Chapitre 3 : Folie

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Dans un monde flou et sombre, où tout semblait dégouliner lentement comme une peinture trop liquide, une âme solitaire était stupéfaite de ce qu'elle voyait. L'endroit était fantastique et lugubre, se rapetissant au fur et à mesure que le temps passait. Alors que des entailles rouges s'ouvraient sur le sol gris et mouvant, l'âme s'enfonçait dans ce décor monstrueux. Elle était transparente et une petite lueur, dont les couleurs changeaient sans arrêt, naissait en son sein. Soudainement, une des fissures s'élargit dans un craquement sinistre, et un liquide qui ressemblait à du sang jaillit de celle-ci, expulsant un homme qui plana mystérieusement jusqu'à la petite boule de lumière clignotante. Il avait des cheveux grenats et des yeux pétillants blancs. Son corps était une ombre aux dimensions imposantes flottant dans les airs. Une fente jaune se dessina sur sa tête, à l'endroit où se trouvait habituellement une bouche.

" La forêt mourante a laissé passer plus d'un être, en posant le premier pied dans celle-ci, tu as condamné le passé ; le présent et l'avenir. Mais pour te sauver, il te faudra courir et aveugler l'œil vigilant de la mort. "

L'âme ne comprenait pas ce qu'il disait, cependant elle imprima ces derniers mots au fond d'elle-même, pensant qu'ils lui serviraient. Elle s'apprêtait à répondre lorsque l'homme la coupa en hurlant presque.

" Maintenant cours ! "

Son bras se leva à une vitesse impressionnante pour saisir la lumière de vie qui ne fit rien pour s'écarter.

 Tout devint noir. 

Un mal de crâne horrible réveilla la jeune femme. Quel étrange rêve elle venait de faire ! Par réflexe, elle tenta de prendre sa tête dans ses mains, mais celles-ci se trouvaient attachées derrière son dos. Elle-même était fermement ficelée des pieds à la poitrine à une chaise en bois foncé. Cette dernière se trouvait au milieu d'une immense pièce au sol marbré. La pauvre prisonnière s'efforça de tourner le cou pour observer son environnement, malgré le fait que ses yeux voyaient flou suite à son réveil brusque. Deux grandes portes se trouvaient d'un côté de la salle, devant la malheureuse, et une cheminé, d'où s'échappait un crépitement de flamme, était à l'autre extrémité. Il n'y avait aucune fenêtre, le foyer de feu illuminait à lui seul l'endroit, bien qu'il fasse encore un peu sombre. Lorsque la femme put enfin voir correctement, elle remarqua que le mur possédait une fresque qui faisait tout le tour du lieu. Cette incroyable peinture semblait raconter une histoire qui commençait à la droite des doubles portes. Cependant, la brune s'en désintéressa pour plutôt regarder le seul autre meuble de la pièce ; une table. Elle était à quelques mètres d'elle, si peu. L'objet de ses convoitises se trouvait dessus. Son précieux chapeau, qui rappelait à s'y méprendre celui des magiciens. Il y avait aussi, posé à côté, le couteau qui était habituellement dans la doublure de son gilet. Sans quitter des yeux son couvre-chef, elle essaya désespérément de déplacer sa chaise en la faisant sautiller sur place. Ça faisait un bruit effroyable, mais pas aussi effroyable que lorsque la chaise s'éclata sur le sol avec sa propriétaire dessus. Un peu étourdie, elle se releva péniblement en se libérant des liens, seul ses poignets étaient encore attachées dans son dos. C'est avec difficulté qu'elle prit le couteau et coupa la dernière corde, la jetant sur les débris de chaise. Les mains enfin libres, elle posa délicatement le chapeau sur sa tête, cachant une plaie récente de la veille qui avait laissé du sang séché sur ses longs cheveux. Elle épousseta son beau costume, constitué d'une chemise blanche ; d'un gilet noir et d'un pantalon de jais. 

Le bruit avait attiré l'attention de ceux qui vivaient ici, et des pas précipités résonnèrent de l'autre côté des portes. Ils se rapprochaient de plus en plus tandis que la femme tentait de trouver une cachette : effort inutile, il n'y avait presque rien dans cette salle. Cependant, quelque chose retenu son regard, la stoppant dans ses veines agitations ; une des illustrations était si bien dessiné qu'il semblait la regarder. Cette peinture représentait un être squelettique tenant d'une des mains une faux, de l'autre un sablier. Il portait, comme vêtement, une cape noire qui recouvrait tout son corps jusqu'à sa tête avec une capuche. Ses deux trous béants à la place des yeux donnaient l'impression qu'il voyait à travers elle. Pourtant, une des cavités brillait comme une flamme, comme un reflet...

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 30, 2017 ⏰

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Les Entrailles de la PeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant