Je ne pouvais pas la sortir de ma tête. Peu importe ce que je faisais, où j'étais et avec qui, rien ne changeait, je pensais toujours à elle . Jennifer ne quittait jamais mon esprit. Je ne voulais pas penser tout le temps à elle mais la moindre chose me rappelait des moments passés à ses côtés. Je la voyais toute la journée alors pour l'oublier c'était assez compliqué. On se croisait dans les couloirs, à la cantine, en classe. Les gens parlaient d'elle ou parfois je m'imaginais sa douce voix. Elle était partout autour de moi. Après Thanksgiving j'avais essayer de me faire distant. Je ne lui envoyais plus de textos, plus aucun snaps, je ne la mentionnais plus sous des vidéos sur Facebook ou Instagram... J'essayais de m'éloigner pour ne pas me faire d'espoir. Parce qu'espérer est le pire sentiment. Je savais ce que c'était de vouloir qu'une chose arrive. J'avais passé toute ma scolarité à vouloir des amis. Mais je savais également que la douleur de ne rien voir changer était horrible.

Les jours passaient et se faisaient de plus en plus court. Les températures commencèrent à baisser même si elles se rapprochaient de dix-sept degrés. Le bal d'hiver approcha. Au lycée les premières affiches furent affichées dès le premier décembre. À partir de là, il nous restait une vingtaine de jours pour trouver une cavalière, un costard, une voiture et les tickets d'entrée. A la base, j'avais prévu d'inviter la sublime Jennifer, mais ça aurait définitivement ruiné ma tentative d'éloignement. En fait, j'ai réussi à rester loin d'elle pendant plus d'une semaine. Apres ça, nos conversations tard le soir me manquaient. En réalité, peut être qu'elle me voyait vraiment comme un garçon gay. Elle savait que je n'avais jamais eu de copine donc peut être qu'elle pensait que j'étais attiré par les garçons. Ou alors peut être que c'était Ca le problème. Elle en savait probablement trop sur ma vie. Il fallait que je change tout. Elle devait me voir comme un vrai mec pas comme gars de seize ans qui lui parle de sa désastreuse vie amoureuse. J'allais prendre ma vie en main.

Le treize décembre, je décidai de l'inviter au bal. J'aurais très bien pu faire comme tous ces gens qui créaient des banderoles, des pancartes et des messages extrêmement romantiques , mais 1) je dessinais comme un poney avec un membre atrophié, 2) je n'avais pas le temps et 3) les gens qui faisaient des trucs comme ça étaient sûr et certains d'avoir un "oui" à la question "tu veux être ma cavalière ?".
Moi j'étais plus du genre à envoyer un bout de papier en cours avec des réponses du genre:
" tu m'accompagnes au bal ?
A: puisque personne ne m'a invité, alors oui.
B: va te faire foutre/ t'es moche.
C: invite plutôt la meuf avec les cheveux vert."
Bien évidement je n'ai pas envoyé de mot de ce genre. Même si je suis sûr qu'elle aurait rit.
Non, je me disais qu'il fallait que je lui demande en face. Prendre mon courage à deux mains et dire "Jennifer accompagne moi au bal" avec une voix virile et sensuelle comme l'aurait probablement fait George Clooney.
Petit problème, je n'étais pas George Clooney, je n'avais pas sa confiance et surtout pas son porte-feuille.
Donc le treize décembre était le jour où j'invitai Jennifer Frank au bal d'hiver. J'avais prévu de la voir à son casier et de lui proposer simplement. Seulement, tout le monde sait que rien ne se passe jamais comme prévu et ce jour là je n'avais pas vu Jenn ni à son casier, ni même dans le couloir. Pendant toutes mes heures de cours de la matinée, je m'imaginais comment elle allait pouvoir me remballer publiquement, avec gentillesse ou sans tact ?  Alors je regardais les aiguilles de l'horloge tourner. Quand la cloche sonna pour annoncer l'heure du déjeuné, mon estomac se serra. En sortant de la salle de classe, je regardai mon téléphone. Il affichait un message de Jenn: "on est au réfectoire ".
Je partis en direction de la cantine, fis la queue pour mon repas puis m'avançai en direction de notre table. J'aperçu Jennifer au milieu d' Emily et Marco. Elle souriait, comme d'habitude. Chaque pas que je faisais me rendait de plus en plus nerveux. Je posai mon plateau sur la table. M'assis. Marco, Jennifer et Emily me saluèrent. Je commençai à manger le ventre noué de stress. Je posai ma fourchette. Pourquoi attendre ? C'était le bon moment !

- Est ce que tu veux m'accompagner au bal ? Dis je. 

Il y eu un silence. Un malaise se créa en l'espace d'une seconde. Jenn me regardait droit dans les yeux. Mon cœur battait à trois mille. J'avais l'impression de vivre les secondes les plus longues de ma vie.
Elle continuait à me regarder. Un rictus apparue sur son visage, puis un sourire qui dévoila une fossette sur sa joie gauche.

- Oui ! Avec plaisir !

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