Chapitre 6 - Découvertes

1.5K 140 10
                                    

Frank était bouleversé. Ainsi, non seulement il n'était pas le seul, mais en plus ils étaient nombreux. Cela aurait dû lui paraître évident, car les loups vivent en meute. Cependant, sans savoir pourquoi, il s'était plu dans ce statut de Loup solitaire, d'unique au monde.
- Hey, petit gars, lança le balafré. Bouge tes fesses, tout le monde t'attend. Frank, c'est ça ?
- Oui, répondit l'intéressé. Vous êtes qui ? C'est qui, "tout le monde" ?
Frank s'en doutait, mais il voulait avoir la confirmation.
- On est la meute Alpha du pays. On est ta meute. Allez, viens, il caille dehors, le pressa l'homme.
Ils entrèrent dans la friche qui séparait l'entrepôt de la rue, et Frank prit le temps d'examiner le bâtiment plus précisément. L'entrepôt semblait bel et bien abandonné. Les fenêtres situées à la limite entre le toit et le mur étaient soit brisées, soit opaques tant la crasse s'y était déposé. Un grincement le fit sursauter. Il vit le Balafré (c'est ainsi qu'il avait décidé de le nommer, ne connaissant pas son vrai nom) refermer la grille, tout en regardant régulièrement la rue. Elle était toujours déserte.
Le Balafré le dépassa ensuite et entra par une petite porte, invisible de la rue et qui donnait sur une sorte d'antichambre. Puis il en poussa une autre et Frank put contempler la magnificence du lieu. Les cordes, chaînes et plaques suspendues de part et d'autre de la pièce rappelaient les terrains de jeu des enfants. Cependant, il comprit lorsqu'il baissa les yeux que les gens qui se réunissaient là n'avaient rien d'enfantin.
Cinq personnes étaient assises sur des vieux fauteuils en cuir dont l'état laissait à désirer. Deux sièges étaient vacants. Ce qui signifiait qu'ils avaient prévu son arrivée, ou alors que l'un d'entre eux était en vadrouille. Un feu brûlait dans un de ces bidons industriels en métal, qui avait été découpé dans le sens de la longueur. Le tout formait un barbecue improvisé, agrémenté d'une broche sur laquelle tournait un chevreuil. Quel étrange assemblage, se dit Frank.
Ils ont au moins fait un feu. La dernière fois que j'ai cohabité avec un humain, il vivait reclus dans la forêt et mangeait sa viande crue même sous forme humaine, de peur que la fumée alerte les chasseurs. Tu es plutôt bien tombé.
Frank avait encore du mal avec le fait d'entendre des voix. Aussi, il reporta son attention sur les personnes présentes. Deux hommes, un grand et musclé et un petit, discutaient avec animation. Trois femmes étaient également assises. Une fille qui devait avoir son âge, une vraie beauté fatale, souriait d'un air condescendant au petit homme qui gesticulait pour agrémenter ses propos. La deuxième qui lui faisait face était inexpressive, ne parlait pas et ne réagissait pas à la conversation. La troisième lui tournait presque le dos, mais il la reconnut immédiatement. Il sursauta quand le Balafré lança à la cantonade :
- Regardez qui est venu nous trouver !
Les conversations cessèrent, et Impisi lui lança un regard enjoué.
- Bonjour, Frank, dit-elle. Tu n'as pas mis longtemps à nous rejoindre.
- Bonjour, Impisi, répondit-il. Avais-je vraiment le choix ?

Dents-De-LaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant