"Que sommes-nous réellement ? Certains nous admirent sans connaître notre existence, d'autres nous haïssent et encore d'autres ne font que passer leur chemin en feignant nous ignorer. La cruauté se plait à vivre en nous, aussi bien qu'une odeur pourrissante de mort et d'indifférence face aux douleurs infligées par nos actions et nos paroles. Nous avons une puissance, la puissance du mal : mais qui sait distinguer le bien du mal ? Ce serait mensonge que de prétendre que quelqu'un le peut. Nous ne sommes donc peut-être pas si méchant, tout dépend du point de vue. Le plus incroyable avec nous ? Nous sommes des créatures de l'incroyable, le fait que nous existions est déjà extraordinaire ! La folie, les peurs, et la monstruosité humaines nous ont créés. Vous êtes nos créateurs !"
Des frissons parcoururent le dos de l'homme qui lisait ces derniers mots avec terreur. Il tenait dans sa main un petit feuillet, tout juste imprimé, dans lequel contenait la totalité des agissements d'une personne dont il ignorait presque tout. Cette citation effrayante, de quelques lignes, était le plus récent écrit d'une jeune femme. Il avait fait suivre cette inconnue par son meilleur agent suite à la demande de ses puissants employeurs. Pourquoi ? Il ne savait pas, elle ne faisait rien de mal mis à part écrire des histoires d'horreurs et voyager sans arrêt. Cependant, au fur et à mesure que l'équipe l'avait étudiée, elle s'était rendu compte que cette écrivaine n'avait aucune histoire et jamais son nom n'avait été identifié. Pour cause, elle ne possédait ni carte d'identité, ni portable, ni rien d'autre permettant de révéler quoi que ce soit de sa vie. Le plus étrange était qu'elle avait quand-même réussit à vivre sans rien et arrivait aussi à poster tous les textes qu'elle voulait sur internet.
Mais ce n'était pas ce qui terrifiait le pauvre homme chez cette inconnue, non. C'était plutôt qu'il avait finit par croire à ses histoires, au plus grand étonnement de l'équipe de ce directeur difficile à convaincre. Il n'avait pas voulu révéler la véritable raison de cette soudaine "croyance" à ses collègues, de peur qu'eux aussi y croient, c'était dangereux pour le travail qu'ils occupaient. Mais il y avait dans les récits de cette écrivaine une telle foi, une telle sincérité... Lorsqu'on lisait ses textes, on ne pouvait qu'y croire. Il semblait même que l'auteure aimer ses monstres : Encore fusse-t-il que ce soit "ses" créatures, l'homme en doutait terriblement. "Terriblement" était le mot juste car si de telles abominations existaient réellement, ce serait une catastrophe...
Ce grand dirigeant était pourtant bien petit face aux monstres qui le faisait trembler dans son bureau, lorsqu'il était seul. A ce moment, il était dans ce bureau là, où il tremblait encore; les coudes sur la table; la tête cachée entre ses mains. Il avait affronté bien des choses, aucune poule mouillée, aucun dégonflé n'aurait pu se retrouver à sa place. Les meilleurs militaires des plus grandes unités, vifs d'esprits et intelligents, ayant tout fait et tout vu, rêvaient d'être au même niveau que cet homme. Et maintenant il avait peur. Heureusement que le monde ne sait pas, se disait-il, mieux vaut pour lui...
L'homme sursauta lorsque son téléphone sonna. Il cessa de réfléchir au sujet qui l'effrayait tant pour qu'on ne puisse pas percevoir la terreur dans sa voix. En décrochant, il prit une intonation grave et sérieuse pour parler à son agent. Celui qui était censé suivre les traces de la jeune femme, c'était aussi le seul agent à posséder le numéro de ce téléphone acheté exprès pour l'occasion. Il y en avait de nombreux autres dans le tiroir du directeur.
"Quelles sont les nouvelles depuis une semaine ? demanda-t-il sans détour.
- Elle s'est enfoncée dans une forêt où tout semble se perdre. Je l'ai suivie en laissant de quoi me repérer pour sortir de là, mais je l'ai perdue très rapidement : il m'était impossible d'être discret en la suivant. J'ai avancé un peu sans savoir où j'allais. Je ne l'ai retrouvé qu'au soir même mais quelqu'un ou quelque chose l'a assommée et l'a emmené loin. Dans le noir je n'ai pas pu voir grand chose, mais j'ai vu qu'il restait une traînée de sang sur le sol donc au lieu de la pister, j'ai préféré ressortir de la forêt et pouvoir enfin vous contacter. J'attends vos ordres pour y retourner, il est très facile de suivre la piste que j'ai laissé."
Le directeur réfléchit quelques instants, c'était le signal qu'ils attendaient tous pour agir. Si trop de temps passait avant qu'il n'envoie les troupes, tout pouvait mal se dérouler. Regardant sa montre digital il se crispa, 8 heures du matin, très tard déjà. Il aurait voulu faire quoi que ce soit maintenant, mais le conseil devait d'abord leur donner la permission... Il souffla, c'était le conseil qui avait tout organisé ; qui les dirigeait ; qui les payait ; mais aussi c'était lui qui avait dit quel était le signal : en quelques sortes il avait donné l'autorisation d'agir. Cet ancien militaire détestait avoir à détourner un ordre, or, la situation l'exigeait. Il fallait à tout prix que la jeune femme reste en vie et apparemment, son agresseur ne lui souhaitait rien de bon. Il prit sur lui et répondit à son agent avec un grognement.
"Je vous envoie l'unité la plus proche de vous. Donnez-moi vos cordonnés et préparez vous à vous battre. Vous utiliserez les armes "peu conventionnelles" si vous voyez ce que je veux dire... Faites au plus vite et attaquez directement. Bonne chance !
- Merci directeur."
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Les Entrailles de la Peur
General FictionAvez-vous déjà rêvé d'un monde avec des monstres horribles qui ne souhaitent que détruire, torturer ou tuer ? Ces créatures existent vraiment, vivent et font mourir, et je suis l'une des personnes à raconter leurs crimes et la peur qu'elles provoque...