preuve. Sa douceur et sa clémence étaient simplement en attente de la bonne personne qui viendrait tout débloquer chez elle.

La petite brune était assise la table de la salle à manger. Elle referma son ordinateur portable, se leva et le glissa sous son bras. Elle sortit du salon, passa dans le couloir et elle croisa William. Il lui fit un léger sourire mais celle-ci n'y répondit pas, elle fonça tête baissée dans sa chambre en claquant la porte.
Une fois dans sa chambre, la métisse posa son PC sur son bureau puis elle se jeta sur son lit et se recroquevilla sur elle-même.
Elle était énervée après sa mère car elle ne lui avait pas donné raison. Ah. Son sale caractère que tout le monde adorait tant.
Elle se résigna à continuer d'haïr sans aucune raison valable ce pauvre William qui n'avait vraiment rien fait pour mériter tout ça. Des petites larmes commencèrent à ruisseller sur son visage déformé par le chagrin. Elle rapprocha ses poignets de son visage, cachant la moitié de celui-ci avec.

Ses grands-parents n'étaient pas là, ils étaient sorti faire des courses et son père était retourné chez lui. Elle se laissa donc aller et lâcha toutes ses larmes, sans se retenir de faire entendre ses pleurs. Elle oublia l'espace d'un instant la présence du blond peroxydé et commença à se tourmenter en se rappelant chaque détails de son passé amoureux. Elle se rappela en particulier de Dael, celui qui lui avait fait le plus de mal. Après leur séparation, il lui avait fait plusieurs fois espérer qu'ils pourraient recommencer tous les deux. Elle avait versé tellement de larmes pour lui à cause du manque, de la distance et des faux espoirs qu'il faisait germer en elle.
Les souvenirs la déchira de nouveau, réveillant des plaies qui n'étaient pas encore totalement guéries.

Elle était tellement bruyante que William finit par l'entendre. Il se demanda en premier lieu ce qu'il pouvait bien lui arriver, si elle ne s'était pas blessée ou quelque chose de ce genre là. Il se positionna donc devant la porte de la mauricienne, l'écoutant d'abord déverser toute sa peine à travers ses pleurs. Il fallait l'avouer ; la savoir dans un état pareil, malgré ce qu'elle lui faisait vivre, lui faisait un léger pincement au coeur. Il voulait tenter de la rassurer et de l'aider, alors il toqua une première fois. Il n'obtint pas de réponse. Il toqua alors une deuxième fois. Toujours pas de réponse. Il prit alors une grande inspiration et ouvrit la porte et découvrit Nina, qui n'avait pas bougé, toujours repliée sur elle même, les genoux qui lui touchaient presque le menton. Il resta longuement debout, devant son lit, l'observant pleurer. Il ne savait pas quoi faire et avait au fond de lui, peur qu'elle le repousse une nouvelle fois. Il réfléchi un instant et s'asseya juste à côté de Nina.
Celle-ci ne sourcilla pas, elle resta là sans bouger. Elle savait que William était là mais elle ne préfèrait rien dire.

"-Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi? Lui demanda le jeune homme."

Elle ne lui répondit pas et elle se tourna de l'autre côté du lit, pour ne pas avoir à lui faire face.

"-Nina ? S'il te plaît.. Je ne sais pas pourquoi tu me détestes autant mais si je peux faire quoi que ce soit pour..

-Tais toi. Lui répondit - elle en lui coupant la parole, elle avait subitement arrêté de pleurer.

-Pardon ? Attends, Nina ça suffit. Tu me prends vraiment pour un chien. Moi qui voulais t'aider. Tu crois que je suis un connard ou quoi ? Tu as atteint les limites de ma patience.

-Je t'ai dis de te taire ? Tu ne le comprends pas ? Tu es beaucoup trop stupide pour te rentrer ça dans le crâne ? Et laisses moi tranquille, sors de ma chambre immédiatement. Lui dit la brune en se redressant et en se tournant vers lui, le regardant dans les yeux.

-Continues de me parler comme ça tu vas voir toi. Tu ne sais pas qui je suis et tu ne sais absolument pas ce dont je suis capable quand je suis énervé alors, arrête avant que tout cela ne dérape.

-Tu apprendras que m'interdire a toujours l'effet inverse."

La jeune femme suréleva sa main en la dirigeant vers la joue de William s'apprêtant à le gifler. Mais celui-ci, possédant de sérieux réflexes, l'esquiva en repoussant son bras à l'aide de la tranche de sa main droite. Nina fronça les sourcils et elle tenta de lui donner un coup de poing dans le ventre, mais le blond lui attrapa le poignet et le tira vers lui, la forçant à se rapprocher de lui.
Ne sachant plus quoi faire, la brune le plaqua contre le lit, l'allongeant complètement sur le dos, s'assit sur lui et elle lui bloqua les mains en serrant ses poignets de chaque côté. Elle le regardait de son air hautain et lui, ne savait pas vraiment comment réagir. La position dans laquelle ils étaient était délicate et il ne savait pas vraiment ce que Nina faisait. Elle non plus d'ailleurs n'avait aucune idée de ce qu'elle venait de faire.

William qui avait fermé la porte derrière lui précédemment, ne s'attendait évidemment pas à ce que Nicole rentre dans la chambre sans frapper avant ça.
Elle les regarda d'un oeil interrogateur, soupçonnant immédiatement qu'il se passait quelque chose entre ces deux là. Puis elle secoua sa tête de gauche à droite, se disant que cette idée était impossible puisque deux heures avant ça, Nina aurait été capable d'assassiner William. Elle fit abstraction de ça et annonça enfin ce qu'elle avait à dire.

"-On vient tout juste de rentrer et on va passer trois jours à Toulouse chez ton oncle. Vous ne pouvez pas venir, vous vous ennuyerez beaucoup trop. On a déjà prit nos billets. Vous resterez tous les deux ici hein. On y va demain. Voilà c'est tout, je vous laisse à vos.. occupations."

La métisse relâcha son emprise de William et elle se releva, la mine déconfite.

"-Bon et bien, c'est parti pour trois jours en enfer je suppose. S'exclama la jeune femme."

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 18, 2017 ⏰

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A Mauritian Dream.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant