Le Nouveau Monde

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Tic Tac !  Tic Tac !  ... Ce bruit... qui ne cesse jamais, qui me tourmente toujours et continue sa torture...7200 secondes déjà, les respirations des uns et des autres, le bourdonnement des moustiques, l'exiguïté de la pièce. J'observe ceux qui sont autour de moi,  tout le monde dors profondément, ils sont si fatigués. J'ai essayé d'en faire autant, mais j'ai tout le poids de son corps sur moi. Pas étonnant, 25m2 pour 10 personnes...Je me lève et lui laisse ma place. Les journées de travail sont longues et laborieuses, et pourtant, on a pas besoin d'un bon lit douillet pour dormir profondément et récupérer.

Dehors,  tout est encore plus calme.  Le silence de la nuit mêlé à la densité de la végétation pèse lourdement. La journée,  tout est pourtant gaie et joyeux... Les enfants cours partout jouant au foot. Les soirées sont aussi mouvementées. D'un côté,  les jeunes garçons s'adonnant à la Capuera,  et de l'autre, les jeunes filles et parfois même les vielles femmes dansent ensemble la Samba. La première chose qui m'a agréablement surprise ici, c'est la gaieté des uns et des autres. Malgré la misère et la pauvreté ambiante,  ce sont des personnes joyeuses,  accueillantes,  qui aiment rire et s'amuser, oublier le temps d'une danse, les problèmes de la vie. Ici tout se règle à l'amiable. On est tous frères et sœurs, sans cette fraternité, comment ferions nous dans ces conditions ? Cela me rappelle parfois mon Sénégal natal, où le "grawoul" règne en maître mot dans les relations humaines. L'erreur est humaine, pardonner permet d'avancer... Et pourtant, j'ai eu parfois l'impression que cette règle ne s'applique qu'au sexe fort...Fort oui ! On ne peut que l'être avec tout ces avantages...En grandissant, je me suis rendu compte d'une chose, la société pardonne tout aux hommes tandis que la femme est toujours coupable. 

Le soleil va bientôt se lever, je dois me préparer... Mais avant, il faut que j'emmène Ahmed chez Avo. 

-Ahmed Ahmed...

Il est  presque impossible de le réveiller à cette heure...Il a passé sa journée à courir et à jouer avec les autres enfants. Sans Avo, je ne sais pas ce que je ferai...le garder et travailler en même temps... Nous ne sommes que des ouvriers... Je le prends dans mes bras en direction de la maison d'Avo. Ahmed grandit, il m'est de plus en plus difficile de le porter...ce n'est plus le bébé que je gardais dans mes bras pendant des heures. Celui qui est devenu aventurier en étant nourrisson... En ramenant ses bras autour de mon cou, il me rappelle le lien fort qui nous lient. Ma vie a complètement changé certes, mais je ne regrette rien. 

 Avant j'avais horreur du mariage, des bébés...Ma relation avec ces petits êtres se limitaient au strict minimum. Je n'aimais pas les prendre dans mes bras et les entendre pleurer étaient une véritable torture. Je plaignais mes cousines qui étaient maintenant mamans et qui avaient à changer des couches à longueur de journée. Mais maintenant, je sais. Je sais ce que ce regard nous fait...Dieu sait ce qu'il a établit entre une mère et son enfant, car c'est un amour pure et inconditionnel ...C'est aimer son enfant au point de tout laisser tomber, pour lui permettre de vivre et d'avoir la possibilité d'écrire sa propre histoire. 

-Toc Toc! Avo, c'est moi, je t'ammène Ahmed.

-Entre, couche le là.

Je le mis à côté d'elle et en signe de tête, je partit en direction de l'usine. Il est déjà cinq heures du matin et assez tard pour mes une heure de marche habituel.

Le soleil s'est levé depuis une demi heure, et là on peut nettement voir que je ne suis pas la seule à marcher sur cette route délabré que mes compagnons de malheurs appellent lascivement " la route du monde déchu".
Un quart d'heure plus tard, me voilà devant la fabrique. Les usages de routine nous font perdre une dizaine de minutes avant d'entrer.
Ma journée vient de commencer, armée de mon bidon de 3 litres, je prend ma place. Ces gestes sont devenus mécaniques, automatiques, mes mains sont maintenant apprivoisées et conditionnées pour réussir ce travail. Les douleurs dorsales que je ressentaient au début sont toujours là, mais j'ai appris à les oublier. 

La journée passe, j'ai effectuée mes 13h. Je peux maintenant comme tout les autres aller récupérer mon butin.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 20, 2018 ⏰

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