Un sourire et Des larmes

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J'avoue que j'étais la dernière à savoir que les résultats du bac allait sortir ce jour là...

Les multiples pairs d'yeux qui se posaient sur moi en regard insistant à la recherche d'une quelconque émotion , m'ont fait comprendre que mes parents n'étaient pas les seules à attendre...

On m'a toujours dit, que chaque quartier possède une presse orale, active jour et nuit, qui ne prend jamais de congés. Leurs spécialités? Les calomnies, les déboires, la réussite des différentes personnes du quartier... Mais surtout les échecs des enfants d'autrui.

Nous sommes arrivés ici, il y a de cela cinq ans, et je ne connais toujours que peu de personnes. Ils se résument à Yéro, le vendeur de détails de la boutique, Pa Sengseng de la boulangerie d'en face et Mère Sarata.

Mère Sarata est la première personne à qui j'ai fait la connaissance. C'est une saint-louisienne qui s'est installé à Dakar depuis 40 ans, qui a vécu joyeusement sa jeunesse avant d'épouser l'homme de sa vie. Aujourd'hui veuve, elle vit seule avec son fils et sa belle fille se remémorant chaque jour les beaux moments passés avec son Karim.
La première chose qui m'a attirée chez cette femme, c'est sa gaieté et sa bonne humeur.
Elle ne me posait pas de questions sur ce qui se passait dans ma famille ou entre mes parents et j'appréciais beaucoup cela. Parler du beau temps se transformait rapidement en souvenirs de vacances qu'elle avait passé dans le Sud du pays avec son mari.

La boutique de Yéro était toujours animée. Plein de jeunes, pour la plupart chômeurs et sans emplois, s'asseyait à la devanture. Animant, jacassant, ils aimaient surtout parler des passants, précisément des filles...

Ce jour là, la route jusqu'à la maison fut très très longue pour moi. Je n'en pouvais plus de cette interminable rue. Il fallait que je leur annonce la bonne nouvelle. Depuis que Mohammed est mort, mes parents avaient relayé tout leurs espoirs sur moi. Ils voyaient en moi, la réussite et l'accomplissement de leur rêves. N'étant que de trois ans l'aîné, Mohammed et moi avions toujours été proche. Quand j'ai appris ce jour-là, que je ne le reverrai plus, les choses ne furent plus les mêmes. Redoubler d'efforts et travailler d'arrache-pied pour rendre mes parents fières, étaient devenu ma motivation.

En entrant dans la maison, tout était si calme, à croire qu'il n'y avait personne. Mes mains étaient devenues moites...En poussant légèrement la porte du salon, j'aperçus Youssouf regardant la télé et ma mère sur sa natte de prière égrenant son chapelet. Dès que j'entrai , nos regards se croisèrent. Elle me regarda longuement, cherchant à lire dans mes yeux pour y voir une quelconque émotion. Ne supportant plus de lui faire attendre, je souris en courant pour la serrer dans mes bras. Elle m'embrassa, me serra si fort que je ne pus m'empêcher de pleurer. Youssouf se joignit à nous, j'étais tellement contente, tellement... Entendant les cris de joie de maman, mon père apparu sur le pas de la porte, Il compris aussitôt... Son regard disait tout, son bonheur, sa fierté...

-le jour viendra où toi et ta famille vous vous retrouverez...arrête donc de pleurer.

-excuse moi Avó...

-Querido, je comprends que sa te fasse toujours mal, mais sèche tes larmes...

-avó... J'étais la prunelle de leurs yeux, j'étais tout pour eux. J'ai causé leur perte. Je ne sais même pas, si là, ils ont de quoi mangé. Je suis lâche, j'ai préféré fuir. Cette souffrance est le feu qui me brûle petit à petit... Mes erreurs et mes regrets me hantent.
-querido, tout le monde fait des erreurs, tu es jeune. Je suis sûre que tes parents ne cherchent qu'a te voir, Ils t'ont déjà pardonner.  Rentre chez toi et reprends ta vie là où tu l'as quittée.

Avò ne connais pas les réalités culturelles de mon pays. Cela fait maintenant cinq ans, cinq ans que j'ai quitté le Sénégal. Cinq longues années que j'ai tout laissé derrière moi. A chaque fois que je repense à ma vie d'avant, et à ce que je vis maintenant, je ne peux m'empêcher de sourire et de pleurer face à l'ironie de la vie.

Le destin est une chose étrange...

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Avò: Grand mère en portugais
Querido: chéri en portugais

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Voici Le deuxième chapitre de Mariame, un peu trop sentimental à mon goût, mais je pense que cela va bien au personnage principal...
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Truly yours! Mrs Diallo ❤❤❤

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