Chapitre 2 : Mel Brawn

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Le néant. "Ha... zel... Hazel. Pour... quoi" gémit une voix dégoulinante. À mes pieds était étendu un cadavre. Il tendit un bras écorché en essayant d'attraper ma jambe.

Je me réveillai en sursaut en plein milieu de la nuit. Après avoir repris mon souffle, je baillai en me frottant les yeux pour m'aider à reprendre mes esprits. Je ne vis rien autour de moi pendant quelques secondes, puis je commençai à discerner le reste de feu de la veille qui éclairait faiblement l'obscurité. Le sol gelé craqua sous mes pieds quand je me levai et me dirigeai vers mon sac. Ma gorge était sèche et j'eus du mal à avaler une gorgée d'eau. Puis je remis ma cape noire pour atténuer le froid de la nuit. Je rejoignis Heimdall qui était posté à quelques mètres, adossé à un arbre. La lame de son couteau brilla comme il la manipulait pour l'affûter. Même si j'avais veillé à ne faire aucun bruit, je savais qu'il m'avait entendu et qu'il m'avait même vu. Heimdall était un Change-peau. Autrement dit, un homme qui se transforme en loup. Grâce à ce pouvoir, même sous forme humaine il possédait des caractéristiques animales; il pouvait entendre à près de 5 kilomètres, sentir une proie jusqu'à 2 kilomètres et discernait dans l'obscurité presque comme en plein jour.
Je m'arrêtai à un mètre de lui en observant sa lame absolument magnifique. Elle était d'un argent brillant, légèrement parme. Sur la garde gris foncé était incrustée une Améthyste taillée en ovale lisse. Au bout d'une minute il s'adressa à moi.

- Tu ne dors pas ? me demanda-t-il doucement en continuant d'affuter son couteau.

- Je n'y arrive pas. Ma voix s'était fêlée sur ces quelques mots, ce qui m'arracha une grimace. Le froid de la nuit m'engourdissait les membres.

Il arrêta son occupation et me regarda droit dans les yeux. Le regard affectueux qu'il posait sur moi n'avait pas changé depuis que nous nous connaissions. Ses yeux citrine me percèrent et je sentis son regard jusque dans mon âme. Je savais qu'il pouvait me sonder de l'intérieur et je tressaillis en y pensant. Pour lui, j'étais comme un livre ouvert.

- Toujours ce même cauchemar ? me demanda-t-il avec une voix profonde.

J'ouvris la bouche pour répondre, mais aucun mot n'en sorti, puis je baissais les yeux sur mes mains froissées par le froid nocturne. Je me contentai d'acquiescer de la tête en sentant des larmes me brûler les yeux. Je les retins, mais avec difficulté. Je ne voulais pas que Heimdall me voit dans cet état. Je trouvais cela pitoyable. Je remarquai que tout mon corps tremblait. Comment pouvais-je espérer devenir plus forte alors qu'un simple cauchemar me mettait dans un tel état ? C'est pitoyable.

Il rangea son couteau dans sa ceinture et s'avança puis me pris doucement dans ses bras. La tête toujours baissée j'appuyais mon front contre son torse, et malgré les épaisseurs de tissu je sentis sa chaleur corporelle me réchauffer. Avant que mes larmes débordent je fermai les yeux le plus fort que je pus. Puis mes tremblements cessèrent.
En cet instant, dans ses bras, je me sentais en parfaite sécurité. Heimdall avait toujours été là lorsque j'en avais eu besoin. Même si nous n'avions pas de lien de sang, je l'avais toujours considéré comme le frère que j'ai perdu, comme ma seule famille restante.

Après que Heimdall soit allé se reposer, je décidai de grimper à l'un des arbres qui nous entouraient. Il était si grand que je cru jamais n'en voir le bout. Puis je finis par arriver à la cime. Lorsque j'aperçu le paysage, illuminé par la lune brillante, j'en fus bouche bée. La forêt s'arrêtait quelque centaines de mètres plus loin.
Derrière cette forêt s'étalait un grand espace verdoyant, traversé par une rivière. Quelques collines étaient surplombées de gros rochers, et d'autres, de champs de fleurs. Au loin on distinguait des amas de lumière qui indiquaient la présence de villes animées. Après avoir admiré le paysage, je levai les yeux vers le ciel. Ce ciel étoilé me fit penser à la fourrure de Heimdall.
Des souvenirs de notre enfance me revinrent en mémoire. Nous jouions souvent à nous battre l'un contre l'autre, comme de vrais sauvageons. D'ailleurs, c'était souvent lui qui gagnait. Puis je commençais à pleurer et Helyn venait nous gronder. Mais ensuite elle nous montrait comment mieux se battre. Quand j'y repense on était vraiment immature, mais au moins on était heureux. Tous les trois...
Helyn ...

Les Doyens : La Vengeance des FlammesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant