Par la fenêtre

Partie 17

Je me frottai nerveusement les mains en attendant devant la porte. Le cliquetis de la montre résonnait comme un écho. 23h30. Bien que tout s'était enchaîné relativement vite, les différentes paperasses administratives avaient ralenti l'échéance. Chaque minute me paraissait bien trop longue même si je savais que tôt ou tard elle serait là...Mon stress m'obligea à faire un énième tour dans ma demeure. Je partis donc à la recherche d'objets dangereux que j'aurais pu laisser traîner dans le coin, précaution qui m'avait valu de déloger les petits couteaux que j'avais caché un peu partout. Manies flics.

Je passai devant le miroir accroché dans mon hall d'entrée. Je me reconnaissais à peine, certes mes nuits se faisaient plus réparatrices qu'auparavant, mais la fatigue des autres jours, la caféine et le tabac à profusion avaient marqué mon visage. Je passai la main dans mes cheveux et je me souris. Tentative bien veine.

Tu as des progrès à faire mon vieux...

Pourquoi étais-je autant tendu ? De mémoire, je n'avais jamais ressenti un tel niveau d'émotion. Je voulais que tout soit parfait pour elle, qu'elle arrive dans les meilleures conditions possibles pour faciliter son intégration dans mon monde. Une tornade d'excitation et de stress s'entrechoquait perpétuellement en moi, me maintenant éveillé comme un drogué sans sa came. Pour être honnête, j'étais encore sous le choc. Le commissaire avait directement reçu le Docteur Domont dans son bureau et m'avait gentiment congédié le temps qu'il puisse lui parler. Ils étaient restés 1 heure et 42 minutes à discuter sérieusement, et j'étais donc resté 1 heure et 42 minutes à observer la porte fermée. Je n'avais ni fumé, ni pris de pause, ni même bougé de mon emplacement. Quand elle s'était ouverte, le commissaire m'avait tendu un papier signé par le médecin, une sorte de contrat, stipulant que j'étais la meilleure personne pour garder un œil sur Rose. Je devenais un tuteur temporaire en quelque sorte. Un paragraphe avait été ajouté par le commissaire, celui-ci détaillait la méthode de surveillance employée pour la protection du témoin mais aussi la mienne... J'avais mis quelques temps à réaliser ce qu'il se passait devant mes yeux. J'avais relu et relu chaque page du contrat bien conscient dans quoi je m'embraquais mais en signant, je savais pertinemment que j'avais accepté les termes et les risques encourus. Mon commissaire n'avait rien ajouté, juste une simple "bonne chance" plutôt glaciale et s'en était retourné à ses occupations.

Ici, tout était prêt. Ma maison, mon nid, mon refuge, allait devenir le sien et cela me rendait heureux. J'avais cette drôle d'impression de retrouver enfin ma place, que je devais être là où je devais être pour la première fois de ma vie. Ce n'était pas quelque chose d'habituelle chez moi, ce sentiment était même inexistant dans ma vie. Comment cette jeune femme aux allures d'enfants pouvait-elle exercer un tel effet sur moi ?

Une lumière filtra à travers les volets et un bruit de terre se fit entendre. Ma montre n'avait avancé que deux minutes pourtant j'avais l'impression d'avoir vécu une éternité d'attente. Je sortis sous le porche et attendis que la voiture de Maxence s'arrête dans mon allée avant de le rejoindre. Il m'apparut rayonnant de bonne humeur, un sourire étincelant sur son visage. Mon regard cherchait éperdument ma protégée.

- Elle dort rassure toi je ne l'ai pas perdu en chemin, me dit-il dans un chuchotement

- Elle n'a pas eu trop peur ?

- Peur ? tu rigoles quand je lui ai dit que je l'amenais ici elle n'a pas arrêté de me parler de toi. Une vraie pipelette cette gosse ! Elle a juste eu beaucoup de mal à sortir de sa chambre. Puis de l'hôpital... Elle était sacrément traumatisée.

Cette révélation me fit grimacer mais je préférai retenir la première information : elle était heureuse de venir ici. Rose était en effet étalée sur la plage arrière de la voiture en position de fœtus, suçant son pouce comme une enfant de 5 ans. Ces cheveux lui dissimulaient la moitié de son visage mais je pus apercevoir des traits emprunts de sérénité.