ENFIN !!! Mia poussa un long soupir de soulagement lorsque le taxi s'arrêta devant l'entrée imposante en dorures de l'hôtel. Un valet vint immédiatement lui ouvrir la porte, et décharger ses bagages du coffre de la voiture. Un luxe auquel elle ne se faisait toujours pas. Elle le remercia avec un grand sourire et ils se redirigèrent tous les deux vers l'espace d'accueil. Une blonde filiforme, chignon sévère et rouge à lèvre rosé, lui adressa un sourire poli et déclara :
- " Nous sommes ravis de vous compter parmi nous à nouveau Mademoiselle Delage. Je vous ai réservé la même chambre que la dernière fois, la chambre 622.
- Merci beaucoup, c'est parfait ! répondit Mia. J'imagine, en revanche, que je suis un peu à l'avance. La chambre n'est toujours pas prête, c'est ça ?
- C'est bien cela, mais ne vous inquiétez pas, il y en a pour une petite heure, c'est tout. En attendant, peut-être seriez-vous intéressée par l'espace Spa, nous avons reçu la nouvelle collection de soins à l'huile de figues de Barbarie. Samuel se chargera de vos bagages...
- Non merci, coupa Mia, un peu dépitée après ces dix heures de vol. Je vais aller au restaurant, en profiter pour manger quelque chose. En revanche, je veux bien que vous me bookiez deux heures de massage thailandais et réflexologie plantaire vers 15h, s'il vous plaît.
- Très bien, je note tout cela. A tout à l'heure Mademoiselle Delage, je vous souhaite un très bon séjour parmi nous.
Mia esquissa un sourire en guise de réponse. Elle s'empara de son sac et se dirigea vers la terrasse du restaurant. Les derniers retardataires se hâtaient au buffet, à l'intérieur. Elle commanda plutôt un Coca Cola ainsi qu'un club sandwich, retira sa veste et dénoua ses cheveux. Encore deux jours à Paris, puis ce sera reparti pour une semaine à New York. Ce qui semblait être le job de rêve commençait maintenant à tourner au cauchemar, après un an de vadrouille autour du monde...ou plutôt, autour d'aéroport et hôtels de la même chaîne.
A vingt-huit ans, Mia pouvait être très fière d'elle, elle avait décroché le poste de Directrice Marketing au sein de Carlson & Powers, une des plus grandes agences de communication dans le monde. A vingt-deux ans, elle décrochait un MBA en Marketing & Communication au sein de la plus grande école de commerce Française. Puis, elle avait lutté de façon acharnée pour décrocher un entretien au sein de C&P, préparant chacun des cinq entretiens restants comme si sa vie en dépendait. Elle était sortie victorieuse parmi 235 candidats. Son acharnement, sa rigueur et son ambition ont fini par très vite payer, car elle fut promue dès sa deuxième année, plus chaque année qui suivit. Au bout de six années de dure labeur, elle fut la promue au poste de Directrice Marketing, devenant ainsi la première recrue de moins de trente ans a accéder à un poste aussi stratégique. Elle savait aussi que sa nomination était due au fait que la multinationale cherchait à rajeunir son image, à travers une jeune femme experte du digital, dynamique et surtout célibataire, donc prête à supporter les multiples voyages partout dans le monde. Elle qui rêvait de sortir de la France lorsqu'elle avait douze ans, pouvait compter déjà trente-deux pays différents visités lors de l'année passée. Mais à quel prix ?
Le son du décapsuleur la tira de ses pensées, et son ventre poussa un petit gargouillement à la vue de l'appétissant club sandwich. Le serveur lui servit son eau gazeuse, alors qu'elle plongeait sa fourchette et son couteau dans le pain à la fois moelleux et croustillant, faisant dégouliner une mayonnaise appétissante sur les côtés. Elle avala son repas en quelques bouchées, et commanda un fraisier pour le dessert. Certes, c'était tout sauf "healthy" mais elle l'avait mérité. Elle avait réussi à décrocher un nouveau contrat avec une marque de spiritueux après plusieurs mois d'âpres négociations et allers-retours entre Paris et New York. Là, elle pouvait enfin souffler. Deux jours, certes, mais c'est déjà cela. Elle ne rêvait que d'une seule chose : retrouver son appartement, son lit et son canapé moelleux. Mais malheureusement, comme elle n'y était presque jamais, elle l'avait loué pour quelques mois encore à sa cousine Lola. Elle devait alors se contenter du lit King Size de sa chambre d'hôtel...Quelle capricieuse ! Elle devait s'estimer heureuse d'avoir accès à un tel luxe...Mais elle n'y arrivait plus. Sur le papier, oui, Mia menait une vie de rêve. Mais en réalité, sa vie n'était rythmée que par son travail. Elle avait réduit au maximum le temps consacré à sa famille et ses amis. Ne parlons même pas de sa vie amoureuse, totalement inexistante depuis neuf mois...depuis la rupture avec Matt, son ex. C'est d'ailleurs ce foutu job qui avait eu raison des quatre belles années qu'ils avaient passé ensemble...
Mia secoua légèrement la tête pour faire fuir toutes ces pensées négatives. Elle avait quelques jours pour se ressourcer et retrouver l'énergie pour repartir. Elle prit son téléphone et envoya un SMS à sa mère : "BIEN ARRIVEE, JE FILE DORMIR ET TE RAPPELLE DEMAIN POUR QU'ON SE VOIT. BISOUS MAMAN JE T'AIME". Puis, elle envoya le même SMS à Lola. Elle consulta sa montre, quarante minutes étaient passées. Le temps d'une cigarette et la chambre serait sûrement prête. Elle sortit son paquet de Vogue mentholées et chercha un briquet dans son sac.
Oh non ! Pas de briquet à l'horizon, et une forte envie de fumer. Elle regarda autour d'elle quand son regard croisa celui d'un homme assis à l'opposé, sur la terrasse. "Il me semble déjà l'avoir vu quelque part, lui" se dit-elle. Il avait des cheveux châtains, assez longs et dont une mèche lui retombait sur le visage. Il était vêtu d'un polo vert, d'un short bleu marine et d'espadrilles. "Pas mal du tout" se dit Mia, "en plus, youpi ! Il a un paquet de clopes donc sûrement un briquet". Elle se dirigea vers lui et alors qu'elle s'apprêtait à lui demander son briquet, le téléphone de l'homme sonna et il répondit, faisant signe à Mia d'attendre. Il était très charmant. elle n'arrivait pas à se décider. Il s'arrêta un instant et demanda :
- Oui mademoiselle ?
- Euh, je, je voulais juste le briquet.
PUNAISE ! Quel regard ! Des longs cils qui entouraient de beaux yeux oscillant entre le vert et le noisette. Et quel visage parfait ! Sentant le rose lui monter aux joues, Mia s'empara du briquet, alluma sa cigarette et le reposa aussitôt. L'homme paru hésiter un instant à l'appeler, puis il se replongea dans sa conversation. A peine eut-elle fini sa cigarette qu'il se leva, s'empara de sa veste et rentra dans l'hôtel. Mia le suivit du regard, pensive. Elle le connaissait, elle en était sûre. Ce regard si intense qu'il vous ébranle totalement, elle l'avait déjà vu et ressenti. Elle se leva pour partir à son tour, s'emparant au passage du briquet rose qu'il avait laissé sur la table.
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L' Aube Nous Appartient
ChickLitVingt-huit ans, une carrière exemplaire et une vie passé entre deux avions, voici ce qui pourrait résumer l'existence de Mia. Un quotidien réglé comme du papier à musique et un avenir planifié à la minute près, Mia est celle dont on parle comme l'ex...