Chapitre 4: Le sommeil n'est pas un lieu sûr

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Seven arrivait à peine à le croire : elle avait réussi. Elle échappa un éclat de rire tandis qu'elle redescendait quatre à quatre l'escalier menant aux Bas-fonds. Et alors qu'elle pensait enfin retrouver sa tranquillité d'antan, elle reçu une vive douleur dans le dos. Puis une autre. "Des flèches" conclu t-elle. Alors, ses jambes s'effondrèrent et elle roula dans les escaliers. Seven croyait qu'elle n'allait jamais s'arrêter. Elle ne sentit bientôt plus que la souffrance de sa chute interminable et sentit tout espoir la quitter. Elle ferma les yeux, perdit connaissance...

Et se réveilla en sursaut. Elle cligna des yeux plusieurs fois et regarda autour d'elle : elle se trouvait dans le noir complet, et seul un léger filet de lumière lui rappela où elle se trouvait : dans le placard de la chambre d'Erwin Smith. Elle avait dû s'endormir à cause de son long périple éprouvant, et s'en voulu. Mais quelle heure était-il? Était-elle restée toute la nuit dans ce placard, serrant sa dague contre sa poitrine? Elle n'osait ouvrir la porte de l'armoire. Par conséquent, elle tendit l'oreille, pour la dixième fois de la journée : elle entendait une respiration régulière au loin et le bruit de pages que l'on tournait. Seven fut soulagée : elle ne s'était sûrement pas endormie trop longtemps puisqu'Erwin, enfin elle supposa que c'était lui, n'était pas couché. Elle jeta un coup d'œil à l'extérieur : l'orage avait cessé, et les étoiles se profilaient derrière les nuages. C'était la première fois qu'elle les admirait d'aussi près et elle les trouva encore plus magnifiques ainsi accompagnées de la lune. Elle espérait secrètement qu'Erwin ne l'ai pas trouvé entrain de dormir, Livaï l'ayant déjà prévenu du comportement suspect d'un des soldats. Si c'était le cas, elle n'en avait plus pour très longtemps.

Puis, Seven entendit le bruit crispant d'une chaise qu'on tire sur le sol : Erwin devait s'être levé. Elle rentra rapidement la tête dans l'armoire et referma la porte. Elle perçut les claquements des bottes sur le sol de pierre, puis le froissement du tissu : il devait être entrain de retirer son uniforme. La jeune fille n'osa l'épier : elle attendrait qu'il soit couché et qu'il ait éteint la lumière. "J'espère qu'il a le sommeil profond..." se dit-elle. Mais, à tous les coups, sa responsabilité de protecteur de l'humanité ainsi que la perte de ses hommes au fil des expéditions devait le torturer au plus haut point. Seven aurait bien voulu soupirer, blasée. La mercenaire distingua ensuite le bruit d'une douche. Elle fronça les sourcils : sa patience avait des limites, et sa cible ne se faisait que trop désirer. Elle resta alors encore quelques minutes en boule au fond du placard, réfléchissant à la suite. Par où s'échapperait-elle? Il y avait t-il des gardes qui arpentaient la bâtisse? Croiserait-elle encore Livaï? Il fallait qu'elle réfléchisse vite à tous les scénarios possibles pour avoir le plus de chance de s'en sortir. Et encore, si elle survivait à cette mission cela tiendrait du miracle. Seven serra les poings : elle n'avait pas encore eu le temps de repenser à tout ceci avec toute l'excitation qu'avait engendré ce saut dans l'inconnu et l'épuisement des heures de marche. Elle voulu crier pour expulser sa colère, se précipiter hors de sa cachette et enfoncer sa dague dans le cœur de sa cible. Mais pendant qu'elle se tirait des plans sur la comète, elle entendit des bruits de pas revenir dans la chambre. Enfin, elle entendit le froissement de draps et un corps se glissant dedans. Seven enviait énormément le soldat: elle aussi aurait voulu d'un bon lit.
Après d'interminables secondes, la lumière provenant probablement de la flamme d'une bougie s'éteint et seul les rayons de la lune éclairèrent la chambre sombre.

Seven attendit encore pendant ce qui lui sembla être une heure pour que le Major s'assoupisse et quand elle reconnu ce qui lui sembla être le souffle lent et régulier d'une personne endormie, elle sortit doucement de son refuge : ses membres étaient engourdis d'avoir trop attendu. Elle resta planté un moment au milieu de la chambre, fixant la tête blonde de l'homme couché. C'était la première fois qu'elle voyait le visage d'Erwin, éclairé par les seuls rayons argentés de la lune: il possédait un visage allongé, un mâchoire bien dessinée, un front lisse et d'épais sourcils. Son nez droit se terminait par des lèvres charnues et boudeuses. "Il est beau." concéda Seven.

Ayant fini son inspection, la chasseuse de primes s'approcha à pas de loup et tendit sa dague, prête à trancher cette jolie gorge. Elle retint son souffle un instant et se figea quand Erwin bougea en lâchant un soupir : il était forcément endormi. Ou il jouait très bien la comédie. Seven se décida enfin à cesser ce petit jeu et se jeta sur l'homme, un sourire carnassier gravé sur ses lèvres. Mais alors que le fil de sa lame s'apprêtait à s'enfoncer dans la chair tendre, une main agrippa ses poignets et la jeune fille fut projetée en arrière.

Et merde.

Quand elle releva la tête, une ombre gigantesque se tenait devant elle, accompagnée d'une plus petite. Deux contre un dans un endroit clos. Elle n'avait aucune chance. Elle jeta un regard à la fenêtre : fermée. Un autre vers la sortie : impossible, la deuxième silhouette bloquait le passage. Seven fit mine de se relever pour s'enfuir et, alors que les deux hommes se précipitaient sur elle, elle balança son couteau qui effleura le visage d'Erwin. Très vite, elle se retrouva de nouveau face contre terre. Son agresseur appuya tout son poids contre elle, mais elle avait plus d'une corde à son arc. Alors que ce dernier se penchait vers son visage, elle balança sa tête en arrière et percuta le menton de son assaillant. Il lâcha prise dans un gémissement de douleur et Seven se précipita vers la sortie, lâchant un gloussement narquois. Les deux hommes se lancèrent à sa poursuite. Elle attrapa au passage une torche pour se défendre et dévala les escaliers menant vers le deuxième étage. Tout ce capharnaüm commençait à réveiller les soldats : il ne lui restait que peu de temps pour fuir.

Les soldats levés la regardait courir, interloqués : ils n'avaient aucune raison de l'arrêter, elle portait le même uniforme qu'eux. Ils ne commencèrent à agir seulement quand Livaï déboula de l'autre côté du couloir en criant :

- "Arrêtez-la bande d'attardés!"

Et alors tout le monde s'activa. Bientôt, Seven eut une dizaine de soldats à sa poursuite. Elle ricana.

- "Tout ça? Pour moi? C'est trop aimable!" balança t-elle.

Mais alors qu'elle atteignait l'escalier menant au rez-de-chaussé, un homme lui fit face. Avec un rictus mauvais, il lui susurra:

- "C'est terminé m..."

Seven lui assainit un coup de torche et il s'écrasa par terre en se mordant la langue. La fugitive continua sa course, assommant les quelques soldats qui l'atteignaient. Mais elle était trop rapide : elle n'avait que trop l'habitude des courses poursuites. Cependant, alors que la porte menant vers l'extérieur n'était plus qu'à quelques mètres, une ombre déboula sur sa gauche et la plaqua violemment au sol. La torche vint s'échouer avec fracas un peu plus loin, provoquant de nombreuses étincelles. Seven savait que, cette fois-ci, c'était perdu. Elle daigna ouvrir les yeux en détendant ses muscles, et reconnu l'homme au-dessus d'elle. Elle se mordit la lèvre inférieure, retenant son hilarité, et déclara:

- "Re-bonsoir, Caporal."

Une Impression de Déjà-Vu... ( LivaïxOC - SnK)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant