Chapitre 7: Le regard a quelque chose de traître

484 20 9
                                    



Seven bailla sans retenue en s'enfonçant sur sa chaise : cela faisait maintenant vingt minutes qu'elle attendait en silence dans le bureau d'Erwin et elle se demandait encore pourquoi elle était là. Elle observa quelques minutes la pièce : un gigantesque tapis bleu et argent trônait au milieu, les meubles étaient en bois noir et deux bannières du bataillon d'exploration étaient disposées de chaque côté de la gigantesque fenêtre située derrière le bureau d'Erwin. Seven les détailla un instant: une bande argentée entourait l'intérieur bleu azur des bannières. Le blason du bataillon était brodé en leur milieu : une aile bleue foncée et une aile blanche se croisaient devant un écu argenté. Seven esquissa un sourire: "ce blason a quand même de la gueule" se dit-elle mais elle se demandait encore comment ces ailes de la liberté pouvaient attirer des gens à s'engager vers une mort certaine. Seven ne comprenait pas ce qui pouvait pousser une personne à devenir soldat pour sauver l'humanité, elle qui la méprisait presque. Elle avait connu tout ce que les hommes étaient capables de faire et, surtout, à quel point ils étaient lâches : n'était-ce pas pour ça qu'elle était devenue tueuse à gage? Pour s'occuper du travail à la place de quelqu'un d'autre, trop faible pour tuer de ses propres mains?

Seven souffla bruyamment, cherchant l'attention d'Erwin, assis à son bureau, écrivant quelques missives. Elle aurait juré avoir vu passer l'ombre d'un sourire sur ses lèvres mais il restait toujours concentré dans sa tâche. Alors, Seven tourna la tête et fixa Livaï, assis sur le divan à sa droite. Sa tête était légèrement penchée sur le dossier et ses jambes tendues en avant : on aurait presque cru qu'il dormait.

Ses cheveux fins tombaient sur ses oreilles, dégageant ainsi son front. Il avait un visage lisse et doux, malgré l'aura sépulcrale qu'il dégageait, et une mâchoire fuselée. Ses cheveux couleur ébène contrastaient avec sa peau claire. Ses yeux étaient clos, mais on distinguait sans peine ses sourcils fins et légèrement froncés. Ses lèvres n'étaient pour une fois ni pincées ni boudeuses, signe que le jeune homme devait être détendu. Sa poitrine se soulevait à un rythme lent et régulier. Même si il n'était pas très grand, on devinait sous ses vêtements que Livaï était musclé et élancé. Seven avait déjà aperçu le jeune homme de nombreuses fois, mais elle n'avait jamais eu l'occasion de le détailler aussi précisément. Elle ne s'aperçut que maintenant pourquoi il était si connu, dans les Bas-fonds : en plus d'être un redoutable adversaire, il devait être incroyablement charismatique. Il lui faisait un peu penser à un corbeau, avec ses cheveux noirs et son nez pointu.

Sans que Seven ne s'en rende compte, trop perdue dans sa contemplation, Livaï avait rouvert les yeux et l'observait également.

Sa peau était encore plus claire que celle de Livaï, qui avait connu le soleil depuis plus longtemps qu'elle. Sa bouche était sèche et colorée de sang : Seven avait dû se mordre les lèvres encore et encore pendant ses jours de détention, où l'eau s'était faite rare. Sa bouche qui semblaient constamment se retrousser en un rictus malicieux, était là entrouverte, révélatrice d'un certain relâchement de la part de Seven. Ses cheveux blonds platines étaient noués en une longue tresse qui retombait au niveau de ses reins. Quelques mèches rebelles et ondulées encadraient son visage anguleux et tombaient devant ses yeux presque bleus nuit dont Livaï semblait percevoir quelques reflets améthystes. Il fronça les sourcils : il avait déjà vu ce même regard vif et déterminé dans les Bas-fonds...mais en quelles circonstances?

Pendant que les deux jeunes gens se détaillaient mutuellement, Erwin s'était arrêté pour les observer tous les deux. Il crut d'abord qu'ils se toisaient mais s'aperçut bien vite que ni l'un ni l'autre ne semblait s'apercevoir de la situation. Ou peut-être que si, car Livaï paraissait avoir bien remarqué le regard concentré de Seven et tentait de l'éviter le plus possible. Cette situation amusa beaucoup Erwin, qui attendait patiemment qu'un des deux se réveille de cette langueur et la réaction qui allait suivre.

Une Impression de Déjà-Vu... ( LivaïxOC - SnK)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant