Four

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C'est strident.
J'ouvre les yeux en grognant. Ils atterrissent d'abord sur les chiffres rouges et strictes de l'horloge digitale, 3:57.
Je me redresse, cherchant d'où peut bien venir le bruit, avant de mettre la main sur mon téléphone. Un appel.
Je ne prends pas le temps de regarder qui c'est, et décline. Mais, au moment où je repose l'appareil sur la table de nuit, la sonnerie reprend. Je soupire, et, bien décidé à me débarrasser de ce tapageur nocturne, décroche.

« Oui ? C'est qui ? »

C'est sec, et ça se traduit clairement par un refus de conversation. Enfin, jusqu'à ce que la voix raisonne.

« Nathan ? »

Putain.

« Ah. »

Je n'ai pas pu retenir ma surprise. Je reprends, hésitant entre poser des questions et raccrocher.
« Qu'est-ce que tu veux, Bryan ? »

Et c'est drôle de se dire qu'à une époque, la réponse avait toujours été 'toi'.

« Juste... Parler. »

« À 4h du matin ? Sérieusement ? »

« T'as toujours moins de barrières la nuit. Quand t'es fatigué. Et tout. »

C'est pas faux. La plupart de mes secrets sont confiés quand le jour est mort.

« Ouais, mais je dormais. Et j'aimerais beaucoup me recoucher. Je te laisse deux minutes, pour parler. »

« Ok. J'avais besoin d'entendre ta voix. »

Mon sourire ironique devient narquois.

« Pardon ? Retourne te coucher tu racontes n'importe quoi. »

« Je sais qu'on se remettra sûrement jamais ensemble -putain ce que je me sens mal de t'appeler, j'ai une copine.
Mais j'ai besoin de te faire comprendre à quel point t'as été important dans ma vie. Écoute moi s'il te plaît. Laisse moi tourner la page.
T'as été mon premier amour, Nathan. Je t'ai aimé comme j'ai jamais aimé. J'aurais tout fait pour toi, mais vraiment tout. Toi et tes sourires là. »

J'ai envie de l'arrêter. Je veux qu'il se stoppe. Je veux qu'il arrête.

Mais c'est tellement plaisant de l'entendre dire ça. Je sais que c'est plus un pansement qu'on arrache qu'une plaie qu'on soigne, ce genre de déclaration, mais je crois que j'ai besoin de l'entendre.

« Bref. »

Il marque une pause. Continue.

« T'as été une part de ma vie plus qu'importante. Ça me tue de dire que je vais bien, alors que t'as été mon tout. C'que tu veux. J'ai pas l'habitude d'être niais comme ça mais il est quatre heure du matin. Et je me sens seul. Constamment. »

« Bryan, je- »

« Non. Ne dis rien. Je n'attends rien, je ne veux plus rien. Juste ta présence. Juste pour ce soir. Et plus jamais après. D'accord ? Tu peux m'accorder ça ? Et puis je te laisse tranquille.»

Et j'aurais pu accorder tellement de choses encore.

« Oui. »

« Merci. Merci tellement. »

Et je l'ai senti sombrer entre mes bras de Morphée, alors que mon cœur se remettait doucement de ses émotions.

Gone. [Briller/Nayan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant