Les Maraudeurs entrent en scène
Remus
J'ai mis une éternité à me relever. Les éclats de vitre gisaient toujours au sol mais le loup-garou était parti depuis longtemps. Il faisait nuit à présent, une nuit de pleine lune. Mon père était penché sur moi. Son front, soucieux, était parsemé de rides et il sentait le café plus que jamais. Il m'a pris comme si je n'étais qu'un vulgaire paquet et m'a porté jusqu'en haut, à l'étage. Il a recouvert ma peau d'une épaisse pâte orange, qu'il gardait dans un des tiroirs dans un pot en verre. Cela a un peu atténué ma douleur alors j'ai essuyé mes larmes du mieux que j'ai pu avec ma manche.
- Si ça ne va pas mieux, je te donnerais du Philtre Calmant. Ça va aller."
Je me suis laissé porter jusqu'à mon lit, j'étais en état de choc. J'ai plongé dans un sommeil sans rêve et au milieu de la nuit, je me suis levé sans faire de bruit, j'ai marché doucement jusqu'à la salle de bain. Le carrelage brillait sous mes pas et le miroir m'a renvoyé une image nouvelle de moi-même : c'était bien le même garçon, au teint rosé et aux cheveux châtains et clairs mais du front jusqu'au nez descendait une large cicatrice rougeâtre. J'ai demandé à mon père quand elle finirait par s'estomper. Il n'a pas osé croiser mon regard et il a repris une gorgée de Whisky Pur Feu avant de me répondre :
"Je suis désolé, Rémus mais je ne crains que tu ne sois obligé de t'y faire."
Comme mon père ne me regardait toujours pas, j'ai balayé notre cuisine miteuse du regard. Je ne l'avais jamais trouvée aussi miteuse, aussi laide qu'aujourd'hui. C'était vrai que les finances n'allaient pas fort en ce moment, peut-être même que nous aurions des difficultés pour acheter les fournitures nécessaires à mes études.
Des fois j'en voulais à mes parents de n'être pas plus riches, de n'avoir pas fait de meilleures études, j'aurais aimé qu'ils puissent me payer à moi aussi de beaux habits, de belles vacances. Mon père a dû lire la tristesse qui m'envahissait alors il m'a pris dans les bras : "Ta mère va bientôt rentrer, tu sais." Puis il m'a ébouriffé la tête et il a ajouté sa phrase préférée : "Ça va aller, tu vas voir."
Et ça a été, en effet mais pas grâce à lui.
Je n'ai appris que beaucoup plus tard ce qui avait poussé Fenrir Greyback à s'introduire chez nous. Apparemment, il avait été question d'un conflit entre mon père et lui, des insultes avaient fusé, visant la communauté des loups-garous. On ne pense pas toujours ce que l'on dit mais comment mon père aurait-il pu savoir que cela retomberait un jour sur son propre fils ?
Les blessures ont eu le temps de cicatriser, le temps m'a aidé à effacer, aussi. Mais cette morsure m'avait changé. Mes parents guettaient le moindre signe de ma part, eux aussi étaient différents. Plus protecteurs que jamais pour moi, tellement que cela finissait par m'étouffer.
Ils m'avaient donné quelques règles simples. Si je les respectais, je survivrais et personne ne découvrirait mon secret. C'est en partie pour cela que nous changions sans cesse de ville. Dès que quelqu'un (qui que ce soit) commençait à avoir des soupçons, nous quittions tout. A cause de nos déplacements, de nos départs de plus en plus précipités, mon père ne parvenait jamais à garder de travail et plus grave, il ne parvenait même plus à en trouver.
Je crois que ce qui effrayait mes parents, c'était que j'étais incontrôlable. Tout petit déjà, j'avais manifesté des signes précoces de magie. Jusque là, il était simple de m'arrêter ; un simple verrou et quelques sortilèges silencieux suffisaient à me maitriser. Mais au fur et à mesure que je grandissais, je gagnais davantage de puissance. A l'âge de dix ans, je défonçais les portes et je brisais les fenêtre lorsque j'étais, comme je disais, dans mes "mauvaises phases", c'est-à-dire dans mon état de loup-garou. Ma mère préférait me garder en sécurité à la maison, croyant que je représentais une menace terrible pour moi-même et les autres.

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Les Maraudeurs
Fanfictionles années à Poudlard de James Potter, Sirius Black et Remus Lupin, les Maraudeurs. fan fiction écrite en collaboration avec ptrhd un chapitre par semaine