La vie de Léonard est faite de noms de plantes.
Et de plein mots latin.
C'est peut-être les seules choses constantes, dans sa vie.
Parce que Léonard, il ne sait pas ce qu'il veut.
Mais il sait ce qu'il ne veut pas.
#32 dans Nouvelles (22.07.17)...
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En rentrant de l'école, le petit Léonard aimait beaucoup faire la course avec son meilleur ami Simon. Ils partaient depuis la plus haute bute, et dévalaient les champs de lavande à grands cris de joie et d'explosions de rire. Il n'était pas rare que l'un des deux enfants tombe, son visage se brunissant soudainement de terreau, ce qui ne l'empêchait pas de continuer de plus belle.
Comme beaucoup d'hivers dans les terres méditerranéennes, les mois étaient pluvieux, rendant impossible les jeux d'extérieur. La mère de Léonard avait beau lui répéter, maintes et maintes fois, rien n'y faisait : il ne pouvait se résoudre à ne pas jouer. Avec Simon, ils jouaient à cache-cache dans le distilloir d'Eiffel, entre les cuves et les alambics en cuivre. Ces grosses machines ne faisaient pas peur à l'intrépide petit garçon, bien au contraire : elles amenaient des cachettes fabuleuses et permettaient d'apercevoir, par le reflet, si quelqu'un arrivait.
On ne pouvait pas en vouloir au petit Léonard, du haut de ses un mètre dix et de ses sept ans et demi, de vouloir profiter encore un peu de son innocence. De sa pureté, de la douceur de son âme qui seront, tôt ou tard, épris par la parfumerie de sa famille sur les hauteurs de Grasse.
La joyeuse tête blonde était née au milieu de la lavande, de la bergamote et du jasmin, s'offrant dès le plus jeune âge aux essences pures. Il était devenu incollable sur les plantes, emportant partout avec lui son herbier boisé. Pour aller à l'école, Léonard traversait les immenses collines violettes de sa famille, et il était courant de le voir arriver avec des brins de lavande coincés entre ses cheveux de soleil.
Léonard respirait la joie et l'insouciance, la curiosité et l'impatience. C'était un amoureux de la vie, un explorateur des souvenirs.
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