"Un océan est une sorte de lac aussi grand qu'un pays. Au lieu des terres, il y a de l'eau, et cette eau est aussi profonde que les montagnes sont hautes. Elle est pleine de poissons, certains énormes, aussi gros que cet immeuble." Tom Rob Smith
La jeune fille l'a longtemps adorée, cette comparaison comme quoi le temps était comme la mer.
Éternelle, s'écoulant plus vite que l'on peut le penser...
- Le temps s'écoule comme la mer, et les chutes c'est la fin. Tu ne comprends rien à rien... me disait-elle lac-oniquement.Moi je ne partageais pas son avis.
- Peut-être que le temps s'écoule mais à tant parler de lui, on le perd. Non, le temps est à la fois trésor et tyran. Il ne peut n'être qu'une fade étendue d'eau vaseuse et sale.La jeune penseuse me regardait étonnée.
J'aimais quand son visage s'éclairait, au moment où elle comprenait qu'elle m'avait sous-estimé. Malheureusement sa moue boudeuse habituelle revenait au galop assombrir son charmant minois.- Tu n'as donc aucune notion de philosophie ? Comme tu es terre à terre ! s'écria-t-elle courroucée
- Et toi, que crois-tu? demandais-je narquoisement. À rêver de tant et temps d'eau ta peau finira toute fripée...
- Eurêka !!! Tu viens de perdre la partie, et tu as toi même tirée cette balle qui s'est logée dans le cœur de ta pâle théorie ! Comme le temps, l'eau fripe la peau si on y reste trop longtemps ! Preuve incontestable de mon génie !
- J'avoue que l'argument est... original. marmonnais-je.
- "Essaie encore. Échoue encore. Échec profitable." Samuel Beckett. Dit la jeune fille triomphante.
Je la regardais en souriant devant son air joyeux.
Bien qu'elle dise adorer l'eau elle me donnait l'impression d'être une petite flamme vive et orangée, que rien ne pouvait éteindre.
Et cette petite flamme farceuse venait de me brûler les doigts...
